Qu'est-ce que le syndrome de psychose atténuée ?

Le syndrome de psychose atténuée est rentré dans le manuel DSM-5 en tant que trouble susceptible d'évoluer vers la schizophrénie ou vers un autre trouble mental. Est-ce qu'il pourrait être le signe précurseur de l'un d'entre eux ?
Qu'est-ce que le syndrome de psychose atténuée ?

Dernière mise à jour : 20 juillet, 2021

Connaissez-vous le terme de syndrome de psychose atténuée ? Il s’agit d’une nouvelle proposition de diagnostic qui fait l’objet de recherches plus approfondies et qui figure dorénavant dans le dernier DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux).

Ce syndrome se caractérise par des symptômes psychotiques atténués qui provoquent néanmoins de la détresse et des interférences. Nous sommes nombreux à connaître les troubles psychotiques les plus courants, tels que la schizophrénie ou le trouble délirant.

Toutefois, on a constaté l’existence d’une symptomatologie atténuée. Cette dernière en effet ne répond pas aux critères d’un trouble psychotique, mais elle pourrait en être le premier “pas”. C’est ce à quoi le DSM-5 fait référence avec ce “nouveau” diagnostic possible.

Le syndrome de psychose atténuée et le DSM-5

Le syndrome de psychose atténuée est classé comme tel dans le DSM-5. Il se trouve dans la rubrique “Autres troubles psychotiques”.

Plus précisément, il figure dans la section 3 du DSM-5. Il s’agit d’une annexe du manuel qui comprend, entre autres, de nouvelles catégories de diagnostic possibles pour lesquelles les éléments de preuve sont encore en cours d’évaluation.

Dans le cas du syndrome de psychose atténuée, nous parlons d’un syndrome à risque pour les groupe de personnes sujettes au risque psychotique. Par exemple, les adolescents qui présentent des troubles de la pensée ou des perturbations sensorielles et perceptives.

Ces adolescents ne répondent pas aux critères de diagnostic d’un trouble psychotique. Cependant, selon ce syndrome, ils pourraient en développer un à l’avenir.

Une fille perdue.

Les critères diagnostiques du syndrome de psychose atténuée

Il ne s’agit donc pas d’un nouveau diagnostic officiel, mais d’une proposition pour une étude plus approfondie (APA, 2013). Ce syndrome pourrait devenir une nouvelle catégorie diagnostique à l’avenir. Mais en quoi consiste exactement le syndrome de psychose atténuée ? Selon le DSM-5, ses critères comprennent les aspects suivants :

1. Délires, hallucinations et langage désorganisé

Au moins un des symptômes suivant doit être présent sous une forme atténuée : délires, hallucinations ou désorganisation du langage. Le jugement de la réalité reste néanmoins relativement intact, mais la gravité ou la fréquence de ces symptômes est suffisante pour justifier une attention clinique.

2. Au moins une fois par semaine

Les symptômes ci-dessus doivent s’être produits à une fréquence moyenne d’au moins une fois par semaine au cours du dernier mois.

3. Première manifestation ou aggravation

Un autre critère du syndrome de psychose atténuée est l’apparition ou l’aggravation des symptômes. Les symptômes doivent avoir commencé à s’aggraver (ou s’être aggravés) de manière significative au cours de la dernière année.

4. Un malaise

La détresse ou la souffrance psychologique est généralement la limite qui nous permet de diagnostiquer un trouble mental ou non. Ainsi, dans ce cas, les symptômes décrits ci-dessus provoquent un malaise intense.

Il peut s’agir d’un inconfort, d’un dysfonctionnement ou d’une interférence dans le fonctionnement quotidien. Son intensité peut être telle que le malaise exige une attention clinique.

5. Pas d’explications (troubles/substances)

Le syndrome de psychose atténuée ne peut être expliqué par la présence d’un autre trouble mental. Cela inclut les troubles dépressifs majeurs ou les troubles bipolaires avec caractéristiques psychotiques. Les difficultés ne peuvent pas non plus être attribuées aux effets physiologiques d’une substance ou d’une autre pathologie.

6. Il ne s’agit pas d’un trouble psychotique

Enfin, pour qu’on puisse diagnostiquer ce syndrome, les symptômes d’autres troubles psychotiques ne doivent pas être présentent. Cependant, il est possible que les symptômes du patient évoluent dans ce sens.

L’épidémiologie

La fréquence du syndrome de psychose atténuée au sein de la population est inconnue à ce jour. Cependant, on sait que les symptômes décrits dans ce trouble ne sont pas rares dans la population générale.

En fait, selon le DSM-5, la fréquence de ces symptômes (plus précisément, les expériences hallucinatoires et les pensées délirantes), se situe entre 8 et 13 %. En termes de répartition par sexe, il semble y avoir une légère prépondérance masculine.

Apparition, évolution et comorbidité du syndrome de psychose atténuée

La maladie se manifeste généralement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Elle peut être précédée ou non d’un développement normal. Elle peut également apparaître après des signes de déficience cognitive, de symptômes négatifs d’un trouble psychotique ou du développement social.

Dans certains cas, le syndrome peut évoluer vers un trouble dépressif ou bipolaire avec des caractéristiques psychotiques. Cependant, le plus souvent, elle évolue vers un trouble du spectre de la schizophrénie.

Une femme accablée.

Les avantages et les inconvénients de cette nouvelle approche de diagnostic

Les experts qui défendent cette proposition soulignent l’importance thérapeutique ainsi que les bienfaits pour le patient. Cependant, d’autres professionnels de la santé mentale soulignent également les risques et les préjugés liés à cette nouvelle catégorie. Selon ces derniers, sa création comporte certains risques.

En effet, nous ne disposons pas actuellement de critères scientifiques suffisants pour une prévention initiale adéquate de la schizophrénie et des autres psychoses. Ainsi, selon Hueso (2011), les personnes diagnostiquées avec le syndrome de psychose atténuée pourraient être inutilement diagnostiquées, médicalisées et stigmatisées.

Les perspectives d’avenir

Le DSM-5 a fait l’objet de nombreuses critiques en raison de la présence d’un grand nombre de nouveaux diagnostics. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles le syndrome de psychose atténuée n’est pas encore considéré comme un diagnostic en tant que tel, mais pourrait le devenir à l’avenir.

Cette proposition continue d’alimenter le débat de longue date sur la pathologisation de la vie quotidienne, des émotions et des comportements. La souffrance est-elle toujours susceptible d’être assimilée à un trouble mental ? Nous verrons bien comment évoluera ce “nouveau” syndrome. En attendant, le débat fait toujours rage.


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  • American Psychiatric Association –APA- (2014). DSM-5. Manual diagnóstico y estadístico de los trastornos mentales. Madrid: Panamericana.
  • Belloch, A., Sandín, B. y Ramos, F. (2010). Manual de Psicopatología. Volumen I y II. Madrid: McGraw-Hill.

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