Comment le contact visuel prépare le cerveau à se connecter

Le contact visuel est un acte très puissant qui nous met en phase avec une autre personne. Nous le savions intuitivement, et maintenant une étude nous montre exactement ce qui se passe dans notre cerveau lorsque nous regardons pour la première fois dans les yeux d'une autre personne.
Comment le contact visuel prépare le cerveau à se connecter
Gema Sánchez Cuevas

Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Écrit par Sonia Budner

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Nous connaissons tous le pouvoir du contact visuel avec un autre être humain. C’est quelque chose de spécial qui nous aide à transmettre beaucoup d’informations et qui, à son tour, nous en dit beaucoup sur l’autre personne. Lorsque nous établissons un contact visuel avec quelqu’un, nous partageons un état émotionnel et mental.

Les bons amis n’ont besoin que d’un regard pour communiquer quelque chose. Se perdre dans les yeux de l’être aimé, c’est entrer dans son monde. Le contact visuel active notre cerveau social, nos intentions et nos émotions.

Aujourd’hui, une nouvelle étude menée avec l’imagerie par résonance magnétique a révélé de nombreuses données sur ce qui active le contact visuel dans notre cerveau en temps réel et en différé. La première information est que lorsque nous établissons un contact visuel, nous synchronisons nos clignements avec l’autre personne. Mais ce n’est pas tout. Regardons cela ensemble.

Le clignement des yeux

Il semble que le contact visuel active le cerveau social et synchronise les mouvements et clignements des yeux de deux personnes qui se regardent. C’est-à-dire qu’il y a une activation neurale qui réorganise notre réponse aux autres personnes.

Le contact visuel entre une femme et un homme

Le contact visuel est l’une des imitations automatiques les plus remarquables. De plus, c’est la façon de dire à l’autre que nous prenons soin de lui. Il favorise l’interaction sociale et facilite une communication efficace. Le clignement des yeux exprime une charge cognitive qui projette l’état intérieur d’une personne.

Jusqu’à présent, les études d’imagerie cérébrale ne permettaient d’étudier l’activité cérébrale que d’une seule personne à la fois. Mais l’équipe de Norihiro Sadato, de l’Institut national des sciences physiologiques du Japon, a commencé à travailler avec une nouvelle technique connue sous le nom d’hyper-scanner.

L’étude du contact visuel

Les résultats de cette expérience nous montrent ce qui se passe dans le cerveau, en temps réel, lorsque deux personnes se regardent dans les yeux pour la première fois. L’hyper-scanner a permis d’observer les cerveaux de deux personnes à la fois. Le tout sur des appareils d’IRM fonctionnels distincts. Le but a été ensuite de les faire communiquer visuellement. Dans cette étude, l’équipe de Sadato a utilisé 32 personnes, regroupées par deux, et les a mises dans deux appareils IRMf en même temps.

L’expérience n’a pas pu être réalisée avec des sujets se regardant face à face car l’imagerie IRM nécessite que les individus soient à l’intérieur d’une machine et soient complètement immobiles.

Chaque scanner était également équipé d’un écran vidéo et d’une caméra. Les participants ne se connaissant pas, le contact visuel était complètement nouveau pour tous. Le clignement des yeux a été utilisé comme marqueur de synchronisation entre les participants.

L’expérience a mesuré l’activité cérébrale des sujets en deux phases distinctes. Dans la première phase, on leur a montré un écran vierge. Puis, on leur a montré l’image de leur partenaire d’expérience (qu’ils ne connaissaient pas), d’abord en temps réel, puis avec un retard de 20 secondes dans l’image. Ils ont reçu pour instruction de se concentrer sur ce que l’autre personne pensait, sur sa personnalité ou sur ses sentiments.

Les résultats

Tout d’abord, des différences significatives ont été relevées en termes d’activation cérébrale du contact visuel en temps réel. Mais aussi dans celui avec quelques secondes de retard.

En temps réel, les participants étaient plus sensibles aux clignements d’yeux de l’autre personne que dans les images hors temps. Il y avait également une plus grande connectivité dans le système de miroir limbique, une plus grande activation dans le cervelet.

L’étude a montré que le contact visuel prépare le cerveau social à développer l’empathie. De plus, il active les mêmes zones cérébrales chez les deux personnes en même temps. L’activation du cervelet permet de prédire les conséquences sensorielles des actions.

“Nos résultats suggèrent que l’interaction perceptivo-motrice se produit lors d’un contact visuel sans conscience.”

-Norihiro Sadato-

Un couple se tenant les mains en se souriant et en maintenant le contact visuel

Le contact visuel : l’incroyable capacité de notre cerveau

Le système limbique est associé à notre capacité à partager et à reconnaître les émotions, ce qui est fondamental pour l’émergence de l’empathie. Il semble y avoir une forte influence mutuelle entre les clignements des yeux des deux personnes lors d’un contact visuel.

Cela signifie que le contact visuel prépare le cerveau social à partager l’état mental des autres et constitue la base d’une communication sociale efficace. Enfin, cette étude a montré que notre cerveau fait la distinction entre les images en temps réel et les images enregistrées de manière totalement inconsciente. Un fait qui nous est révélé comme étant le plus significatif de tous.


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  • Takahiko K, Motofumi S, Eri N, Shuntaro O, Norihiro S.What Makes Eye Contact Special? Neural Substrates of On-Line Mutual Eye-Gaze: A Hyperscanning fMRI Study. eNeuro [Internet]. 2019 [consultadoo el 8 de julio de 2022]; 6(1). Disponible en:  https://doi.org/10.1523/ENEURO.0284-18.2019

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