L'hypersomnie : symptômes et traitement
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Il vous est sûrement déjà arrivé de dormir plus longtemps que vous ne le souhaitiez et d’avoir encore sommeil après cela. Vous vous êtes peut-être aussi déjà senti tellement fatigué au beau milieu d’une journée que vous ne pouviez presque pas tenir debout. Dans ce cas, vous souffrez peut-être d’hypersomnie.
Les troubles du rythme veille-sommeil incluent dix troubles ou groupes de troubles. Parmi eux, nous retrouvons l’insomnie, l’hypersomnie, la narcolepsie, les troubles du sommeil liés à la respiration, les troubles du rythme circadien veille-sommeil et le syndrome des jambes sans repos, entre autres.
Dans cet article, nous allons nous intéresser à l’un d’eux: l’hypersomnie. Pour la décrire brièvement, l’hypersomnie est synonyme de beaucoup ou de trop de sommeil. Celui qui souffre d’hypersomnie ne se sent pas reposé et présente une somnolence excessive.
Quelles caractéristiques présente l’hypersomnie ?
L’hypersomnie est un terme diagnostic large. Il inclut des symptômes de quantité de sommeil excessive (par exemple, un sommeil nocturne prolongé ou un sommeil involontaire de jour), une propension au sommeil au cours de la journée et une inertie du sommeil.
Les personnes souffrant d’hypersomnie s’endorment rapidement et ont une bonne efficacité de sommeil, supérieure à 90%. Elles peuvent avoir des difficultés à se réveiller le matin. Elles semblent parfois confuses, combatives ou ataxiques. L’ataxie fait référence au manque de coordination de certaines parties du corps. Cette altération prolongée de l’alerte dans la transition veille-sommeil prend parfois le nom d’inertie du sommeil. L’inertie du sommeil est connue, familièrement, comme “l’ivresse du sommeil”. Elle peut aussi se produire après s’être réveillé d’une sieste.
Au cours de cette période, la personne semble réveillée. Cependant, elle présente une diminution de la capacité motrice et le comportement peut être très inapproprié. Les déficits de mémoire, la désorientation spatio-temporelle et la sensation de vertige sont aussi fréquents.
Cette période peut durer de quelques minutes à plusieurs heures. Le besoin persistant de dormir peut conduire à un comportement automatique que la personne réalise sans le moindre souvenir postérieure. Par exemple, il existe des personnes qui découvrent qu’elles ont conduit pendant plusieurs kilomètres de manière inconsciente après avoir réalisé une conduite “automatique” au cours des quelques minutes précédentes.
Même si le sommeil est long, il n’est pas réparateur
Pour certaines personnes atteintes d’hypersomnie, le sommeil nocturne dure neuf heures ou plus. Cependant, le sommeil n’est pas souvent réparateur et les gens ont du mal à se réveiller après toutes ces heures de sommeil.
Dans ce cas, la somnolence excessive se caractérise par plusieurs siestes involontaires au cours de la journée. Ces siestes diurnes ont tendance à être relativement longues (une heure ou plus) et ne mènent pas à une augmentation du niveau d’alerte (la personne ne se sent toujours pas reposée).
Les siestes diurnes ont presque lieu tous les jours, malgré la longue durée du sommeil nocturne. Par ailleurs, la qualité du sommeil peut être bonne ou mauvaise. Ces personnes ressentent une somnolence au cours d’une large période de temps. Ceci est différent d’une “attaque de sommeil”.
Les épisodes involontaires de sommeil se produisent dans des situations de faible stimulation et de basse activité. Par exemple, ils ont lieu au cours de conférences ou au moment où nous lisons, regardons la télévision ou conduisons sur de longues distances. Dans les cas les plus graves, ils peuvent se manifester dans des situations qui requièrent une grande attention. Des exemples de ces situations sont le travail, les réunions ou les rencontres sociales.
Quels sont les critères pour diagnostiquer un trouble de l’hypersomnie ?
Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), les critères diagnostiques du trouble de l’hypersomnie sont les suivants :
A. L’individu parle d’une somnolence excessive (hypersomnie) alors qu’il a dormi pendant une période principale qui a duré au moins sept heures, avec l’un ou plusieurs des symptômes suivants :
- Des périodes récurrentes de sommeil ou d’attaques de sommeil dans la même journée.
- Un épisode principal de sommeil prolongé, de plus de neuf heures, qui n’est pas réparateur.
- Des difficultés à être totalement éveillé après un réveil brusque.
B. L’hypersomnie se produit au moins trois fois par semaine pendant une durée minimale de trois mois.
C. L’hypersomnie est accompagnée d’un mal-être significatif ou d’une détérioration cognitive, sociale, professionnelle ou de tout autre type au niveau des aires du fonctionnement.
D. L’hypersomnie ne s’explique pas mieux par un autre trouble du sommeil et ne se produit pas exclusivement au cours d’un autre trouble du sommeil (par exemple, narcolepsie ou parasomnie).
E. L’hypersomnie ne peut pas être attribuée aux effets physiologiques d’une substance (par exemple, une drogue ou un médicament).
F. La coexistence de troubles mentaux et médicaux n’explique pas adéquatement la présence prédominante d’hypersomnie.
Par ailleurs, le DSM-5 spécifie trois types de gravité d’hypersomnie :
- Légère : il existe des difficultés au moment de rester alerte au cours de la journée, 1-2 jours par semaine.
- Modérée : il existe des difficultés au moment de rester alerte au cours de la journée, 3-4 jours par semaine.
- Grave : il existe des difficultés au moment de rester alerte au cours de la journée, 5-7 jours par semaine.
Caractéristiques associées à l’hypersomnie qui appuient le diagnostic
Même si nous retrouvons fréquemment un sommeil non-réparateur, un comportement automatique, des difficultés à se réveiller le matin et l’inertie du sommeil au cours de l’hypersomnie, ces symptômes peuvent aussi exister dans d’autres troubles, comme celui de la narcolepsie.
Environ 80% des personnes atteintes d’hypersomnie affirment que leur sommeil n’est pas réparateur. Elles ont des difficultés à se réveiller le matin.
L’inertie du sommeil, même si elle est moins fréquente, est très spécifique à l’hypersomnie. Les siestes courtes (de moins de trente minutes) ne permettent pas de se sentir reposé.
Les personnes qui souffrent d’hypersomnie paraissent souvent endormies et peuvent même s’endormir dans la salle d’attente du médecin.
Une petite part des personnes atteintes d’hypersomnie ont des antécédents familiaux d’hypersomnie. Par ailleurs, elles présentent un symptôme de dysfonctionnement du système nerveux autonome, comme des maux de tête de type vasculaire, une réactivité du système vasculaire périphérique (phénomène de Raynaud) et des évanouissements.
Quelle est la fréquence du trouble de l’hypersomnie ?
L’hypersomnie est diagnostiquée chez approximativement 5-10% des personnes qui se rendent dans les cliniques des troubles du sommeil pour des problèmes de sommeil diurne. Environ 1% de la population globale européenne et nord-américaine a des épisodes d’inertie du sommeil.
L’hypersomnie affecte les hommes et les femmes à une fréquence égale. En d’autres termes, nous sommes face à un trouble qui affecte aussi bien les hommes que les femmes.
Traitement de l’hypersomnie
Le traitement de ce trouble peut se réaliser à travers deux fronts. D’un côté, il existe le traitement pharmacologique. Le spécialiste du sommeil peut prescrire des médicaments spécifiques pour aider le patient à être éveillé plus longtemps.
Ceci est préférable à une prise conséquente de substances psychoactives comme le café. Une ingestion excessive de stimulants peut entraîner de graves conséquences pour la santé, surtout au niveau cardiaque.
Le traitement non-pharmacologique de l’hypersomnie consiste fondamentalement à modifier les patrons de sommeil. Pour cela, on pratique un entraînement au niveau du contrôle des stimuli, dans le but d’apprendre à la personne à détecter à quel moment sa somnolence débute. Elle doit alors réaliser une série d’exercices pour l’aider à être plus active.
On utilise aussi des techniques qui facilitent le maintien d’une bonne concentration. Ainsi, le mindfulness pourrait être conseillé. Enfin, les techniques d’hygiène du sommeil sont très importantes. À travers l’hygiène du sommeil, on apprend au patient à établir des conditions de sommeil qui l’aident à mieux se reposer.
Ces normes d’hygiène du sommeil font référence à des facteurs environnementaux (température de la chambre, lumière, etc.), des facteurs alimentaires (ne pas ingérer certains aliments avant d’aller dormir) et d’autre types de facteurs qui jouent au niveau du repos. Ainsi, l’hypersomnie est une condition médicale ou psychologique qui peut être traitée. Si, en lisant les critères diagnostiques, vous estimez que vous pouvez souffrir d’hypersomnie, nous vous conseillons de consulter votre médecin. Souvenez-vous que seul un professionnel peut réaliser ce diagnostic.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.