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Connaissez-vous la théorie de la vie active de Hannah Arendt ?

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Connaissez-vous la théorie de la vie active de Hannah Arendt ?
Dernière mise à jour : 01 août, 2017

Hannad Arendt était une philosophe allemande d’origine juive. Elle a commencé ses études auprès du célèbre philosophe allemand Martin Heidegger, mais à l’arrivée du régime nazi, elle a été obligée de fuir aux États-Unis.

Hannad Arendt a développé une philosophie politique qui se concentrait sur les problèmes contemporains, comme les totalitarismes et la violence.

Parmi ses œuvres, on trouve celles qui font référence aux processus qui mènent les personnes à commettre des actes atroces sous les régimes totalitaires. L’un de ses succès a été d’affirmer que beaucoup des membres du parti nazi étaient des personnes normales qui, sous certaines conditions, avaient réalisé des actes impardonnables (actes qu’elles n’auraient jamais réalisé sous d’autres conditions et dans lesquels elles ne se reconnaîtraient même pas).

Cette affirmation lui a valu beaucoup de critiques. Car elle a dit quelque chose qui a gêné : beaucoup des personnes qui ont torturé, maltraité et assassiné n’étaient pas de mauvaises personnes, mais d’une certaine manière, influencées par les circonstances. Cela lui a aussi valu la perte d’ami-e-s, mais elle s’est toujours défendue car elle croyait à ce qu’elle disait.

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Si ses affirmations peuvent nous sembler lointaines, elles jouissent pourtant d’une certaine modernité. Dans l’imaginaire collectif, se trouve encore l’idée que les terroristes sont fous/folles. Si l’on suit les théories de Hannah Arendt, on peut affirmer que plus que la santé psychologique, ce sont d’autres facteurs qui conduisent les personnes à opter pour le chemin de la violence dans une organisation.

Les trois conditions humaines dans la théorie de Hannah Arendt

Dans la théorie de Hannah Arendt, il existe trois conditions fondamentales de la vie humaine. Les voici : la vie, la mondanité et la pluralité. Le développement de ces trois activités correspond à la vie active.

Le fait de produire est l’activité qui correspond aux processus biologiques du corps humain. Par exemple, le fait de manger ou dormir. Ce sont des activités nécessaires pour vivre, mais qui ne perdurent pas. Elles sont épuisées au moment où elles sont réalisées ou consommées. Ces besoins sont vitaux pour la survie et nous ne pouvons pas nous en passer, ce qui fait qu’il n’y a plus de place pour la liberté.

La seconde activité de la vie active est le travail. C’est l’activité qui produit des œuvres et des résultats, et qui inclut la construction, l’artisanat, le métier, l’art et en général, les artifices. Elle se réfère à des activités comme la fabrication d’instruments ou d’objets d’usage, en plus des œuvres d’art. Avec cette activité, on essaie de contrôler la nature.

Par le travail, on construit le monde indépendant d’objets à partir de la nature. Cette activité crée un monde artificiel comme par exemple le foyer. On la différencie de la production car les objets que l’on obtient sont durables, le résultat du travail est quelque chose de productif et fait pour être utilisé, pour être consommé.

Dans la dernière activité, l’action est construite par les individus dans ce qu’ils sont, et c’est ainsi qu’ils se différencient des autres. Cette activité permet l’apparition de la pluralité qui fait que nous percevons les différences avec les autres. C’est ainsi qu’apparaît l’identité, à partir de la différence entre l’agissant et l’autre. Il n’y a que par l’action que les individus naissent et que le privé devient public car il se partage avec les autres. En agissant et en parlant, les personnes montrent qui elles sont.

Espaces d’action

Chacune de ces activités se développent dans un espace propre : la sphère privée (produire), la sphère sociale (travailler) et la sphère publique (agir). La distinction entre les sphères publique et privée se base sur la tradition de la polis grecque. La sphère du privé est caractérisé par le foyer. Dans cette sphère, on ne peut pas parler ni de liberté ni d’égalité, mais d’une communauté de besoins vitaux. Dans cette sphère, on pratique la production. La sphère privée est un espace naturel face à l’artificialité de l’espace public.

L’espace public est l’espace de l’action et du discours, par lesquels on se montre face aux autres, qui confirment notre existence. Le public se réfère à un monde partagé, créé par des objets fabriqués et des actions qui créent des objets non tangibles comme les lois, les institutions ou la culture. Cet espace créé apporte de la permanence, de la stabilité et de la durabilité aux actions et aux objets. Face à la fragilité de l’action, l’espace public est doté de stabilité via la mémoire. L’espace public contient aussi les intérêts publics, différenciés des intérêts privés.

Cependant, cette distinction s’est estompée avec l’apparition d’une autre sphère, celle du social. Cette sphère est le produit de l’apparition des relations propres au marché d’échange dans une économie capitaliste. Le système socio-économique capitaliste implique l’entrée de l’économie dans l’espace public, qui est définie par les intérêts publics et par le fait que les intérêts privés acquièrent une signification publique.

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Les conséquences de la perte de la voix

Le problème qui apparaît avec l’intrusion de l’économie dans l’espace public est que la sphère privée, qui est nécessaire car c’est un refuge, remplace la sphère publique. Par conséquent, les intérêts privés et les liens naturels occupent le lieu public du commun. L’espace public et l’action citoyenne sont donc complètement désarticulés.

Le triomphe de l’individu se désintéressant de la vie publique, centré sur ses intérêts privés et la sécurité des siens à n’importe quel prix consiste en l’une des bases du totalitarisme. Cet individu est le contraire du citoyen, celui qui conserve un engagement actif envers le monde et l’espace public.

D’autre part, l’individu “privé” est un individu isolé concernant ses intérêts de confort et de consommation. Cet individu possède les caractéristiques propices pour tomber dans le conformisme social et politique. Cependant, le totalitarisme n’abolit pas uniquement la vie publique, il détruit aussi la vie privée, reléguant les individus à une solitude infinie.

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