Comment interagir avec une personne autiste ?
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
L’autisme est un trouble généralisé du développement qui affecte l’individu tout au long de sa vie et qui se manifeste avant 3 ans. Selon le DSM-5, ce trouble se caractérise par des déficiences en terme de communication et de relations sociales. On remarque généralement chez la personne autiste une altération des schémas comportementaux et un intérêt limité, répétitif et stéréotypé pour les activités limitées.
Expliquez lui vos émotions
Les sujets atteints du trouble du spectre autistique souffrent de ce que l’on nomme une cécité mentale. C’est un terme basé sur la théorie de l’esprit qui fait référence à l‘incapacité d’attribuer des états mentaux aux autres et à soi-même. Ceci est très lié au manque d’empathie. En fait, ces personnes ne savent pas lire les émotions et pas non plus exprimer les leur.
Pour cette raison, la patience et la compréhension sont essentielles pour interagir correctement avec un enfant autiste. Pour communiquer avec lui, il est fondamental de lui expliquer votre ressenti et le pourquoi de vos émotions. Si vous êtes capable d’établir une bonne connexion avec l’enfant ou l’adulte autiste, son introversion, l’absence de réciprocité sociale et ses réponses émotionnelles s’en verront diminuées ce qui facilitera l’interaction.
Adapter les règles sociales à ses valeurs
Bien souvent, la personne autiste à un sens très fort de la justice. Elle peut même la mener à l’extrême. Donnons un exemple.
Nous emmenons un adolescent souffrant d’un trouble autistique au concert de son chanteur préféré, mais il y a une très longue fil d’attente devant l’entrée.
Cet adolescent peut croire qu’il doit se trouver au début de la fil et non pas à la fin même s’il est arrivé en dernier, et ce parce qu’il est le fan numéro un. Sa conviction peut être telle qu’elle peut le forcer à pousser les personnes qui attendent et à doubler sans ménagement et sans remords. Il faut prendre en compte que pour lui, ce comportement ne signifie pas qu’il double, c’est uniquement ce qui est juste.
Pour cela, la personne qui accompagne la personne autiste doit faire une fois de plus preuve de tolérance et de patience. Elle doit lui expliquer que lorsque l’on arrive dans un endroit nouveau, il faut se positionner à la fin de la queue. Il faut qu’il comprenne qu’en incluant cette règle sociale à ses valeurs, de grands progrès seront faits.
Réalisez des changements progressifs
Une autre particularité de l’autisme est la préoccupation de préserver l’invariabilité de l’environnement. En raison de leur hypersensibilité au changement, les personnes autistes peuvent ressentir un mal-être fort vis-à-vis de modifications sans importance qui sont considérées par les autres comme bénignes et subtiles. Par exemple, elles peuvent ressentir un certain mal-être lorsque les rideaux sont ouverts ou lorsqu’elles trouvent leur chaise déplacée de quelques centimètres.
L’introduction ou explication de ces petites altérations dans leur environnement est fondamentale. Si on ne le prévient pas ou que nous ne demandons pas “la permission” de réaliser ces changements, ils peuvent réagir de manière démesurée et finir par se mutiler.
Routine et comportements stéréotypés
Cette hypersensibilisation est très liée est l’importante de la routine pour ces personnes. En fait, c’est généralement un aspect crucial de leur vie sans lequel les difficultés à interagir avec les autres augmentent de manière exponentielle. Pour cela, lorsque nous devons communiquer avec une personne autiste, il est important de tenir compte de ses habitudes et des activités qu’elle réalise. Ainsi, nous pourrons respecter son rythme, son espace et sa manière d’agir.
Ayez à l’esprit ses capacités
Environ 60% des personnes autistes ont un quotient intellectuel inférieur à 50. Cela met en évidence un déficit intellectuel important. Néanmoins, les enfants souffrant du trouble autistique obtiennent de meilleurs résultats aux tests mesurant les capacités de manipulation et capacités visio-spatiales ainsi qu’aux tests mesurant la mémoire automatique.
Ne mettez pas un terme à sa stimulation personnelle
La réalisation de comportements auto-stimulants (répétitifs et stéréotypés) est un symptôme caractéristique de ce type de trouble. Par exemple faire des va-et-vient, applaudir, faire tourner des objets, toujours porter les mêmes vêtements, manifester une obsession constante sur un sujet en particulier, répéter des mots entendus (écholalie).
Ces comportements sont persistants et s’accentuent généralement avec le temps. Leur fonction est de fournir à l’enfant une rétro-alimentation sensorielle et cénesthésique. Mais attention ! Pour interagir avec une personne autiste de manière adéquate, il faut savoir que le fait d’intervenir et d’interrompre ce type de rituel et d’automatisme peut être très contre-productif. Il est donc conseillé de l’ignorer systématiquement ou de renforcer d’autres types de comportements qui puissent motiver l’enfant.
Comme on peut l’observer, maintenir une relation sociale adaptée avec une personne atteinte d’un trouble autistique n’est pas simple. Pour cette raison, le fait de connaître ce trouble en profondeur est le premier pas à donner afin qu’il soit possible de tisser un lien affectif ou une bonne connexion avec la personne.
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