Nous connaissons quelques petits bouts de réalité, notre esprit invente le reste

Nous connaissons quelques petits bouts de réalité, notre esprit invente le reste

Dernière mise à jour : 29 août, 2016

Peut-être que vous n’y avez jamais pensé mais votre esprit travaille avec des petits bouts.

Il reçoit la réalité comme si c’était des pièces de casses-têtes et il doit réaliser le travail fascinant de les intégrer pour former un tout, ce que nous appelons réalité.

C’est un travail constant et continu dans lequel non seulement il y a des morceaux qui proviennent de nos sens, mais s’y mélangent aussi, de manière silencieuse, des sentiments, des pensées, des opinions et des souvenirs.

Les petits bouts de l’histoire

Voici le début d’un livre : “Je me suis acheté un roman et mon chien a mangé le début, la fin et plusieurs dizaines de page du reste avant que j’ai pu commencer à le lire”.

Nous aussi nous assistons au monde extérieur de cette manière, comme s’il faisait partie d’une histoire dont notre chien aurait mordu quelques morceaux.

Pourtant, nous n’en sommes pas conscient puisque notre esprit rassemble et crée là où il n’y a pas d’information, de manière à ce que l’histoire ait un sens.

Nous ne pouvons pas le changer

L’histoire continue ainsi : “Non sans obliger mon chien à méditer sur son comportement inapproprié, en lui montrant avec insistance l’endroit où se trouvait l’étiquette du prix, j’ai entrepris d’évaluer les dommages causés et à essayer de sauver ce qui était possible de sauver”.

Comme nous le disions précédemment, il est très compliqué de faire une estimation de la partie de l’histoire qui nous manque car presque de manière automatique, notre esprit se charge de fermer ces trous.

Ce qui est sûr, c’est que dans la majorité des cas, nous le faisons mal et les morceaux rafistolés sont bien cachés, ce qui nous empêche souvent d’identifier leur existence.

Séparer ce qui est de l’information de ce qui ne sont que des hypothèses, plus ou moins probables, est une tâche volontaire et souvent plus coûteuse que celle qui consiste à ajouter des morceaux.

D’autre part, nous n’oublions pas que notre cerveau suit au pied de la lettre le rasoir d’Ockham et qu’il parie sur l’hypothèse la plus économique pour lui.

Eau-harmonie

Est-ce grave de remplir les espaces vides ?

Dans la plupart des cas, non. Nous avons un cerveau assez intelligent. Par exemple, si on nous dit que quelqu’un s’est levé tôt ce matin, nous supposerons qu’il ne s’est pas levé après 10 heures.

D’autre part, si on nous dit que Jean est arrivé en retard au travail ce matin et qu’il l’a déjà fait la semaine dernière, ainsi que la précédente, nous penserons que Jean n’est pas ponctuel et qu’il ne prend pas son travail au sérieux.

Le fait de penser ceci à la place de cela est une information qui se cramponne aux faits et se traite de cette manière.

Notre esprit est intelligent et souvent, il utilise les hypothèses qui lui conviennent le mieux.

Une hypothèse alternative aux retards de Jean peut être qu’il a un problème grave qui l’a empêché d’arriver à l’heure. Mais pour nous, c’est une hypothèse un peu plus compliquée.

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Notre esprit nous protège

Pourquoi l’hypothèse du fait que Jean a eu un problème est plus compliquée à envisager pour nous que celle qui dit qu’il se fiche de son travail ?

Car la première nous obligerait à nous poser la question. Nous pourrions la poser à Jean directement mais nous n’avons pas une relation d’une telle confiance avec lui pour nous immiscer dans sa vie.

Nous pourrions aussi demander à quelqu’un de son entourage, mais le plus probable, c’est qu’il fronce les sourcils, qu’il s’imagine que nous sommes des commères et qu’il nous donne des informations qui nous mettraient sur la mauvaise voie.

D’autre part, si Jean a un problème et que nous pouvons l’aider, ne devrions-nous pas le faire ?

Rester tranquillement à son poste de travail permet de ne pas trop éveiller notre conscience.

Lorsque celle-ci se réveille, elle peut être un véritable embêtement, car elle nous distrait facilement et nous finissons par nous obliger à faire quelque chose pour le problème de Jean.

Une fois ceci dit, notre histoire se termine ainsi : “Le dénouement de l’histoire m’a paru particulièrement heureux : l’un des personnages les plus intéressants et attirants devient, je ne sais pas pourquoi, le suspect d’un homicide alors qu’il était évident qu’il n’avait pas commis une telle atrocité.

La police est sur le point de l’arrêter quand l’inspecteur sort un cigare et sans que nous sachions s’il le fume ou pas, l’histoire se termine”.


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