Psychothérapie existentielle : rien n'est réel avant de l'avoir vécu

Psychothérapie existentielle : rien n'est réel avant de l'avoir vécu
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 10 avril, 2018

Sören Kirkegaard, père de l’existentialisme, a déclaré : “la caractéristique de l’humain est l’expérience personnelle”. En effet, l’approche existentielle s’intéresse à la vérité de l’être humain. A notre vérité.

La psychologie existentielle est un courant très proche de la philosophie existentialiste née en Europe avant la Seconde Guerre mondiale. Elle parvint peu de temps après aux États-Unis, où des psychologues renommés tels que Allport, Roger, Fromm ou Maslow, s’y référèrent explicitement.

La psychologie existentielle a par ailleurs eu une influence importante sur la psychologie humaniste. Tant et si bien que cette dernière reprit certaines de ses procédures et de ses thèmes fondamentaux.

Les modèles humanistes-existentiels

L’analyse existentielle fait partie des modèles dits humanistes-existentiels. De plus, l’apparition de ces modèles dans le contexte nord-américain des années soixante est le résultat d’influences multiples. Son évolution doit être considérée à la lumière de ses répercussions sociales et culturelles sur la scène nord-américaine tout d’abord, et ensuite sur la scène européenne. Son développement a par conséquent eu lieu en marge de la psychologie académique.

Par ailleurs, bien qu’elle soit considérée comme une troisième force face au comportementalisme et la psychanalyse, elle manque d’une vocation paradigmatique. A l’heure actuelle, les modèles humanistes-existentiels doivent être considérés comme un ensemble de procédures thérapeutiques, séparée dans une large mesure des principaux courants académiques.

Pour Husserl, l’expérience immédiate de l’acte de la connaissance est qu’elle peut révéler la nature des choses. Nous devons pour ce faire prendre ce que nous appelons “l’époché” ou attitude phénoménologique. Autrement dit, nous devons considérer l’observation pure du phénomène, sans préjugés ni croyances a priori (avant l’expérience).

psychothérapie existentielle

Psychothérapie existentielle

La notion centrale de cette approche est celle d’un projet existentiel. Selon J.P. Sartre, l’existence précède l’essence. Cela signifie que l’être humain ne vient pas au monde avec un être à développer, mais plutôt qu’il doit le trouver par lui-même. Sartre considère l’homme comme un être radicalement libre et indéterminé, bien que limité par sa facticité. Dès lors, l’être humain s’autodétermine à travers le projet existentiel.

“L’homme est condamné à être libre parce qu’une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait.”

JP Sartre

L’idée centrale de l’analyse existentielle pourrait être exprimée par une citation d’Ortega y Gasset : pour vivre, il faut toujours faire quelque chose (même s’il s’agit simplement de respirer). L’objectif de la psychothérapie existentielle est d’analyser la structure de ce qui est fait dans la vie. Biswanger a appelé cette structure “Dasein “. Sartre l’appela un projet existentiel. Cette tradition a été cultivée en Espagne par L. Martín-Santos (1964) et, actuellement, par M. Villegas.

Villegas définit la psychothérapie existentielle comme “une méthode de relation interpersonnelle et d’analyse psychologique“. Son but serait de provoquer une connaissance de soi et une autonomie suffisantes pour assumer et développer librement l’existence même. (Villegas, 1998, page 55).

La psychothérapie existentielle clarifie et comprend les valeurs, les significations et les croyances que le patient a mises en œuvre (en tant que stratégies) pour comprendre le monde. Elle met en évidence les hypothèses inhérentes à notre mode de vie, car nous avons commencé à douter de l’appropriation de notre existence.

homme face aux nuages

Psychothérapie dans les modèles humanistes-existentiels

Du point de vue psycho-thérapeutique, la caractéristique la plus pertinente des modèles humanistes-existentiels est l’importance accordée à l’expérience immédiate en tant que phénomène primaire. Ceci implique que tant les explications théoriques que le comportement manifeste soient subordonnés à l’expérience elle-même et au sens que la personne lui donne.

Il est également caractéristique de ces modèles de mettre l’accent sur les aspects volitifs, créatifs et évaluatifs du comportement humain. Au-delà de ces caractéristiques générales, il est difficile de parler de concepts de base.

“Ni la Bible, ni les prophètes, ni les révélations de Dieu ou des hommes, rien n’est prioritaire sur mon expérience directe.”

homme avec la mer dans le dos

Les vides existentiels comme troubles psychopathologiques

Comme nous l’avons dit antérieurement, la notion centrale de psychothérapie existentielle est celle d’un projet existentiel. Le but de la psychothérapie est d’analyser ce projet et de le modifier.  La psychothérapie ne prétend pas changer la réalité externe, physique ou sociale, mais plutôt la personne et sa perception des choses. Nous considérons radicalement qu’il s’agit de la seule chose qui dépend d’elle, là où il existe finalement une plus grande capacité de contrôle.

Son objectif est de recouvrer l’être humain, de le récupérer grâce à son auto-possession et son auto-détermination. Cela implique en quelque sorte à le confronter à lui-même.

Souvent, l’individu se perd ou s’aliène dans sa tentative de résoudre les problèmes posés par sa transcendance radicale. Ainsi, le but de l’analyse des structures de son monde est de découvrir les formes et les points de l’aliénation. Ce n’est que de cette manière que la liberté fondamentale peut être restaurée. Ce n’est que de cette manière qu’une reconstruction alternative de son expérience peut être autorisée. Selon la psychothérapie existentielle, rien n’est réel avant de l’avoir vécu.

Par conséquent, la psychothérapie existentielle considère que les divers troubles psychopathologiques sont des formes d’existence non-authentiques. Il s’agit de stagnations ou de vides existentiels. Ce sont des défenses ou des refus de “l’être-dans-le-monde”, des renonciations ou des pertes de liberté (Villegas, 1981).

Il n’est pas facile de définir clairement la psychothérapie existentielle, mais nous pouvons rester avec l’idée qu’elle essaie de promouvoir une analyse personnelle motivant la possibilité de choisir et de construire des schémas individuels pour vivre. Elle vise également à diversifier et enrichir la vie quotidienne de la personne à travers une provocation philosophique.

Références bibliographiques

(1946b), L’école de pensée de l’analyse existentielle (à l’origine dans Schweizer Archiv für Neurologie und Psychiatrie, vol.1, Berne, Frankce, 1947), en mai, R./Otros, éd. (1958), pp. 235-261.
Efrén Martínez Ortiz (2011). Les psychothérapies existentielles. Manuel moderne


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  • Schneider, K. J., Galvin, J., & Serlin, I. (2009). Rollo May on existential psychotherapy. Journal of Humanistic Psychology. https://doi.org/10.1177/0022167809340241
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