Quelqu'un qui vous manque : cela doit faire partie de la vie et non pas être un mode de vie

Quelqu'un qui vous manque : cela doit faire partie de la vie et non pas être un mode de vie

Dernière mise à jour : 21 mai, 2017

Apprendre à ressentir ce manque de quelqu’un fait aussi partie de notre maturité personnelle. Sentir le vide permanent d’une absence peut parfois être très corrosif et il est pour cela nécessaire de nous initier à l’art de l’adieu, à ce “laisser-aller” qui fait mal et qui désespère mais qui, finalement, fait partie du cycle de la vie.

Nous savons que le concept de “manquer” s’associe toujours à l’absence d’une personne. Cependant, il faut aussi prendre conscience d’une chose curieuse : l’être humain est un spécialiste dans l’art de ressentir un manque d’objets, de situations, de personnes et même de dimensions abstraites impossibles à définir. Nous parlons ici des vides émotionnels et existentiels, de ces mondes internes si compliqués qu’ils mettent parfois en danger notre santé mentale.


“Quelqu’un a dit que l’oubli est plein de mémoire.”

-Mario Benedetti-


“La personne que j’étais avant me manque, quand j’étais plus heureuse et avais plus d’espoirs, de rêves”. Cette idée, cette sensation de régression que nous avons pu ressentir plus d’une fois, est ce que le psychologue Robert Plutchik a défini comme “manque de l’être passé”, une notion qu’il a aussi incluse dans sa célèbre théorie de la roue des émotions.

Nous ne pouvons pas oublier que vivre immergés dans cette bulle subtile au goût de nostalgie crée un désir désespéré de quelque chose que nous avions ou que nous avons été dans le passé. Ce désir dérive alors en vulnérabilité, la vulnérabilité se transforme en peur et parfois même en un début de dépression. Ainsi, avant de nous permettre de partir à la dérive comme une Ophélie submergée dans le monde aquatique des peines, il est nécessaire de nous entraîner à dire au revoir et d’apprendre à ressentir ce manque.

Ce pays qui s’appelle “quelqu’un me manque”

Il existe un pays invisible. Un monde parallèle, imprécis et intangible que nous visitons tous à un certain point de nos vies et qui s’appelle “quelqu’un me manque”. Nous y entrons chaque fois que quelqu’un que nous aimons s’éloigne de nous. Nous le fréquentons quand nous laissons derrière nous une routine ou une activité qui était importante pour nous. De la même façon, nous habitons -presque- de façon permanente dans ce pays quand nous perdons quelqu’un ou même quand nous ressentons une profonde insatisfaction envers nous-mêmes.

Dans ce trou vital règne de manière constante un vent froid que l’on appelle désir : désir de quelqu’un ou de quelque chose. En fait, comme nous le révèle la propre racine latine du mot, “anhelāresignifie manquer de souffle, nous avons du mal à respirer parce qu’il y a un trou dans notre cœur, un trou par lequel la vie nous échappe peu à peu.  Le pays de “quelqu’un me manque” est comme un labyrinthe lugubre dans lequel on ne doit JAMAIS rester car plus nous avançons et plus nous oublions le chemin du retour.

Vivre dans cet exil permanent nous plonge dans le désespoir et dans une insatisfaction profonde par rapport au présent et au monde réel. Avant de rester bloqué-e-s dans ce déclin vital, nous devons être capables de prendre des décisions intelligentes pour sortir de ce labyrinthe dans ces moments de complexité émotionnelle, en comprenant bien que ressentir un grand manque de quelqu’un fait partie de la vie mais ne doit pas constituer un mode de vie.

Entraîner vos émotions à dire au revoir

Il faut apprendre à fermer des cycles. A ne pas aspirer à être ce que nous étions hier mais à s’efforcer d’être une autre personne aujourd’hui. Nous devons apprendre à ressentir ce manque de la personne qui n’est plus à nos côtés mais en la laissant dans un beau coin de notre cœur pendant que notre être prend la ferme résolution d’être à nouveau heureux. La vie consiste à prendre des décisions, à mettre un pied devant l’autre pour sortir de ces labyrinthes personnels où il vaut mieux ne pas rester bloqué-e-s.

Réfléchissons maintenant aux stratégies qui pourraient nous aider lors de ces situations.


“Laisser partir quelque chose ou quelqu’un ne signifie pas s’avouer vaincu mais accepter qu’il y a des choses qui ne peuvent plus être ce qu’elles étaient.”


Trouver la sortie au milieu de la complexité émotionnelle

Ce sentiment de manque nous place au beau milieu d’un territoire composé de trois ennemis puissants : la nostalgie, la peur de la solitude et la vulnérabilité émotionnelle. Ce sont trois rivaux perspicaces qu’il faut connaître, contrôler et apprendre à dominer.

  • Vivre la confusion. Avec la nostalgie et le manque de quelque chose ou de quelqu’un, la confusion arrive immédiatement. Et maintenant, qu’est-ce que je vais faire ? Qu’est-ce que je vais devenir ? Une infinité de sensations et d’émotions s’abat sur nous. Nous devons les vivre, les assumer et les évacuer pendant un moment.
  • Analyser ce fouillis émotionnel. Pour affronter le deuil causé par cette absence ou ce vide, il est essentiel d’analyser et de réduire cet enchevêtrement émotionnel qui nous étouffe et nous domine.
  • On vainc par exemple la nostalgie en fixant de nouveaux objectifs dans le présent. La peur de la solitude, de son côté, s’éteint avec le courage de celui qui commence à profiter de sa propre compagnie pendant qu’il cherche également le soutien des autres.
  • La vulnérabilité émotionnelle se corrige avec le courage de celui qui regarde le lendemain sans peur. Cela se fait en investissant dans la résilience, dans cette force que personne ne nous enseigne mais que nous découvrons de plus en plus chaque jour. Parfois seul-e-s et parfois en étant accompagné-e-s, avec la résolution de celui qui reprend le rôle principal dans sa propre histoire.

Nous devons être capables de partir dans de nouvelles directions dans la vie, sans que l’ombre de cette absence ou de ce vide ne nous fassent douter de nos décisions. L’être humain ressentira toujours ce manque de choses, de personnes et de bribes d’un passé exceptionnel. Ce sont des pages de notre vie que nous gardons précieusement en nous mais ce sont aussi les chapitres passés d’un livre dans lequel il reste encore beaucoup de lignes à écrire.


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