Accepter la mort... Comment y arriver ?

Accepter la mort... Comment y arriver ?

Dernière mise à jour : 27 juin, 2017

Aussi paradoxal cela puisse paraître, il est très difficile pour nous d’accepter le fait pourtant le plus certain de la vie : la mort. Nous allons tou-te-s mourir, et c’est une vérité absolue. Personne n’échappe à ce destin, mais malgré tout, on passe une bonne partie de notre vie à essayer de l’ignorer ou d’y échapper. Certaines personnes vont même jusqu’à éluder les pensées ou les conversations liées à la mort.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Dans l’Egypte Ancienne, par exemple, la mort était un thème quotidien. Les pharaons et les notables, de même que les esclaves, consacraient une bonne partie de leur vie à préparer la mort. Généralement, les hommes de pouvoir concevaient leur tombe avec suffisamment d’avance et suffisamment de luxe. Iels ne croyaient pas que la vie finirait avec la mort physique.


“Dormez en pensant à la mort, et levez-vous en pensant que la vie est courte.”

– Proverbe –


Ainsi, dans la Rome Ancienne, les romains avaient une habitude très parlante ; quant les grands généraux remportaient une victoire militaire, ils entraient dans la ville au milieu d’un chemin d’honneur. Ils étaient victorieux pour tou-te-s. Cependant, derrière eux, il y avait un esclave qui devait répéter la phrase “Memento mori”. Cela veut dire : “N’oublie pas que tu vas mourir”. Le but n’était pas de gâcher le moment, mais de rappeler qu’aucun triomphe n’est assez grand pour être de-delà de la mort.

La mort comme désir et comme finalité

Le Moyen-Age a été l’époque de l’obscurantisme religieux, du moins en Occident. Le monde était vu comme la création de Dieu, et tout ce qui arrivait avait un sens dans la logique divine. La mort était le passage qui permettait une rencontre avec les Dieux et les Déesses. La vie physique était seulement une sorte de prélude pour cette existence définitive.

Un des écrits les plus représentatifs de l’époque est le poème “Vivo sin vivir en mi” (Je vis sans vivre en moi, en français) de Teresa de Avila. La première strophe, traduite en français, dit : “Je vis sans vivre en moi,/et de telle manière j’attends,/de mourir sans mourir”. Cela reflète une idée de la mort comme désir. Cependant, persiste l’impossibilité de croire qu’il y a une fin pour la vie humaine.

Quoi qu’il en soit, ce qui est certain, c’est que la mort était une réalité qui s’assumait pleinement. Elle était acceptée comme un fait duquel il était nécessaire de parler et d’avoir bien à l’esprit. Un fait auquel on octroyait une explication symbolique et auquel l’être humain devait se préparer.

La mort et la modernité

La science a été la porteuse de grandes tromperies pour l’imagination, de même qu’elle a également mis au jour des vérités auxquelles beaucoup résistent encore aujourd’hui. La modernité apporte avec elle un nouveau fleurissement de la science. Leonardo Da Vinci, qui a vécu à la lueur de cette époque, a été le premier à oser faire des autopsies. Avec cela, il a commencé à fendre le halo sacré qui gravitait au-dessus de la mort.

Les grands médecins et scientifiques ont alors entrepris une lutte frontale contre la mort. Le sujet est devenu une affaire de la science. Ainsi, un des buts découlant de ces nouvelles connaissances était de prolonger la vie, que l’on voyait comme un bien suprême. Il a aussi été révélé que l’être humain était un mammifère évolué et qu’en lui aussi régnaient les lois de la biologie.

Une partie de penseurs de l’époque ont perdu pour la première fois leur foi en Dieu, et avec cela la croyance qu’il puisse y avoir quelque chose au-delà de la vie physique. Des courants de pensée sont apparus et ont exprimé les choses ainsi, mais elles laissaient aussi voir une énorme frustration face à la vie. Le nihilisme et l’existentialisme font partie de ces courants de pensée. Ceux qui ont adhéré à ces manières de pensées ont porté une attitude qui se débattait entre la désillusion et la critique.

Affronter la mort aujourd’hui

La révolution industrielle se traduit par une production en série pour laquelle il ne semble pas avoir de limites. La fin de l’histoire a été proclamée et s’est produit une révolution technologique sans précédents. Pas à pas, on entre dans le monde de l’éphémère, du jetable, des cycles de vie courts.

L’idée de la mort s’est diluée. Elle a commencé à disparaître des inquiétudes de l’homme debout et vivant. Le temps de la réflexion a été presque totalement remplacé par le temps du travail et du rythme des événements, si soutenu qu’il permet à peine de penser à comment organiser l’heure qui suivra. C’est comme si la mort était devenue une surprise catastrophique, qui prend toujours d’assaut la réalité.

Le refus de la mort est tel que beaucoup refusent même de vivre le deuil une fois qu’il se présente. Iels essaient de “sortir de cela” rapidement. De retrouver leurs habitudes comme avant. De retrouver leurs préoccupations de toujours. De feindre que c’est une réalité étrangère ou, en tout cas, lointaine.

Et à quoi cela sert-il de penser à la mort et de l’accepter comme un fait inévitable ? C’est la question que beaucoup se posent. La réponse réside en ces dépressions, cette anxiété ou ces intolérances qui s’installent comme un kyste, sans savoir pourquoi. Peut-être accepter le rien, la mort, représente-il un chemin exceptionnel pour apprendre à vivre la vie. Peut-être s’il y a une plus grande conscience que tout se termine, apparaissent aussi des raisons de fond pour donner du sens au jour d’aujourd’hui, le seul que nous avons.

 

Images de Three Sisters et Eris Carslon


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