The Rocky Horror Picture Show : révolution et libération sexuelle

The Rocky Horror Picture Show : révolution et libération sexuelle
Leah Padalino

Rédigé et vérifié par critique de cinéma Leah Padalino.

Dernière mise à jour : 10 novembre, 2022

The Rocky Horror Picture Show est une comédie musicale créée par Richard O’Brien, laquelle fut adaptée au cinéma en 1975 et est considérée comme un film culte. Le film est accompagné d’une bande sonore qui est devenue un classique ; il a en outre ouvert la voie aux acteurs Susan Sarandon et Tim Curry.

The Rocky Horror Picture Show est un film particulier depuis le début, il oscille entre  la comédie et la science-fiction, parodie les films de série B et les vieux films d’horreur. Sa présentation est intimement liée au mystère et à la terreur, mais avec un certain air “minable”, surréaliste et comique qui en fait un film très spécial.

Il ne fut pas très bien accueilli lors de sa première, mais avec le passage du temps en l’a progressivement converti en un mythe qui perdure aujourd’hui encore. Il s’agit d’un film que nous ne devrions pas prendre trop au sérieux, qui nous plonge dans un environnement carnavalesque et atypique. Il peut nous plaire ou non, mais il ne laisse personne indifférent.

La folie commence

De criardes lèvres rouges chantent la chanson qui débutera le film, une introduction presque hypnotique qui attire notre attention, qui rappelle les vieux films d’horreur de série B et qui nous prépare à ce qui va suivre.

L’histoire dispose d’un criminologue, qui sera le narrateur, lequel nous avertit que nous allons assister à quelque chose de fantasmagorique et totalement inhabituel. Il nous présente à un jeune couple de fiancées Brad et Janett, ces personnages étant l’exemple parfait de ce qui était “bien vu” et socialement accepté à l’époque. Tout cela, pris à l’extrême, dans la mesure où nous sommes dans un film où le juste milieu brille par son absence.

Le jeune couple s’est promis de ne pas avoir de relations sexuelles avant le mariage, Brad demande à Janet de l’épouser lors du mariage d’un ami. Nous voyons ces personnages assez ridiculisés, déclarant leur amour d’une manière si “niaise” que cela nous semble plus comique que romantiqueTous deux décident de rendre visite à un ancien professeur, le Docteur Everett Scott, pour lui annoncer la bonne nouvelle.

Ils rencontrent en chemin une forte tempête et ne peuvent pas continuer leur voyage. Perdus au milieu de nulle part ils aperçoivent une lumière et se sentent soulagés d’avoir la possibilité de demander de l’aide. Mais en fait rien n’est plus éloigné de la réalité, le destin les conduisant à un étrange et sinistre château dont les habitants sont plus que particuliers.

Nous rencontrerons ici Magenta et Riff Raff, deux serviteurs du château, Columbia et le Dr Frank-N-Furter, un étrange scientifique travesti. Frank-N-Furter, allusion claire à Frankenstein, invite les nouveaux venus à sa grande fête, étant donné qu’ils sont arrivés un jour très spécial, celui où il va présenter au monde à sa nouvelle création, Rocky : un jeune homme, blond et musclé.

Brad et Janet tenteront désespérément de comprendre la situation car ils sont impliqués dans une sorte de fête où tous sont des extraterrestres provenant de la planète Transsexuelle de la galaxie de Transylvanie. Chose tout à fait normale, allons.

Libération sexuelle dans The Rocky Horror Picture Show

Le sexe fut un sujet tabou pendant longtemps, et même aujourd’hui encore dans certains milieux, mais il s’agit de quelque chose d’inné, de quelque chose qui va au-delà de tout tabou imposé. La répression et la libération sexuelle joueront un rôle fondamental dans le film, tout comme l’acceptation de l’homosexualité, de la bisexualité, de la transsexualité

Sur fond de comédie, le film nous montre une sorte de monde à l’envers, où la normalité n’est pas d’être hétérosexuel ; là où Brad et Janet, socialement acceptés dans leur monde, seront des étrangers. Autrement dit, le film a transformé ce qui était considéré comme “normal” en quelque chose d’étrange et normalise ce qui est différent.

Il s’agit d’un contraste, d’un affrontement brutal entre les deux mondes, de deux extrêmes totalement opposés. Nous ne devons pas perdre de vue que le film date de 1975 et que, pour l’époque, il  s’agissait de quelque chose de totalement novateur ; il sortait de tous les standards et, même aujourd’hui, nous le trouvons quelque peu particulier. Il s’agit d’un film qui ouvrira la voie pour explorer d’autres réalités et permettre la création d’autres comédies musicales, telles que Priscilla, folle du désert .

La normalisation, la libération sexuelle est un peu tardive, elle eut lieu à la fin du XXe siècle et, même aujourd’hui, il reste encore beaucoup à faire dans la mesure où subsistent encore de nombreux préjugés, tabous, ainsi qu’une certaine discrimination envers les gais, bisexuels ou transgenres. Mais, en a-t-il toujours été ainsi ?

Il est curieux que nous puissions être scandalisés par des œuvres telles que  50 nuances de Grey , qu’elles génèrent une controverse et que nous les percevions comme que quelque chose de nouveau alors que, déjà au Moyen-Age, nous trouvions des histoires comme celles de Rustique et Alibech dans le  Decameron  de Boccace, dont la lecture est beaucoup plus inconfortable et scandaleuse que les 50 nuances de Grey. Dans la même lignée, bien qu’encore plus terrifiant, nous avons le marquis de Sade et ses 120 jours de Sodome du XVIIIe siècle, où la torture, le sexe, la coprophagie et tout ce que l’esprit humain ne peut même pas imaginer sont très présents. Michel Foucault explore tout cela en profondeur dans son oeuvre, divisé en trois volumes, Histoire de la sexualité.

“Si le sexe est réprimé, c’est-à-dire, destiné à la prohibition, à la non-existence et au silence ; le simple fait de parler de lui et de parler de sa répression a un air de transgression délibérée.”

-Michel Foucault, Histoire de la sexualité-

De l’invisibilité au culte

Nous pourrions dire qu’il existait une certaine invisibilité ou un coup d’arrêt dans la décennie où le film est sorti en salle pour aborder la question de la sexualité et The Rocky Horror Picture Show a utilisé la parodie, le cinéma et la musique pour en parler à nouveau. Le film n’a même pas été diffusé dans tous les cinémas, il n’a pas été très bien accepté. Cependant, avec le temps, il fut l’objet d’une revendication.

La revendication était telle que certains cinémas projetaient uniquement ce film et le faisaient de manière particulière :le public participait et imitait certaines scènes des personnages. Il devint une véritable tradition, où des acteurs étaient embauchés, le public venait déguisé et ils interagissaient avec le film lui-même.

Il faut préciser que cette tradition se poursuit encore aujourd’hui, que ce film est encore en vie et est encore diffusé dans certaines salles de cinéma dans nos villes. De telles nuits sont encore organisées, les personnes se déguisent encore et se jette du riz lorsque apparaît la scène du mariage, ou bien le public se couvre la tête d’un journal lorsque Brad et Janett le font pour se protéger de la pluie. Il existe des clubs de fans du film, lesquels ont traversé les générations, et il existe en outre un culte incroyable autour de cette comédie musicale.

The Rocky Horror Picture Show

Le plus spectaculaire est que ceci n’est pas le fruit d’une intervention médiatique, mais le résultat du bouche à oreille, par les mêmes personnes qui ont commencé à interagir, à danser le Time Warp et à aller déguisées aux projections du film.

L’impact de The Rocky Horror Picture Show est tel qu’une adaptation télévisée a été réalisée en 2016, dont la nouveauté est l’inclusion d’une actrice transsexuelle, Laverne Cox, dans le rôle de Frank-N-Furte, et l’intervention de Tim Curry, le Frank-N-Furter de 1975. Par ailleurs, la série Glee a présenté un épisode où elle lui rend hommage, et nous  pourrions continuer à citer un nombre incalculable d’hommages et de référence à ce film particulier.

The Rocky Horror Picture Show  est une comédie musicale qui ne passe pas de mode, qui est toujours d’actualité, qui entraîna une révolution et une libération sexuelle dont l’essence perdure de nos jours. Il s’agit d’un de ces films pour lequel nous découvrons, chaque fois que nous le visionnons, quelque chose de nouveau ou que nous avions oublié. Il créa un nouveau style quant au fait d’aller au cinéma et de regarder un film, sa bande sonore a laissé sa marque et a ouvert la voie à toute une série de films et de comédies musicales qui continueraient sur cette voie. Il s’agit incontestablement d’un film qui doit être vu au moins une fois dans sa vie.

“Les humains ne sont que des insectes rampant à la surface de la planète.”

-Criminologue, The Rocky Horror Picture Show-

 


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