David G. Cooper, le premier antipsychiatre
David G. Cooper a lui-même étudié la psychiatrie. Il a travaillé dans différents hôpitaux de Londres et a été en contact direct avec des patients diagnostiqués de schizophrénie.
À partir de son expérience et grâce à l’influence d’autres penseurs, il a écrit plusieurs œuvres considérées comme centrales dans le mouvement antipsychiatrique.
“En réalité, nous n’apprenons pas à l’enfant à survivre dans la société mais comment s’y soumettre.”
-David G. Cooper-
C’est précisément David G. Cooper qui a utilisé pour la première fois le terme “antipsychiatrie” ou “contre-psychiatrie”. Avec ces mots, il faisait référence à ce groupe d’intellectuels qui trouvaient de graves déficiences théoriques et pratiques dans la psychiatrie. On doit diverses théories à Cooper qui remettent en cause la psychiatrie et qui, jusque là, n’ont pas été invalidées.
L’histoire de David G. Cooper
David G. Cooper est né à Capetown (Afrique du Sud) en 1932. Il avait la nationalité britannique. Selon ses propres termes, sa famille était “commune”. Il n’a donc pas eu de grandes surprises au cours de son enfance et adolescence. Cooper a étudié la musique mais a fini par découvrir que sa véritable vocation était la médecine. Il a donc fait ses études dans ce domaine et a été diplômé en 1955.
À cette époque, l’Afrique du Sud était en plein apartheid. Cooper, qui était contre la ségrégation, a pratiqué la médecine dans des centres médicaux réservés exclusivement aux Noirs. Il a ensuite déménagé à Londres, où il a travaillé dans différents hôpitaux en tant que psychiatre.
Il s’est marié avec une femme française, avec qui il a eu trois enfants. Plus tard, il a eu une relation sentimentale sporadique avec Juliet Mitchell, leader du mouvement féministe anglo-saxon. Elle aussi était spécialiste en psychanalyse lacanienne. Cette relation a eu une grande influence sur Cooper.
L’expérience à la Villa 21
David G. Cooper travaillait dans un hôpital psychiatrique de Londres. Un célèbre programme y a été créé dans le Pavillon 21 et a reçu le nom de “Villa 21”. Il y a traité un grand nombre de patients schizophrènes et c’est cette pratique qui l’a mené à s’écarter complètement de la psychiatrie.
Cooper a commencé à remettre en question les idées d’Eugen Bleuter, principal instigateur des traitements psychiatriques en vogue à cette époque. Il a énoncé l’idée selon laquelle la schizophrénie ou “folie” n’était pas une maladie mentale mais une expérience ou un passage. En d’autres termes, il s’agit d’une sorte de “voyage” hors de la réalité, dont on peut toujours revenir.
David G. Cooper a indiqué qu’il existait trois types de “folie”. Les voici :
- La démence. Il s’agit du nom qu’il donnait à la “schizophrénie” provenant des conditions sociales désastreuses dans lesquelles devaient vivre certaines personnes.
- Le voyage intérieur. Il appelait ainsi le processus de rupture avec les expériences passées aliénantes et la nouvelle structuration d’un projet de vie personnel.
- La démence sociale. Elle correspond à une réponse désorganisée face à des environnements “malades” comme la famille, le travail, etc. La folie serait la seule porte de sortie possible.
L’antipsychiatrie
David G. Cooper a réalisé des “expériences” osées dans la Villa 21. En fait, il a cessé de donner des médicaments à de nombreux patients. Selon lui, ils “allaient en enfer” puis en revenaient. Il s’agissait d’un “passage à l’acte”. Cooper pensait que s’ils retournaient vers ces zones archaïques de leur être, ils guériraient. Il a généré de grandes polémiques mais, en même temps, a aussi prouvé que la schizophrénie pouvait se soigner. Or, ce fait était jusque là inconcevable.
À partir de là, David G. Cooper est devenu une référence mondiale dans le domaine de l’antipsychiatrie. Il a entamé un travail de longue haleine dans le monde entier pour défendre ses thèses. Pour cela, il a été accompagné par R. D. Laing et Herbert Marcuse. Un peu plus tard, il s’est installé à Paris où il a travaillé avec des figures comme Michel Foucault, Gilles Deleuze et Robert Castel en faveur des droits humains, dans différents domaines du champ médical et social.
Il s’est peu à peu transformé en une sorte d’icône des plus défavorisés. Son aspect a même changé: il a fini par avoir une grande barbe avec des vêtements exotiques. Il scandalisait tout en fascinant et n’a jamais cessé de lutter pour rompre les schémas de pensée traditionnelle. David G. Cooper est décédé à 55 ans, en laissant derrière lui une trace éternelle.
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