“Sex friends” ou amants sans devoirs ?

“Sex friends” ou amants sans devoirs ?

Dernière mise à jour : 26 juin, 2016

Une publicité a récemment circulé sur Internet pour promouvoir un produit insolite : des parfums à base de phéromones.

La publicité indiquait qu’il était efficace à 100 %. “Les femmes en deviendront folles de vous”, disaient-ils, et il y avait ensuite une description “scientifique” détaillée expliquant pourquoi personne ne pourrait résister aux effets puissants de l’arôme magique.

L’idée que l’amour est plus lié à la biochimie qu’au monde du symbolique devient de plus en plus populaire.

Il règne également le principe que le problème basique à résoudre en amour est de parvenir à ce que l’autre tombe sous notre charme, sous l’effet de notre séduction.

De plus, on voit naître un certain fantasme de “faire succomber” grâce à nos charmes non pas un, mais plusieurs membres du sexe opposé.

Actuellement, on dirait qu’un désir contradictoire naît autour de l’amour : à la fois enchaîner les aventures pour nourrir notre ego, notre besoin d’expérimenter ou notre solitude, et réserver une place spéciale pour qu’à tout moment, un être extraordinaire, “l’amour de notre vie” vienne l’occuper.

Les amis avec des privilèges temporaires

Dans ce cadre-là, les “sex friends” sont comme une bague à notre doigt. 

Pour ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit, on appelle ainsi les personnes du sexe opposé avec qui on a une relation amicale qui inclut de temps en temps du sexe.

La clé réside dans le fait que tous deux comprennent que même s’ils ont des rapports sexuels, ils restent amis, et que même s’ils sont amis, ils ne doivent pas forcément exclure le sexe de la relation.

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Les accords entre les “sex friends” impliquent des règles implicites que tous deux doivent respecter pour que la “chose” fonctionne.

Entre les “sex friends”, il y a un pacte basique de ne pas “tomber amoureux.

Ni l’un ni l’autre ne veulent s’engager et c’est pour cela que le sexe revêt sa fonction la plus basique : celle de satisfaire un désir purement physique.

Une autre norme que tous deux doivent respecter et dont dépend le fait de “ne pas tomber amoureux” est de ne pas devenir intime et de ne pas intervenir dans la vie de l’autre.

C’est-à-dire que les “privilèges” ont une limite très précise. Ce sont le droit de toucher, en plus de regarder, mais ils n’arrivent pas au point de permettre à “’l’ami” de pouvoir réclamer du temps, de l’attention ou de la compréhension.

La règle en or des “sex friends”, dans tous les cas, c’est celle d’un non catégorique à l’exclusivité.

 Chacun des sex friends peut avoir n’importe quel type de relation avec une autre personne.

En aucun cas on ne doit ressentir de la jalousie ou commencer à questionner le fait que l’autre mette un terme à la relation de façon unilatérale, au moment où il l’aura décidé.

“Sex friends” ou amants sans devoirs ?

À la grande déception des adeptes des “sex friends” et des fabricants de parfums à base de phéromones, le cerveau humain est un organe extrêmement complexe dans lequel il ne peut pas y avoir de dissociation entre le corps et les affects ou les émotions. 

Occuper la pointe de la pyramide dans l’échelle évolutive a ses conséquences. L’une d’elles est l’impossibilité de vivre une réalité et de ne pas la symboliser sur le terrain du subjectif.

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Il n’est pas possible qu’un être humain ait des rapports sexuels avec une autre personne et n’associe pas cette expérience à ce qu’elle est, ce qu’elle a été et ce qu’elle sera.

Il n’est pas non plus possible que l’autre personne de cette relation sexuelle devienne comme un morceau de chair duquel il est facile de se défaire une fois que l’acte est terminé.

Cette autre personne laisse toujours quelque chose. Un écho qui résonne, parfois timidement, et qui parle d’affirmation de soi ou de négation de soi, d’attentes et de fantasmes, de besoins émotionnels et de carences.

L’amitié avec des privilèges semble être en réalité un recours extrême de la peur ou du désespoir. Ou des deux: de la peur de l’amour et des multiples possibilités sous-jacentes de souffrir.

Du désespoir, ou du fait d’avoir renoncé à attendre de la vie un peu plus que des expériences fugaces et non transcendantes.

Ceux qui optent pour ce type de relations sont sous l’influence d’un désir impossible : jouer avec le feu et ne pas se brûler.

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C’est pourquoi les amitiés entre “sex friends” se terminent mal en général, surtout si les personnes concernées ne sont pas de véritables cyniques, mais des gens qui ont peur et qui jouent à n’avoir besoin de rien, ou si l’un d’entre eux voit cela comme une stratégie pour avancer dans la relation “sans faire mine de le vouloir”.

En général, elles ne débouchent sur rien. L’un des deux finit par être blessé, ou les deux voient grandir leur manque de confiance en eux et exigent des efforts névrotiques qui ne font que générer ou augmenter la confusion.


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