L'hormèse, ou pourquoi de petites doses de stress sont bonnes pour la santé

Pourquoi prendre moins d'antibiotiques que la dose prescrite est-il contreproductif ? Pourquoi, si l'exercice physique produit de grandes quantités de radicaux libres, finit-il par freiner le vieillissement ? Nous allons vous l'expliquer dans cet article !
L'hormèse, ou pourquoi de petites doses de stress sont bonnes pour la santé
Sergio De Dios González

Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González.

Écrit par Edith Sánchez

Dernière mise à jour : 07 janvier, 2023

L’hormèse est un principe évolutif selon lequel l’exposition à une petite dose d’un agent nocif ou toxique active la capacité du corps à s’adapter à des doses plus élevées du même stimulus. Comme le célèbre dicton le dit : « ce qui ne tue pas rend plus fort ».

Le concept d’hormèse, jusqu’à présent, est applicable à différents stimuli négatifs. On sait que c’est un principe qui fonctionne avec les poisons, la chaleur, les radiations, les antibiotiques, les métaux lourds, les oxydants, l’exercice et la restriction alimentaire, entre autres. Tous ces éléments génèrent du stress dans l’organisme mais, à faible dose, ils deviennent une sorte d’antidote aux dommages.

Le sujet de l’hormèse suscite encore des débats parmi les scientifiques, pas tant à cause de sa validité mais à cause de sa portée. La vérité est que ce même principe est applicable au stress psychologique. Cela signifie que cet état réitéré nous préparerait à faire face avec plus de succès à des situations très stressantes.

« C’est en cela que consiste l’hormèse, un mot qui vient du grec et qui signifie “stimuler”. Une dose élevée de presque tout tue, mais une faible dose est plus saine que zéro ».

-Dario Pescador-

Homme souffrant de stress au travail
Le processus d’hormèse explique pourquoi la dose de stress, et non le stress lui-même, produit certains effets.

Une histoire sur l’hormèse

Le concept d’hormèse en tant que tel est nouveau, mais c’est un principe que l’on devinait depuis longtemps. L’histoire suivante le corrobore. Le roi Mithridate le Grand, qui régna sur le Pont un siècle avant notre ère, était un expert en poisons.

Dès son plus jeune âge, il avait commencé à essayer des poisons de toutes sortes, en très petites quantités. Il n’était pas le seul à pratiquer cela, mais il est devenu l’un des plus célèbres. La vérité est que lorsqu’il a été vaincu par Pompée, dans ce qui serait sa dernière bataille, il a tenté de se suicider avec du poison mais cela n’a eu aucun effet. C’est pourquoi il a dû demander à un mercenaire de le transpercer avec son épée.

L’anecdote est devenue si célèbre qu’aujourd’hui, cette pratique est connue sous le nom de « mithridatisme ». Dans des pays comme le Brésil et l’Australie, certaines personnes ont atteint une immunité complète contre les venins de serpents et autres vipères en suivant la même procédure que Mithridate. C’est la première preuve que l’hormèse est une réalité.

C’est une question de méthode

L’approche qui a été imposée contre l’exposition à des agents ou à des situations toxiques est d’éviter de le faire. Cependant, le principe de l’hormèse contredit ce postulat. Les exemples à cet égard sont nombreux. L’un d’eux est celui des personnes dépendantes à l’héroïne. Pour quelqu’un qui ne l’est pas, une dose de seulement 200 millilitres est mortelle. Or, ceux qui consomment régulièrement cette substance tolèrent jusqu’à trois fois cette dose.

Une chose similaire a été observée parmi les survivants des bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki, comme l’indique une étude. Ceux qui se trouvaient près du point d’impact ont été tués, gravement blessés ou ont développé un cancer dans les années qui ont suivi. En revanche, ceux qui en étaient loin ont eu moins de cas de cancer que les Japonais en général.

L’ensemble nous ramène à la vieille thèse de Paracelse : « Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison ». Ou à un nouveau postulat qui fait peu à peu son chemin : le stress est bon pour la santé. La clé est dans la dose. S’il est fort et isolé, il peut faire des dégâts. S’il est modéré et périodique, il semble générer des effets adaptatifs.

Jeune homme japonais stressé
Le stress à petites doses peut être adaptatif.

Tirer profit de l’hormèse

Il existe des pratiques qui génèrent du stress pour l’organisme et qui, malgré cela, sont saines. Parmi elles, arrêter de manger à travers le jeûne intermittent, par exemple. De même, l’exercice ou le changement brusque de température (chaleur/froid) que l’on utilise fréquemment pour la guérison des blessures.

Selon certaines études, les mitochondries deviennent plus résistantes à l’oxydation lorsque le niveau de radicaux libres augmente. Cela semble contradictoire au premier abord, mais cela a été scientifiquement vérifié. C’est pourquoi l’exercice, qui cause du stress à l’organisme, aide à ralentir le vieillissement.

Il est important de souligner que l’hormèse n’est efficace que lorsque l’on applique la bonne dose de radiations, de toxines, d’exercice, de jeûne, etc. Une dose ou une fréquence plus faible est nocive, de même qu’une dose plus élevée. Ce qui est clair, c’est que de petites doses fréquentes de stress sont saines.


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