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Lorsque l'amitié nous déçoit

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Lorsque l'amitié nous déçoit
Dernière mise à jour : 01 octobre, 2019
 Les amitiés ont également une date de péremption. Lorsque nous arrivons à cette conclusion, c’est un véritable coup de massue qui s’abat sur nos têtes. Certaines personnes nous déçoivent et nous réalisons que, même si nous nous sentons blessé-e-s et que nous pensons ne jamais pouvoir nous en remettre, l’amitié n’est pas infinie. Petit à petit, nous allons progressivement devenir plus sélectif-ve-s et plus exigeant-e-s dans nos relations choisies.
Aussi étrange que cela puisse paraître, nous faisons la même erreur en amitié qu’en amour : nous avons les ami-e-s que nous pensons mériter. Les choix que nous faisons sont grandement influencés par notre confiance en nous, par notre capacité à mettre des filtres dans notre esprit et à comprendre que les relations interpersonnelles, quelle que soit leur nature, sont des entités dynamiques qui changent et qui mutent au rythme de nos propres identités.

Certaines personnes affirment que “perdre un amour fait mal, perdre une amitié tue à petit feu“. Tout se passe comme si ce lien basé sur la complicité, la camaraderie intime et spontanée, une proximité émotionnelle sans pareil, nous apportait quelque chose de plus important, de plus significatif que nos relations amoureuses.

Il nous faut admettre que les études et les recherches sur l’amitié et ses mécanismes ne sont pas abondantes, notamment lorsqu’on compare avec le nombre impressionnant de travaux effectués sur l’amour. Pour autant, les quelques articles existant sur ce domaine négligé de la psychologie sociale nous disent que perdre une amitié est au moins aussi douloureux que perdre un amour.

L’étude principale au cœur de cette affirmation a été publiée dans la revue Epidemiology and Community Health. Elle affirme que les hommes et les femmes souffrent exactement de la même manière d’une telle perte. Un-e ami-e est, pour la majorité d’entre nous, une personne indispensable à notre quotidien. Un-e ami-e est fondamental pour notre santé, tant d’un point de vue physique qu’émotionnel, ce qui peut paraître surprenant.

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Les amitiés auxquelles nous ne parvenons pas à mettre un terme

Blanca a 40 ans et elle a décidé de mettre un terme à une amitié qui dure depuis des années. De fait, elle ne se souvient pas de sa vie sans elle. Elle et Elisa ont grandi ensemble, car leurs mères étaient amies. Cette jeune fille aux grands yeux noisettes, aux jambes longues et à la voix douce est rapidement devenue son refuge, mais aussi sa prison.

Lorsqu’elles étaient enfants, Elisa l’obligeait à s’impliquer dans des activités qu’elle n’aimait pas. Elle s’est cassée le bras lorsqu’elle a tenté de franchir le mur d’enceinte du collège, car son amie voulait qu’elle la suive dans ses aventures. C’est avec elle qu’elle a partagé ses premières confidences sur ses premières amours. C’est elle aussi qui jetait son dévolu sur les garçons qui plaisaient à Blanca. Durant toutes ces années, Blanca s’est maintenue dans une relation codépendante avec une personne manipulatrice, quelqu’un à qui elle n’a jamais su dire “non” ou “arrête de profiter de moi“.

Il est fort possible que vous vous identifiez à cet exemple, mais la question essentielle que vous devez vous poser est la suivante : pourquoi est-il si difficile de mettre un terme à une amitié qui nous apporte plus de malheur que de bonnes choses ?

Nous allons vous donner quelques explications dans la suite de cet article.

Pourquoi ne savons-nous pas dire adieu à une amitié ?

La première raison est simple. Nous éprouvons une certaine loyauté envers cette personne. Nous avons partagé de nombreuses expériences avec elle, de nombreuses confidences. Cependant, nous devons garder à l’esprit certaines dimensions qui peuvent nous aider à en finir avec une relation amicale abusive.

  • Dans une relation, qu’elle soit amicale ou amoureuse, nous devons toujours entretenir un certain équilibre et une réciprocité. La loyauté envers une personne n’a pas de sens si la relation n’est pas respectueuse, s’il n’y a pas une harmonie authentique.
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La deuxième raison est en rapport avec l’idée que nous avons qu’il est possible de changer les autres. Nous nous disons que nous devons être patient-e-s, que ce qu’il a pu se passer ne se reproduira pas si nous avons une explication sincère, si nous expliquons pourquoi nous nous sommes senti-e-s offensé-e-s ou blessé-e-s.

  • Dans la même optique, nous pensons bien souvent que nous avons les ami-e-s que nous méritons. Nous nous rassurons en nous disant que nous avons tou-te-s des défauts et qu’il est normal de faire du mal aux autres de temps en temps, à partir du moment où on le décide pas consciemment.

La peur de la solitude est tellement ancrée dans notre esprit que nous nous laissons enserrer par des bras soi-disant amicaux, qui son en réalité nocifs, usants et toxiques. Nous devons absolument éviter de tomber dans ce piège, en gardant à l’esprit que les amitiés véritables sont celles qui font de nous une meilleure personne au quotidien, qui ne cherchent pas à nous changer mais qui nous permettent de nous élever en tant qu’êtres humains. Car, au fond de nous, nous savons tou-te-s que nous méritons du bien-être, de l’équilibre et du bonheur.

La déception amicale exige une prise de décision

Gretchen Rubin, auteure d’un ouvrage très intéressant appelé Le projet Bonheur, nous explique que nous sommes nombreux-ses à avancer dans notre quotidien en nous sentant partir à la dérive. Ce concept est intéressant car, comme nous le dit l’auteure, partir à la dérive signifie que nous avons pris la décision de ne pas décider ce que nous désirons ou ce que nous voulons faire de notre vie.

Ne pas prendre de décisions importantes dans la vie nous amène à ne pouvoir expérimenter qu’un ersatz de bonheur, dans lequel nous sommes lié-e-s aux autres par des liens peu significatifs. Les personnes qui nous entourent nous déçoivent fréquemment, mais nous continuons à les garder dans notre entourage. Nous permettons cela par loyauté ou par peur d’être seul-e-s, comme nous le disions précédemment.

Nous devons réaliser que les années de notre enfance et de notre adolescence durant lesquelles nous n’avions pas de filtre pour interpréter la vie sont derrière nous. Ces deux époques, marquées par l’expérimentation pure et la naissance de sentiments complexes, sont terminées. Mûrir implique d’être sélectif-ve et de rechercher des relations interpersonnelles de qualité, qui nous enrichissent.

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Les déceptions, si elles sont provoquées de manière délibérée et répétée, nous donnent suffisamment d’indices pour nous faire une idée concrète de la personne que nous avons en face de nous. Agissons et prenons les décisions qui s’imposent pour protéger notre bonheur, même si cela peut nous faire très mal sur le moment.

Apprenons à être sélectif-ve-s, à valoriser les amitiés réelles, qui sont les plus magiques et les plus émouvantes. Laissons définitivement de côté celles qui ne nous apportent rien et qui ne nous aident pas à développer la meilleure version de nous-mêmes.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.