Le cerveau spirituel : ce que nous en dit la neuroscience

Le cerveau spirituel : ce que nous en dit la neuroscience

Dernière mise à jour : 24 avril, 2020

Certains auteurs tels que Daniel Goleman ou Howard Gardner ont un concept de la spiritualité qui va au-delà du religieux ou du cognitif. Nous vous parlons ici de ce besoin d’atteindre une connaissance plus profonde et plus sensible de notre réalité, d’où le fait de nous voir nous-mêmes comme une part d’un tout, où d’atteindre un bien-être plus élevé et plus éloigné de l’ego, de l’obsession pour le matériel.

Depuis des temps immémoriaux, l’humanité cherche à transcender tout ce qui lui est quotidien et ordinaire. Nous ne parlons pas seulement de ce classique besoin d’être en contact avec le divin, de ces pratiques religieuses avec lesquelles demander la pluie en échange d’une offrande, de clamer d’être assaini-e-s, pardonné-e-s ou béni-e-s avec la chance ou le succès. Nous parlons avant tout de ce besoin de l’être humain d’atteindre une “seconde réalité” avec laquelle s’évader, avec laquelle trouver le calme, l’auto-réalisation voire même, pourquoi pas, la sagesse.


“Le secret de la santé physique et mentale ne consiste pas à pleurer pour le passé, s’inquiéter pour le futur ou anticiper les problèmes, mais à vivre le moment présent avec sagesse et sérieux.”

– Bouddha –


Les neurologues appellent ce besoin la conscience égoïque, ou conscience limbique. Car, au-delà du mystique, nous parlons d’une série d’émotions et de processus mentaux très concrets desquels notre cerveau est responsable. Nous parlons surtout d’une réalité qui est là, dans notre cerveau et dans une série de structures qui en étant stimulées génèrent des changements ponctuels dans notre perception, notre manière de nous sentir et de percevoir notre entourage.

Si bien que des neuro-scientifiques comme Andrew Newberg, auteur du livre Principles of Neurotheology (‘Principes de la Neurothéologie”, en français), ont démontré que le cerveau des moines bouddhistes habitués pendant des années à pratiquer la méditation, montrent une moindre vieillissement neuronal, une plus grande capacité de mémoire, et même une meilleure résistance à la sensation de douleur.

Celui qu’on appelle le “cerveau spirituel” est en fait l’origine de multiples études. Il ne s’agit pas de “chercher Dieu” dans le cerveau, il ne s’agit pas non plus de soutenir ou de critiquer la pratique de n’importe quel type de religion ou de doctrine. Il s’agit avec cette science de comprendre quel est l’impact de la spiritualité en tant que telle sur notre esprit ainsi que sur notre santé physique et émotionnelle.

cerveau spirituel

L’intelligence spirituelle

Il résulte curieux que dans l’hypothèse des intelligences multiples énoncée en 1983 par Howard Gardner, professeur à l’Université de Harvard, on valorise déjà l’idée d’introduire une “neuvième intelligence”, celle qu’on appelle l’intelligence “existentielle”, intimement liée au concept du spirituel et qui serait définie par les principes suivants :

  • Etre en capacité de penser à des thèmes abstraits
  • Pouvoir réfléchir sur soi (méta-réflexion)
  • Voir le monde depuis d’autres points de vue
  • Acquérir une idée de l’univers et de notre place en son sein

Il faut signaler, tel que l’affirme le philosophe Francesc Torralba, que “l’intelligence spirituelle n’est pas la conscience religieuse”. Il s’agit plutôt de voir la spiritualité comme un outil avec lequel pouvoir transcender notre propre réalité, partant toujours de la connaissance de soi et gardant bien à l’esprit les autres savoirs.

Cela n’est pas facile, évidemment, car pour développer cette intelligence existentielle dont nous parle Howard Gardner, il est nécessaire en bien des moments non seulement de tolérer, mais aussi d’aimer la solitude. Il serait également recommandable d’utiliser d’autres recours à notre portée tels que la philosophie, le dialogue socratique avec soi-même, la méditation et le complexe art de vivre de manière consciente, en appréciant le moment présent.

cerveau

Le cerveau spirituel et la neuroscience

Il existe des structures dans le cerveau qui, lorsqu’elles sont stimulées, peuvent générer dans notre esprit des expériences mystiques. C’est une information que l’on connaît depuis longtemps et qui est liée aux états altérés de conscience ainsi qu’aux altérations du lobe temporal, de l’hippocampe et de l’amygdale. Parfois, il suffit de stimuler ces zones au moyen de l’électricité pour avoir des visions, pour expérimenter certaines sensations ainsi que des expériences similaires à celles que l’on peut ressentir en prenant du LSD.


“Le voyage spirituel n’est pas individuel et personnel. Il ne peut pas être organisé ou régulé. Il n’est pas certain que tous doivent suivre un chemin. Ecoutez votre propre vérité.”

– Ram Dass –


Or, dans son intéressant livre Neuroculture, une culture basée sur le cerveau, le physiologue Francisco Mora nous explique quelque chose qui va sans doute un peu plus loin. Selon lui, la spiritualité est très liée à la culture, à notre rapprochement vers ce qu’un type de pratique, de principes philosophiques et religieux peut nous offrir pour mieux nous connaître, pour exercer un changement, pour acquérir une série de connaissances plus transcendantales et enrichissantes à un moment donné de notre vie.

La spiritualité et sa pratique sont très liées à notre curiosité natale, notre motivation, le besoin de canaliser des émotions comme la peur, l’anxiété, la sensation de solitude, de stress et, pourquoi pas, de vide existentiel. L’être humain cherche non seulement le bien-être interne, le calme mental et l’assainissement émotionnel, mais aussi du sens à un monde qui en général comporte plus de questions que de réponses.

mains et papillons

La neuroscience, clairement, n’accepte pas l’existence d’entités surnaturelles. Elle cherche avant tout à comprendre nos motivations à pratiquer les activités qui produisent en nous calme et bien-être, comme le yoga ou la méditation. Des activités qui libèrent de la dopamine dans notre organisme, qui augmentent la connectivité du cortex préfrontal ou qui favorisent notre plasticité cérébrale.

Les “technologies spirituelles”, comme les appellent les expert-e-s, sont à leur apogée. S’ouvre alors un chemin très intéressant entre le scientifique et le spirituel pour comprendre leurs bénéfices, pour comprendre ces processus internes qui sans aucun doute vont au-delà de toute doctrine ou de toute religion.

Ce que l’on essaie de faire avec cette idée de la spiritualité ou de l’existentiel, comme le définit Howard Gardner, c’est d’atteindre un sens plus profond de l’identité elle-même. L’objectif n’est autre que celui d’initier un voyage d’auto-découvertes à la recherche du bonheur, de la plénitude personnelle.

 

Images de Cameron Gray

 


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.