Sensation de présence : y a-t-il quelqu'un d'autre avec nous ?

Sensation de présence : y a-t-il quelqu'un d'autre avec nous ?
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 17 février, 2018

Vous avez peut-être déjà senti qu’il y avait quelqu’un dans la pièce où vous vous trouviez alors que vous étiez seul. Cette sensation de présence, cette impression qu’un être se trouve à proximité, est un phénomène qui se produit plus fréquemment que ce que l’on pense. Mais cela ne le rend pas moins effrayant.

Le phénomène dont nous parlons est vécu comme une chose très réelle. Les personnes qui en font l’expérience sentent qu’il y a quelqu’un près d’elles, même si elles ne peuvent pas le voir. La personne a la sensation de ne pas être seule alors qu’il n’y a personne autour d’elle. Elle n’est pas non plus capable d’identifier clairement un stimulus qui confirme cette sensation, comme une voix, une musique ou un autre signe similaire.

femme qui a peur

Y a-t-il vraiment un fantôme à côté de vous ?

Les chercheurs ont essayé d’expliquer ce phénomène d’une façon rationnelle et scientifique. Pour cela, ils ont mis au point une expérience au cours de laquelle certaines personnes peuvent “ressentir” cette présence. Les scientifiques ont recruté 48 volontaires sains d’esprit qui n’avaient jamais eu cette sensation de présence, dans le but de changer certains signaux neuronaux dans diverses régions de leur cerveau.

Avec les yeux bandés, les sujets devaient manipuler un robot avec leurs mains. En même temps, un autre robot traçait les mêmes mouvements dans le dos des volontaires. Le résultat fut le suivant : quand les mouvements se produisaient en même temps, les individus ne sentaient rien d’anormal.

Cependant, quand les mouvements ne se produisaient pas en même temps, un tiers de ces personnes affirmaient sentir la présence d’un fantôme dans la pièce. Certains individus eurent même tellement peur qu’ils demandèrent à ce qu’on leur retire le bandeau des yeux et qu’on arrête l’expérience.

Cette même équipe de chercheurs réalisa un scanner du cerveau à 12 personnes avec des altérations neurologiques qui avaient déjà eu cette sensation de présence. L’objectif était de déterminer quelle partie du cerveau était associée à ce phénomène. L’expérience confirma que les parties impliquées étaient celles associées à la conscience de soi, au mouvement et à la position du corps dans l’espace.

femme avec robot

Le cerveau est le seul responsable de la sensation de présence

Les résultats des recherches antérieures mettent en avant le fait que les mouvements du robot changent de manière temporaire la fonction cérébrale dans les régions mentionnées. Quand les personnes sentent la présence d’un fantôme, en réalité, le cerveau est confus. Il calcule mal la position du corps et l’identifie comme s’il appartenait à une autre personne.

Quand le cerveau présente une anomalie neurologique ou quand il est stimulé par un robot, il peut créer une seconde représentation du corps. Cela est perçu comme une présence étrangère par l’individu. Cette présence réalise les mêmes mouvements que les individus et maintient la même position.

“L’esprit humain fonctionne comme un tout et ce ne sont pas les sens mais le sujet qui perçoit.”

-J.L. Pinillos-

La psychologie de l’imagination

La psychopathologie de l’imagination et de la perception constitue un thème central pour la recherche psychopathologique. En fait, les recherches psychologiques ont donné lieu à un bon nombre de théories explicatives sur la perception et l’imagination. Malgré tout, ces théories différent sur de nombreux aspects.

L’illusion est un clair exemple du fait que la perception n’est pas “objectivement” déterminée. La perception n’est pas seulement influencée par les caractéristiques physiques du stimulus à percevoir. Au cours du processus de perception, l’organisme réagit aux stimuli sur la base de ses prédispositions, attentes et expériences antérieures.

“D’une certaine façon, nous sommes capables d’anticiper l’information que nous offre le contexte.”

-Amparo Belloch-

Tout cela nous pousse à affirmer que notre processus de perception n’est pas uniquement guidé par les données mais aussi par nos idées, nos jugements et nos concepts. Par exemple, si nous croyons aux fantômes, au moment de faire l’expérience de la sensation de présence, nous croirons réellement qu’un fantôme a fait acte de présence à nos côtés.

Mais comment savons-nous si certains événements se produisent pour de vrai f? Comme Helmohltz l’a signalé il y a plus d’un siècle, la raison pour laquelle les objets nous semblent rouges, verts, froids ou chauds ne devrait pas être si évidente. Ces sensations appartiennent à notre système nerveux et pas à l’objet en lui-même.

cerveau

Par conséquent, il est étrange de percevoir les objets “à l’extérieur” alors que le processus, qui est notre expérience immédiate, se produit “à l’intérieur”. Cependant, d’autres classes d’expériences telles que les rêves, l’imagination ou la pensée, sont expérimentées “à l’intérieur”.

Il est important de se rappeler que, dans l’acte de perception, deux choses interviennent: le jugement et l’interprétation. Cela implique que les inexactitudes perceptives et les tromperies ou erreurs des sens soient aussi normales que le contraire, du moins en termes de probabilité (Slade y Bentall, 1988).

La sensation de présence est un biais de perception

Les troubles de la perception et de l’imagination sont normalement classés en deux groupes: les biais et les tromperies perceptives (Hamilton, 1985; Sims, 1988). Les biais perceptifs ne sont possibles qu’à travers le concours des sens. Ces biais se produisent quand un stimulus qui existe hors de nous est perçu d’une façon distincte de celle que l’on attend.

Par ailleurs, très souvent, les biais de perception trouvent leur origine dans les troubles organiques. Ces troubles sont normalement transitoires et peuvent aussi bien affecter la réception de la part des sens que l’interprétation que réalise notre cerveau.

Dans le cas des tromperies perceptives,  une expérience perceptive nouvelle se produit, qui ne se fonde pas sur des stimuli existant réellement hors de la personne (comme c’est le cas pour les hallucinations). Par ailleurs, cette expérience perceptive a l’habitude de cohabiter avec le reste des perceptions “normales”. Enfin, elle se maintient alors que le stimulus qui produit la perception initiale n’est plus physiquement présente.

Alors, comment classifier la sensation de présence ? Si nous relisons les paragraphes précédents, la sensation de présence pourrait entrer dans le champ des biais perceptifs. Dans ce dernier, on peut établir la classification suivante :

  • Hyperesthésie versus hypoesthésie : anomalies au niveau de la perception de l’intensité (par exemple, dans l’intensité de la douleur).
  • Anomalies au niveau de la perception de la qualité.
  • Métamorphoses : anomalies au niveau de la perception de la taille et/ou de la forme.
  • Anomalies au niveau de l’intégration perceptive.
  • Illusions : c’est à ce niveau que nous aurions affaire à la sensation de présence et aux paréidolies. Les paréidolies font référence au phénomène psychologique consistant à trouver des images, des figures et des visages, en percevant des formes familières là où il n’y en a pas. C’est un jeu très habituel pour les enfants.
femme schizophrène

Est-ce une illusion si je sens la présence d’un fantôme ?

Effectivement, selon les chercheurs et en prenant en compte la classification antérieure, il semblerait que ce soit le cas. Une illusion est un biais de perception, dans la mesure où il s’agit d’une perception erronée d’un objet concret. La vie quotidienne nous offre d’abondants exemples d’expériences illusoires.

Combien de fois avons-nous cru voir l’ami que nous attendions devant le cinéma. Qui n’a jamais entendu des pas derrière lui alors qu’il marchait dans une ruelle obscure et solitaire. Ou qui n’a jamais senti la présence de quelqu’un (que ce soit un fantôme ou non) alors qu’il n’y a en réalité personne dans la pièce.

Si vous avez déjà ressenti cette sensation de présence, ne vous inquiétez pas. Sentir la présence de “quelqu’un” ne signifie pas que vous êtes en train de devenir fou. Ce phénomène peut avoir lieu au cours de certaines situations vitales, que ce soit un cas de fatigue physique extrême ou une immense solitude.

Cependant, la sensation de présence peut aussi être associée à des états d’anxiété et de peur pathologiques, à une schizophrénie, à une hystérie et à des troubles mentaux organiques. Dans ce cas, nous vous recommandons de consulter un spécialiste pour qu’il évalue plus précisément votre cas.

 


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Belloch, A (2008). Manual de psicopatología. McGraw-Hill. Madrid.
  • Persinger, M. A., Tiller, S. G., & Koren, S. A. (2000). Experimental simulation of a haunt experience and elicitation of paroxysmal electroencephalographic activity by transcerebral complex magnetic fields: induction of a synthetic “ghost”?. Perceptual and Motor Skills90(2), 659-674.
  • Eckersley, T. (2018). Sounds Scary. Student Research Proceedings3(2).

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.