Se confronter à nos propres pensées

Se confronter à nos propres pensées

Dernière mise à jour : 16 novembre, 2016

L’ironie socratique, ou le questionnement de nos propres pensées et croyances, est une méthode philosophique qui a fait l’objet de plus de 2000 études scientifiques au cours de notre histoire.

Cette approche, également appelée maïeutique, est utilisée en psychologie cognitive. Son objectif principal est de remplacer les idées irréalistes par d’autres qui s’ajustent mieux à la réalité.

Nous savons que derrière un état émotionnel exagéré se cache toujours une pensée, également exagérée et fausse, qui en est à l’origine.

Les événements ne déterminent pas directement nos émotions, car il existe toujours une instance intermédiaire dans notre processus cognitif, qui est la seule que nous puissions maîtriser.

D’où vient la théorie de la confrontation des idées ?

Le philosophe Socrate a commencé à débattre de ce sujet avec ses disciples athéniens après une visite à l’oracle de Delphes.

Voilà pourquoi cette méthode s’appelle l’ironie ou le dialogue socratique, même si on lui préfère bien souvent le terme de maïeutique.

Socrate, à travers des questionnements logiques, essayait d’analyser les arguments de ses interlocuteurs dans le but de démontrer s’ils étaient logiques ou déraisonnables.

S’ils ne s’appuyaient pas sur un raisonnement logique, les pensées des personnes questionnées par Socrate finissaient par se contredire. Elles devaient alors admettre un autre point de vue, plus logique et plus rationnel.

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De l’importance d’apprendre à raisonner

Nous avons tous tendance à penser de manière irrationnelle, erronée et exagérée.

Certaines pensées négatives peuvent nous aider à nous prémunir face à certains dangers, à demander de l’aide ou à affronter certaines situations particulières, mais elles sont parfois si éloignées de la réalité qu’elles nous bloquent totalement et nous font aller à l’encontre de nos objectifs.

Il est nécessaire que nous apprenions à raisonner, à penser logiquement, à nous baser sur la réalité et non sur notre propre interprétation de celle-ci.

Dans un cadre thérapeutique, l’ironie socratique est enseignée aux patients afin qu’ils parviennent à questionner leurs propres pensées et interprétations de la réalité, dans le but de rejet leurs idées illogiques et de les remplacer par des réflexions plus saines, qui provoquent des émotions plus positives.

Comment suivre les enseignements de la maïeutique ?

Comme nous l’avons expliqué plus haut, questionner nos propres interprétations de la réalité signifie nous interroger sur la rationalité et la logique de nos pensées.

Nous devons apprendre à reconnaître si elles sont en accord avec la réalité ou si nous sommes victimes de nos propres croyances déraisonnables.

Nous devons prendre en compte le fait que la réalité que nous percevons avec nos cinq sens est celle à laquelle nous devons nous fier.

Si nous nous faisons la réflexion qu’il pleut, et que nous la remettons en question pour déterminer sa véracité, nous devons arriver à la conclusion que c’est une pensée logique et vraie.

Pour bien appliquer la maïeutique, voici les questions que vous devez vous poser.

  • Quelles preuves vous indiquent qu’une pensée est véridique ? Dans l’exemple simple que nous avons pris, les preuves sont la chaussée mouillée, l’eau qui tombe du ciel et l’utilisation par les passants de parapluie, pour n’en citer que quelques-unes.
  • Quelles preuves vous indiquent qu’une pensée est fausse ? Dans le cadre de notre exemple, il n’y en a pas. Tous les faits corroborent et démontrent qu’il pleut.
  • D’autres interprétations de la réalité sont-elles possibles ? Ici, ce n’est pas le cas. Tout vous indique qu’il pleut.

Grâce à ces questions, nous mettons à l’épreuve notre réflexion, afin de déterminer si elle est réaliste, logique et raisonnable.

Mais, que se passe-t-il avec les pensées négatives et irrationnelles ? Nous nous sommes tous dit, à un moment de notre vie, l’une des phrases suivantes : “Je suis inutile“, “Je ne comprends pas pourquoi cela m’est arrivé à moi” ou “Ma vie n’aura plus jamais de sens“.

Le raisonnement scientifique et la pensée

Le processus de raisonnement est le même : nous devons confronter nos idées à la réalité, en nous posant les mêmes questions qu’un scientifique se poserait pour déterminer la véracité d’un fait.

 
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Pour autant, les patients qui peinent se défaire de leurs pensées négatives vont toujours avoir le réflexe de développer des arguments qui valident leur réalité.

Si vous pensez “Ma vie n’aura plus jamais de sens“, voici ce que vous devez vous demander.

  • Quelles preuves vous indiquent que cette pensée est véridique ? Vous avez perdu quelque chose ou quelqu’un qui était très important pour vous.
  • Quelles preuves vous indiquent que cette pensée est fausse ? Vous ne pouvez savoir avec certitude si votre vie aura à nouveau un sens. Vous ne pouvez donc pas anticiper de quoi sera fait votre avenir.
    D’un autre côté, le fait d’avoir perdu quelque chose ou quelqu’un d’important ne veut pas dire que toute votre vie perd son sens, car il y a encore de nombreuses choses dont vous pouvez profiter.
  • D’autres interprétations existent-elles ? Oui, car si vous venez de subir un contre-temps important dans votre vie, cela ne veut pas dire qu’elle a perdu tout son sens. Rien ne démontre qu’une perte physique et émotionnelle implique une perte de sens. C’est un moment difficile à vivre, mis pas insurmontable.

S’interroger pour mieux se connaître

Il existe de nombreuses questions qui peuvent nous permettre de mettre à l’épreuve la validité empirique de certaines pensées négatives.

Certaines nous permettent de décortiquer nos arguments, comme nous venons de le voir, tandis que d’autres nous permettent de tester l’utilité de nos pensées ou de déterminer la gravité réelle des événements qui nous accablent.

Plus nous nous posons de questions qui nous démontrent que la réalité n’est pas telle que nous la dépeignons, plus notre perception des choses s’améliorera.

L’objectif est de nous convaincre de la distorsion de la réalité que nous mettons en œuvre.

Nous sommes anxieux, certes, mais nous n’avons pas de preuves qui nous permettent d’affirmer que nos pensées négatives sont valides.

Si vous mettez en pratique le dialogue socratique au quotidien, vous finirez par le maîtriser et par interpréter le monde d’une manière bien plus saine et rationnelle.

Cela vous permettra d’avoir des émotions plus apaisées, qui vont vous aider à affronter vos problèmes plus sereinement.

La clé est de persévérer avec cette méthode, pour que vous l’intégriez complètement et qu’elle devienne une sorte de réflexe cognitif.

 


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