Kufungisisa ou le danger de penser trop
Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González
Les tribus locales au Zimbabwe ont une expression qui résume parfaitement la plupart des problèmes psychologiques modernes. Il s’agit du mot kufungisisa, qui pourrait être traduit littéralement par “trop penser”. Que se soit sur les problèmes de la vie actuelle ou sur les événements traumatisants du passés.
Les Shona, l’une des ethnies de cette région, considèrent cette tendance à ressasser les choses comme une cause de mal-être. Des problèmes physiques et psychologiques sont attribués à ce comportement. Les natifs de ces régions considèrent, par exemple, que beaucoup penser peut causer la dépression ou l’anxiété. Ainsi que d’autres maladies liées au corps, telles que la fatigue ou les maux de tête.
Ce concept de kufungisisa est-il cependant véridique ? Trop penser peut-il nous causer des problèmes ? C’est ce que nous verrons dans le cadre de cet article.
Kufungisisa ou lorsque trop penser nous porte préjudice
L’homme a toujours été fier de sa capacité à réfléchir. Contrairement à d’autres animaux, qui sont guidés par leur instinct, nous pouvons penser à ce qui nous arrive. Cette capacité est cependant à double tranchant.
Les autres espèces ne dispose pas de la capacité à se sentir aussi mal que nous. Et, aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, c’est précisément notre capacité de réflexion qui nous génère toutes sortes de problèmes.
La tribu Shona n’est pas le seul groupe ayant mis en exergue cela à travers son concept de kufungisisa. La base de la psychologie moderne réside précisément dans cette idée. Avec l’émergence de la science cognitive, l’étude de l’esprit a révélé que nous nous sentons mal non pas en raison de ce qui nous arrive, mais du fait de ce que nous pensons et de comment nous réagissons.
Albert Ellis, père de la thérapie émotive rationnelle, était très clair à ce sujet. Ce qui nous affecte n’est pas ce qui nous arrive, mais ce que nous nous disons de ce qui nous arrive . Comment est-il cependant possible que notre esprit nous fasse nous sentir mal ?
Comprendre le rôle de notre cerveau
Les humains évoluent dans un environnement extrêmement hostile. Même si nous vivons aujourd’hui dans un cadre d’abondance, nos cerveaux se comportent toujours comme si nous étions au Paléolithique. De sorte que beaucoup de nos fonctions mentales sont aujourd’hui devenues obsolètes.
L’un d’elles est la façon dont nous traitons l’information. Il était essentiel pour nos ancêtres, qui étaient entourés de dangers, de remarquer tous les aspects négatifs et dangereux de leur vie. Ce n’est qu’ainsi qu’ils pouvaient se défendre contre les animaux sauvages, résoudre le manque de nourriture ou trouver un refuge le cas échéant.
Notre cerveau continue de procéder de la sorte en raison de la manière dont l’évolution fonctionne. Le système d’activation réticulaire (SAR) est chargé d’attirer notre attention sur tout ce qui peut mal tourner. Nous avons donc tendance à nous concentrer sur le négatif.
Comme le savait les Shonas lorsqu’ils décrivirent l’idée de kufungisisa, le fait de voir le monde comme quelque chose d’hostile nous fait nous sentir mal. Trop ressasser les choses nous amène à nous préoccuper excessivement, à gaspiller du temps et à nous plonger dans le mal-être.
Comment arrêter de trop penser
Le rôle de la pensée dans notre bien-être est si important que presque toutes les thérapies psychologiques se concentrent sur le changement de notre façon de voir le monde. Il existe donc essentiellement deux approches qui nous ont été transmises depuis des milliers d’années :
- Modifier ce que nous disons de ce qui nous arrive.
- Vivre dans le présent.
Voyons chacun d’elles.
1- Modifier nos pensées
La première réponse au mal-être causé par le fait de trop penser est simplement de modifier ce que nous nous disons. Des courants tels que le stoïcisme considèrent que ce qui nous arrive n’est presque jamais important. La psychologie cognitive moderne utilise cette idée pour nous apprendre à considérer les choses avec davantage de perspective.
D’après ces courants, presque rien de ce qui arrive n’est véritablement terrible. Si nous gardons cette idée en tête, une grande partie de notre mal-être se dissoudra. S’inquiéter n’aurait donc aucun sens. Nous pouvons être bien quoi qu’il arrive.
2- Vivre le présent
Les philosophies ancestrales telles que le bouddhisme et les tendances modernes telles que le mindfulness reposent sur la même idée. La base de la souffrance réside dans la pensée. Il s’agit du même concept présent dans la kufungisisa. Tous les penseurs qui suivent ces façons de voir le monde considèrent que faire taire notre esprit serait la clé.
Ceci n’est évidemment pas simple. Des pratiques telles que la méditation ou le yoga peuvent cependant nous permettre d’y parvenir. La science a montré que faire taire notre esprit a des effets très bénéfiques sur notre santé physique et mentale.
L’idée du kufungisisa, qui considère que trop penser génère le mal-être, est donc partagé par presque toutes les cultures de l’histoire. Nous pouvons tous apprendre à éviter ce problème en faisant un minimum d’effort. N’hésitez cependant pas à contacter un psychologue professionnel si vous pensez avoir besoin d’aide. Ses conseils vous aideront à suivre plus facilement le chemin vers votre liberté mentale.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.