Nous ne sommes pas accros aux substances, mais à leurs effets

Nous avons tendance à penser que nous sommes accros aux substances. En réalité, la dépendance à des substances est liée aux effets qu'elles provoquent en nous. 
Nous ne sommes pas accros aux substances, mais à leurs effets
Gema Sánchez Cuevas

Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

L’addiction à certaines substances est un problème qui affecte de plus en plus de personnes. Néanmoins, la dépendance qui dérive de la consommation de drogues n’est pas directement liée à la substance en soi, mais à d’autres processus. Nous vous invitons à découvrir ici pourquoi nous devenons accros à certaines substances, ou plutôt pourquoi nous devenons accros aux effets qu’elles provoquent en nous.

En vue d’apporter quelques éclaircissements sur cette affirmation catégorique, il est important de revenir sur une expérience réalisée sur des rats, laquelle a apporté de nombreuses informations importantes. L’expérience dont nous parlerons ici s’est déroulée dans les années 80. Les résultats ont été très pertinents.

Héroïne, cocaïne et rats

Une femme triste car accro aux substances

L’expérience a consisté à observer le comportement d’un rat isolé dans une cage. Dans cette cage, se trouvaient deux bouteilles : l’une d’elles contenait de l’eau et l’autre de la cocaïne ou bien de l’héroïne diluée dans de l’eau. Quel que fût le rat présent dans la cage, le résultat était à chaque fois le même : le rat devenait accro à l’eau qui contenait de la drogue et finissait par mourir d’une overdose. Ce constat concerne malheureusement de nombreuses personnes accros.

Il est essentiel de mettre l’accent sur ce point : le rat était seul dans la cage. La question qui nous vient alors à l’esprit est la suivante : et s’il y avait d’autres rats autour de lui ? Cette nouvelle interrogation nous amène vers la deuxième étape de cette expérience… Les chercheurs ont fabriqué une cage dans laquelle se trouvait un petit parc pour rats. Dans ce parc, il y avait de la nourriture, des balles colorées et tout le nécessaire pour que les rats puissent s’amuser. Quel a donc été le résultat de cette expérience ?

Le résultat est bien révélateur : nombreux sont les rats qui n’ont pas bu l’eau qui contenait de la drogue, et ceux qui buvaient de cette eau, le faisait avec modération. En somme, lorsque le rat est isolé, il finit par mourir d’une overdose, mais en groupe et dans un environnement riche en divertissements, le rat parvient à limiter sa consommation (s’il consomme de la drogue).

 

Lien entre isolement et dépendance aux substances

Après ces expériences, la conclusion fut claire… Les rats qui se trouvaient isolés et dans un environnement négatif sans stimuli avaient tendance à devenir accro aux substances et, par conséquent, à nuire à leur propre vie n’étant pas capables de modérer leur consommation de drogues. C’est exactement la même chose qui se passe avec les personnes. La dépendance aux substances n’est pas tellement liée à la substance en elle-même mais plutôt à son effet.

Lorsque nous nous éloignons des autres, que ce soit de façon volontaire ou non, notre cerveau commence à produire moins de myéline. Une production moindre de myéline provoque des changements au niveau du comportement cognitif et émotionnel ; ces changements peuvent déboucher sur une dépression ou de l’anxiété. Nous finissons par nous sentir mal. Par ailleurs, il est bon de garder à l’esprit que, de façon générale, nous avons besoin de créer des relations avec les autres, car l’être humain est un être social.

En somme, quelle que soit la raison à l’origine de l’isolement, une personne isolée peut beaucoup plus facilement devenir accro à certaines substances. La raison est la suivante : les drogues augmentent la sécrétion de dopamine, une substance qui génère une sensation de bien-être.

Par ailleurs, les drogues endorment le cerveau : la personne pense moins et s’éloigne de tout ce qui lui fait mal ou l’affecte et parvient, qui plus est, à se désinhiber pendant un moment. Les drogues constituent une forme d’évasion.

Lien entre histoire familiale, consommation de substances et dépendance

Dans le cadre de la relation entre isolement et dépendance aux effets des drogues, il est important de mentionner un aspect important, l’histoire familiale. Lorsque des parents sont accros à des substances ou entretiennent une relation néfaste au point de songer à divorcer, il est possible que leurs enfants se sentent exclus et ignorés.

Comme nous le savons bien, les personnes qui se trouvent dans un tel contexte ont tendance à chercher refuge dans les drogues. C’est le cas lorsque notre environnement n’est en rien cette cage amusante comme celle de l’expérience décrite plus haut ; ce contexte est similaire à celui du rat qui était seul dans sa cage, privé de stimuli extérieurs positifs.

Nombreuses sont les personnes qui, après avoir pris de la cocaïne, de l’héroïne ou toute autre substance, se sentent coupables, car elles s’étaient promis de ne pas tomber à nouveau dans la drogue. Ce qu’elles ignorent, c’est qu’elles ne sont pas accros à la substance en soi, mais à ce qu’elles ressentent lorsqu’elles consomment cette substance. La bonne question à poser est alors la suivante : pourquoi ces personnes souhaitent-elles ressentir d’autres choses ?

Lorsque notre niveau émotionnel est affecté, nous souhaitons ressentir de nouvelles émotions, raison pour laquelle certains se tournent vers les drogues. Si, en plus, il y a dans notre entourage des personnes qui consomment de la drogue parce qu’elles connaissent des difficultés, il est alors fort probable que nous nous retrouvions dans un cercle vicieux duquel il sera difficile de sortir.

En somme…

Une femme sur son téléphone

Si les substances étaient réellement le problème, la dépendance au smartphone ou encore la dépendance aux jeux vidéos n’existeraient pas. La cause à l’origine de la dépendance est notre état d’esprit ; l’objet de notre dépendance nous permet de nous éloigner le temps d’un instant des problèmes que nous devons résoudre.

L’objet de notre dépendance n’est, en réalité, qu’une voie d’échappement, mais le problème persistera tant que nous ne l’affronterons pas.

 


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Contini, E. N., Lacunza, A. B., Medina, S. E., Alvarez, M., González, M., & Coria, V. (2012). Una problemática a resolver: Soledad y aislamiento adolescente. Revista Electrónica de Psicología Iztacala15(1), 127-149.
  • Everitt, B. J., Dickinson, A. y Robbins, T. W. (2001). The
    neuropsychological basis of addictive behaviour. Brain
    Research Review, 36, 129-138 https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0165017301000881
  • Oviedo, R. (2012). Psicología de adicciones. Facultad de Psicología Universidad de Oviedo.(1). Recuperado de: https://www. unioviedo. es/gca/uploads/pdf/Psicologia% 20de% 20las% 20Adicciones2.
  • Souza y Machorro, M. (2006). EditorialImagenología, neurociencias y adicciones. Revista Mexicana de Neurociencia7(4), 278-281.
  • Vicario, M. H., & Romero, A. R. (2005). Consumo de drogas en la adolescencia. Pediatría• Integral, IX2, 137-135.
  • Yucel, M. y Lubman, D. I. (2007). Neurocognitive and
    neuroimaging evidence of behavioural dysregulation in
    human drug addiction: implications for diagnosis, treatment
    and prevention. Drug and Alcohol Review, 26,
    33-39. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1080/09595230601036978

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.