Cure de sommeil : pourquoi elle ne s'utilise plus ?

De nos jours, très peu nombreux sont les psychiatres qui ont recours à la cure du sommeil pour aborder les troubles mentaux. Bien que cette technique ait montré une certaine efficacité, elle implique également des risques devant être pris en compte.
Cure de sommeil : pourquoi elle ne s'utilise plus ?
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 22 janvier, 2021

La cure de sommeil est en fait une intervention très ancienne, mais elle n’a été formalisée comme traitement qu’au début du 20e siècle, principalement en Russie. Ce type de thérapie a montré des résultats très encourageants contre la schizophrénie, la dépression, l’anxiété, les addictions et autres troubles.

La cure de sommeil ne fait aujourd’hui pas partie des traitements conventionnels, même si elle n’a pas complètement disparu. Certains patients continuent de l’utiliser et certains psychiatres y ont encore recours de manière ponctuelle.

La cure du sommeil peut être très efficace pour traiter divers troubles mentaux. L’hôpital de Chelmsford (Australie) a néanmoins signalé le décès de 25 patients entre 1963 et 1979 suite à l’utilisation de cette thérapie. C’est pourquoi elle est exclue comme option thérapeutique dans la plupart des pays du monde.

« Un bon rire et un long sommeil sont les deux meilleurs remèdes pour presque tout. »

-Proverbe irlandais-

Une femme qui dort dans son lit.

Qu’est-ce que la cure du sommeil ?

L’une des premières manifestations des troubles mentaux est la difficulté à dormir. De sorte qu’un sommeil profond et réparateur constitue l’un des moyens de retrouver une grande stabilité mentale. Cette vertu du repos a été décelée dès les origines de la psychiatrie et de la psychologie et a favorisé le développement de la cure du sommeil.

La cure de sommeil est une thérapie dans laquelle une personne qui présente un trouble mental est amenée à dormir profondément. On dit qu’il s’agit d’une « thérapie intensive » de la psychiatrie, car la personne doit dormir entre 5 et 9 jours en continu. Cela peut durer jusqu’à trois semaines.

La personne reste endormie grâce à l’administration de différents médicaments qui génèrent cet effet. Ceux qui suivent ce type de thérapie ne se réveillent que pendant de courtes périodes pour manger et répondre à leurs besoins physiologiques. Pour autant que l’on sache, le premier à avoir utilisé cette technique a été MacLeod, en 1900.

C’est toutefois Jakov Kläsi qui l’a instituée comme un traitement à la clinique Burghölzli en Suisse. Il a appelé cette thérapie « cure de sommeil prolongé » ou « narcose prolongée ». Elle est devenue populaire sous le nom de cure de sommeil.

Les apports de cette thérapie

La cure du sommeil a commencé à gagner en prestige et à s’utiliser presque partout dans le monde. Elle a particulièrement été efficace pour stabiliser les personnes qui traversaient une période de grande agitation. Il semblait clair que les médicaments utilisés pour les endormir pendant une période de temps considérable restauraient leur stabilité au réveil.

Il existe des états mentaux qui impliquent une suractivation de la dopamine, de l’adrénaline et de la noradrénaline. Ainsi, tant l’état de sommeil en tant que tel que l’administration de médicaments en continu parviennent à restaurer les conditions pour que le cerveau fonctionne de manière plus stable.

Les personnes en état de haute excitation nerveuse sont très vulnérables à tout stimulus de l’environnementLes facteurs externes pouvant causer des perturbations sont supprimés lorsqu’elles dorment. Il en va de même de la conscience, de sorte que l’activité diminue et tend à se normaliser.

Un homme qui tente de dormir dans son lit.

Effets secondaires et risques

Dès le début, les thérapeutes ont signalé des effets secondaires. Klasi lui-même a rapporté la mort de 3 des 26 patients auxquels il a appliqué cette méthode. Plusieurs de ses successeurs ont aussi évoqué des problèmes : l’augmentation de la température corporelle, la rétention urinaire, la dysphagie et les troubles de la marche et de la parole.

Les médicaments administrés ont ensuite été changés plusieurs fois et tout semblait mieux fonctionner. Ce traitement nécessite par ailleurs également des soins infirmiers continus et une surveillance médicale constante. Il s’agit de la raison pour laquelle son application a été difficile.

Le suivi des patients était très exigeant. Il s’agit de la raison pour laquelle la cure du sommeil est progressivement tombée en désuétude avec la naissance des premiers neuroleptiques.

Le coup de grâce a toutefois eu lieu après la publication d’un rapport de l’hôpital privé de Chelmsford (Australie). Le document indiquait que la cure de sommeil avait été appliquée à 1 115 patients pendant 15 ans et que pendant cette période, 25 d’entre eux en étaient décédés. L’année suivante, cette thérapie a été interdite en Australie et en Nouvelle-Zélande.

D e nombreuses régions du monde continuent toutefois de l’appliquer. Nombre de ces décès étaient associés à des problèmes médicaux sans rapport avec le traitement lui-même. En tout état de cause, l’utilisation de cette thérapie doit s’effectuer dans un centre spécialisé et par des professionnels qualifiés.


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  • Stucchi-Portocarrero, S., & Cortez-Vergara, C. (2020). La cura de sueño en la historia. Revista de Neuro-Psiquiatría, 83(1), 40-44.


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