Qu'est-ce que la biophilie ?

La biophilie est un concept, mais aussi un principe et une tendance. Il s'agit de la satisfaction que ressentent les êtres humains lorsqu'ils entrent en contact avec d'autres être vivants et avec la nature en général.
Qu'est-ce que la biophilie ?
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 27 février, 2021

La biophilie est la tendance innée des êtres humains à se rapprocher de la nature et à se sentir en phase avec elle. La première personne à avoir utilisé ce terme fut le philosophe et psychanalyste Erich Fromm en 1973. Plus tard, Edward Osborne Wilson publia un livre intitulé Biophilia, qui fut largement diffusé.

D’un point de vue étymologique, la biophilie est un mot composé de deux racines latines : bio qui signifie “vie”, et philios qui correspond à “un penchant naturel, une affection ou une amitié”. Wilson l’a défini comme la capacité de s’émerveiller de la vie autour de nous.

Un aspect important de ce qui a été dit jusqu’à présent est que la biophilie est profondément ancrée en nous. C’est précisément la raison pour laquelle on dit qu’elle est innée. Nous ne parlons pas des écologistes ni des activistes verts, mais d’une tendance à aimer la nature qui naît avec chacun de nous.

“L’échange homme-nature affecte l’intelligence, les émotions, la créativité, le sens esthétique, l’expression verbale et la curiosité.”

-Edward Osborne Wilson-

Une femme en pleine nature.

Biophilie et esprit humain

La théorie de la biophilie, principalement avancée par Edward Wilson, souligne que pendant des millions d’années, l’Homo sapiens a été étroitement lié à la nature. Il a éprouvé un besoin naturel d’être en contact avec d’autres êtres vivants et cela est devenu congénital.

De ce point de vue, entrer en contact avec d’autres êtres vivants est aussi important que de socialiser avec d’autres humains. C’est pourquoi les gens ressent un équilibre et un sentiment de paix lorsqu’ils vont dans une forêt, vont à la mer ou passent du temps avec leurs animaux de compagnie.

Cette tendance serait présente dans les gènes humains. Nous sommes ainsi codés pour être attirés par tout ce qui a de la vie. C’est pourquoi Wilson dit que l’homme ne doit pas être défini seulement comme un “animal social”, mais comme un “animal social et naturel”.

Nature et bien-être

Aux Pays-Bas, une étude a été menée auprès de plus de 300 000 adultes et enfants de ce pays dans le but d’identifier l’impact du contact avec la nature sur la vie quotidienne. Les résultats de la recherche ont été publiés dans la revue Journal of Epidemiology and Community Health.

L’étude a conclu que les personnes qui vivent à proximité des zones vertes ont moins de problèmes d’anxiété et de dépression que celles qui vivent dans des zones où le ciment prévaut. Les preuves montrent un risque plus faible de contracter au moins quinze maladies, dont les problèmes cardiaques, le diabète, les douleurs musculaires, les migraines et l’asthme.

Une autre étude, Health Benefits of Gardens in Hospitals, réalisée par le psychologue Roger Ulrich, montre un autre fait intéressant. Les patients qui ont subi une intervention chirurgicale se rétablissent plus rapidement et ont besoin de moins d’analgésiques s’ils peuvent voir un paysage verdoyant par leur fenêtre.

Cela indique également que l’observation d’une végétation abondante réduit la fréquence cardiaque, la pression artérielle et les altérations du système nerveux sympathique. Le pouvoir de la nature est impressionnant !

Bi-urbanisme et biophilie

De nombreuses grandes villes n’ont rien fait d’autre que voler de l’espace à la nature pour construire de grandes masses de béton, des rues grises et des bâtiments sombres. Dans beaucoup de ces villes, il n’y a guère d’allusion timide à la nature avec de petits espaces verts et des parcs, pas toujours à proximité des sites d’habitation.

Les villes établissent une séparation entre le naturel et l’humain. Le contact avec la nature s’est ainsi réduit à une expérience de consommation touristique dans le meilleur des cas, ne faisant ainsi pas partie de la vie quotidienne. Conscientes de cela, plusieurs villes ont parié  sur un nouveau modèle d’urbanisme dans lequel le naturel est à nouveau le protagoniste.

La ville vedette de ce nouveau modèle est Singapour. Des réseaux ont été construits avec un flux ininterrompu entre les parcs et les espaces verts. De nombreux oiseaux, insectes et autres animaux ont progressivement peuplé ces espaces.

Biophilie et nature.

Cultures et nouveaux paradigmes

La biophilie était essentielle dans les cultures ancestrales. Aujourd’hui elle l’est également dans plusieurs cultures non occidentales. Pour la plupart des peuples autochtones survivants, le contact avec la nature est incontestable. Ils n’ont besoin d’aucune théorie pour garder cet amour de la nature présent et vivant.

Au-delà du conservationnisme ou des vagues vertes, le plus approprié est sans doute de regarder à nouveau en nous-mêmes. Là se trouve cet “animal social et naturel” qui n’est pas tout à fait à l’aise avec cette coupure qui l’empêche d’être en contact fluide avec d’autres êtres vivants. Il est peut-être temps de commencer à changer ce paradigme.


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  • Sánchez Miranda, M. P., Garza González, A. D. L., Contreras Lozano, C., López Ramírez, E. O., & Hedlefs Aguilar, I. (2011). Nuevos enfoques para el estudio cognitivo de la conducta ambiental desde la perspectiva de la biofilia. Ciencia UANL, 14(3), 288-296.


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