L'empathie est le fil avec lequel se tisse la thérapie

Nous avons souvent entendu parler de l'empathie, de son importance dans les relations sociales, de ses effets puissants dans la communication avec l'autre, de la nécessité de l'intégrer dans nos vies comme quelque chose d'indispensable en elle. Cependant, nous avons peu entendu parler du poids que cela occupe dans une relation psychothérapeutique et comment, sans cela, le navire de la thérapie dérive. Loin de sa place dans le monde, il dérive contre vents et marées.
L'empathie est le fil avec lequel se tisse la thérapie
Alicia Garrido Martín

Rédigé et vérifié par Psychologue Alicia Garrido Martín.

Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

L’empathie du thérapeute envers son patient est aussi nécessaire et vitale pour son bon fonctionnement que l’air que nous respirons l’est pour nous. C’est une marchandise dont on ne peut se passer.

En thérapie comme dans la vie les gens sont aussi perdus

Bien sûr, même en thérapie, le patient se sent souvent perdu. Vous avez l’impression que votre vie va sans but. Sans une lumière très puissante et visible sur laquelle vous pouvez guider vos pas. Son voyage commence à tâtonner entre l’obscurité de la route et les petits éclairs de lumière qui apparaissent dans ses gouttières.

le dur chemin du chagrin

Le thérapeute ne peut que vous accompagner sur ce chemin. Ce chemin qu’entre les circonstances et leur volonté ils ont choisi pour apprendre les leçons de vie qui les construiront en tant que personne. Souvent, on a tendance à penser que la tâche d’un psychologue est de déloger la personne de ce chemin incertain dans lequel elle se trouve : de lui donner la motivation de s’éloigner des moments qu’elle doit vivre précisément pour le bénéfice de leur propre croissance.

La vie est parfois incertaine et c’est une réalité qu’il faut accepter

Marcher dans la vie avec incertitude est naturel et humain. Nous ne devrions pas en avoir peur. La vie est comme un torrent d’eau qui change de direction, mais qui avance toujours. C’est comme ce courant d’eau qui parfois devient un faible ruisseau… mais au contraire, d’autres fois après un bon orage, il retrouvera la force des temps passés.

Même le chemin parcouru par une rivière est incertain. Son dynamisme et sa confiance aveugle dans la terre qu’il inonde sont le moteur qui le pousse à continuer sur cette voie hésitante. Aussi changeant que notre vie.

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“La chose la plus rare dans ce monde est de vivre. La plupart des gens existent, c’est tout”

-Oscar Wilde-

Quelque chose de similaire se produit en psychothérapie. La personne se sentira perdue à plusieurs reprises. Mais c’est très différent de se sentir perdu en étant accompagné de se sentir perdu sans le soutien et le soutien de quelqu’un. La simple présence du psychothérapeute ne fera pas que le patient se sente accompagné. Le patient se sent accompagné dans la mesure où le thérapeute renvoie chacun des fils qu’il envoie. Avoir une attitude empathique et respecter les rythmes du patient est crucial dans ce processus.

Une belle métaphore sur l’empathie

Il y a quelques années, j’ai entendu une belle métaphore sur le processus d’accompagnement en thérapie. Cela a été dit par un psychologue du deuil que j’apprécie et admire profondément. Il disait que le patient, ou la personne qui nous apporte sa douleur, nous lance une série de fils. Oui, comme les fils d’un écheveau de laine. Il les lance à son rythme. Parfois, ils mettent du temps à les lancer et d’autres le font d’un coup.

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“La tâche que nous devons nous fixer n’est pas d’être en sécurité, mais de pouvoir tolérer l’insécurité”

-Erich Fromm-

Le thérapeute reprend ces fils que le patient lui lance, mais loin de les mettre de côté, il renvoie chacun d’eux avec un fait par lui-même. Petit à petit les fils se croisent et un métier se crée. Ce métier personnalisé sera celui qui servira de support et sur lequel le patient pourra se rabattre lors d’occasions futures. Le métier que les deux ont créé est une métaphore de ce qu’est la relation thérapeutique.

Le thérapeute et le patient naviguent dans le même bateau

La relation thérapeutique ne peut être comprise sans empathie. L’empathie est ce support, c’est ce merveilleux métier à tisser, sur lequel avance le processus thérapeutique. Chaque geste, chaque émotion, chaque pensée, chaque besoin est entendu, compris et restitué de manière plus claire, plus nette et plus ajustée à la personne en face de nous.

Le thérapeute ne navigue pas sur un autre navire. Vous êtes dans le même bateau que votre patient. Et ils naviguent ensemble. Elle l’accompagne dans ce voyage incertain plein de vie.

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Si je ne retourne pas chacun des fils que le patient m’envoie, je ne pourrai pas construire avec lui une relation de confiance et de sécurité. Nous ne serons pas d’accord et le patient, loin de me percevoir comme un proche, finira par me percevoir comme une figure lointaine et floue à laquelle il ne pourra pas faire confiance et, plus douloureux encore, ne pourra pas se sentir libre être lui-même.

Le thérapeute doit aussi écouter ce qui n’est pas dit avec des mots

Mais c’est que pour redonner… il faut écouter. Nous devons écouter chaque mouvement de notre patient. Les gens parlent plusieurs langues et différentes. Nous parlons avec chaque partie de notre corps sans avoir besoin de dire un mot par la bouche. Vous devez écouter chacune de ces langues.

« Qu’est-ce que cela signifie d’aider ? et, en même temps, il le transcende et l’oriente vers un contexte plus global.”

-Bert Hellinger-

Nous devons maîtriser cette sagesse qui, à de nombreuses reprises, ne nous a pas été enseignée dans la course ou dans les livres. C’est un langage beaucoup plus subtil et intuitif. Nous devons comprendre que le cours de la vie passe aussi par ces lieux et donc nous devons y rester avec notre patient. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons les écouter et les comprendre.

La compréhension empathique est essentielle en thérapie

C’est dans cette compréhension empathique que se configure la relation thérapeutique. Comme l’a dit Mariano Yela dans un prologue d’un livre de Carl Rogers et Marian Kinget :

« Le psychothérapeute ne sanctionne pas, ne censure pas, ne juge pas le patient ou n’agit pas pour lui, n’indique pas de voies ou ne ferme pas de voies ; il vit avec lui ses conflits et ses problèmes, s’efforçant de comprendre le sens personnel qu’ils ont pour l’autre. Le patient ne trouve rien qui le sépare de lui-même ou l’incite à se masquer”.

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Le processus thérapeutique est donc unique et personnel. Il n’y a pas d’ensembles normalisés de réponses ou de techniques universelles. Chaque personne est unique en soi et nous devons toujours nous y adapter. Nous devons l’accompagner dans ce voyage que la vie implique. Un voyage dans lequel on supposera qu’il y aura des moments certains et moins certains, car après tout…

Qu’est-ce que la vie sinon ?


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