Selon une étude, parler de nos objectifs nous empêche de les réaliser

Le spécialiste Derek Sivers affirme que parler de nos objectifs use la motivation qui nous pousse à les réaliser. Plusieurs études menées depuis 1929 soutiennent cette idée. Dans cet article, nous nous centrons sur les mécanismes qui donnent forme à ce phénomène si curieux.
Selon une étude, parler de nos objectifs nous empêche de les réaliser
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 22 mars, 2021

Certaines personnes le présageaient simplement et, étonnamment, elles semblent avoir trouvé des preuves qui confirment leur hypothèse : parler de nos objectifs nous empêche de les réaliser. En réalité, cela n’a rien à voir avec la chance ou le destin. Il existe un fil conducteur qui relie ces deux événements.

Derek Sivers, entrepreneur et chercheur sur le comportement humain, est le premier a avoir abordé le sujet. Il s’est basé sur les études de Kurt Lewin (1926), de Wera Mahler (1933) et de Peter M. Gollwitzer (1982 et 2009).

Par ailleurs, il existe plusieurs études en cours selon lesquelles ceux qui rendent publics leurs objectifs et leurs projets augmentent la probabilité de les concrétiser. Autrement dit, l’hypothèse inverse. Pourquoi cela arrive-t-il ? En quoi le fait de parler de nos objectifs affecte leur concrétisation ?

Si ce n’est pas un succès, change.”

-Derek Sivers-

Un homme qui célèbre son arrivée.

Faut-il parler de nos objectifs ?

Selon Derek Sivers – une direction vers laquelle les neurosciences pointent également – le cerveau humain a quelques « défauts » dans son fonctionnement. L’un des plus importants est qu’il ne distingue pas toujours la réalité de la fictionPar exemple, nous pouvons pleurer en regardant une scène triste d’un film alors que ce qui s’y passe n’est pas réel.

Eu égard à ce biais, le cerveau confond souvent dire et faire. Cela se produit principalement lorsque ce dire est très catégorique ou prolongé. Un objectif est un souhait que l’on visualise, mais que nous n’avons pas encore atteint. C’est la clé : il s’agit d’un souhait. De sorte que cela implique qu’il y a une motivation pour réaliser ce souhait.

Ce qui est « problématique » est que les personnes aiment vraiment parler de leurs objectifs. Parler beaucoup d’un objectif crée une sorte d’illusion. Le cerveau commence à générer la sensation d’avoir atteint cet objectif (il y a une sorte d’anticipation de la jouissance du renforcement qui en diminuerait la valeur). C’est comme obtenir un “résultat simulé”.

La cause du phénomène

Selon les études citées, cela n’est le cas que lorsque nous en parlons avec les autres. Y penser ou les écrire n’affecte pas leur concrétisation, par exemple. Pourquoi le cerveau finit-il par créer cette illusion d’accomplissement lorsque nous parlons de nos objectifs aux autres ?

La réponse est la suivante : parler de nos objectifs à haute voix amène généralement des commentaires. Ainsi, l’objectif peut être traité comme un fait plutôt que comme une projection du futur. Cela génère toute une gamme de sensations qui finissent par « épuiser », pour ainsi dire, l’envie d’atteindre l’objectif en question.

Illustration d'un cerveau.

Ne parlez pas de vos objectifs

On dit généralement qu’il vaut mieux parler de s faits. C’est tout à fait vrai. Si nous parlons moins et faisons plus, notre motivation sera sans doute meilleure. Nous empêcherons ainsi le cerveau de tomber dans son propre piège.

Derek Sivers souligne notamment que si le projet suscite de l’admiration chez les autres, il finit par générer une telle satisfaction qu’atteindre cet objectif perdra de son importance. Il recommande donc ce qui suit :

  • Si vous voulez parler de vos objectifs, faites-le en termes généraux et avec des définitions vagues. Ne mentionnez rien de particulier tant que vous ne l’avez pas réellement atteint.
  • Si vous ne pouvez pas résister à l’envie de parler d’un objectif ou d’un projet, exprimez vos idées de manière à rester redevable envers l’autre. Expliquez clairement que vous n’avez pas atteint cet objectif.

Voici un exemple pour illustrer la première recommandation : « Je mets en œuvre certaines routines pour améliorer ma santé. » Et un autre pour illustrer la deuxième recommandation : « J’envisage de lire un livre par mois. Si nous nous voyons dans un mois et que je ne l’ai pas fait, gronde-moi. »

Essayez donc. Il semblerait qu’utiliser les autres comme éléments de contrôle sous les paramètres indiqués fonctionne.


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  • Kawasaki, G. (2016). El arte de empezar 2.0. Barcelona: Planeta-Deusto.

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