L'insula, la source de nos émotions et de l'empathie

L'insula, la source de nos émotions et de l'empathie

Dernière mise à jour : 07 novembre, 2017

L’insula est une région cérébrale aussi méconnue que cruciale pour comprendre notre comportement. Certain-e-s disent que c’est l’endroit où se trouve le noyau de notre “conscience“. Pour l’instant, les neurologues nous expliquent seulement que cette structure fonctionne plutôt comme la source de nos émotions, le siège de notre empathie et le coffre de notre intuition.

La neuroscience est sans aucun doute une discipline fascinante qui ne cesse jamais de nous surprendre. Il y a quelques années, on a par exemple pu découvrir que certaines personnes étaient naturellement capables d’arrêter de fumer d’un jour à l’autre, sans ressentir le moindre syndrome d’abstinence. La raison ? Lorsqu’une résonance magnétique a été effectuée sur ces personnes, on a pu découvrir qu’elles avaient une petite lésion dans le cortex insulaire.

“Le cerveau n’est pas un verre à remplir mais une lampe à allumer.”

-Plutarque-

Par ailleurs, un autre aspect qui a été démontré est que l’alexithymie est également liée à un problème dans cette même région. Cette difficulté marquée pour faire preuve d’empathie avec les émotions externes, cette incapacité à reconnaître ses propres émotions ou à exprimer verbalement un type de sentiment est intimement reliée à ce petit coin si particulier.

L’insula est comme une source magique qui imprègne de sensations et d’émotions chaque structure de notre cerveau afin de nous faire réagir, que ce soit de façon positive ou négative. C’est elle qui nous confère la sensation de dégoût, de fierté, de luxure. C’est aussi elle qui nous invite à comprendre les comportements des autres et à répondre émotionnellement à la musique

l'insula dans le cerveau

L’insula, une structure multifonctionnelle

L’insula est une petite région du cortex cérébral située à l’intérieur du sillon latéral. Pour parvenir jusqu’à elle, nous devrions rentrer dans la grande fissure qui sépare les lobes frontaux et pariétaux du lobe temporal. Par ailleurs, si nous avions lu cet article dans les années 80, nous aurions seulement appris qu’il s’agit d’une aire obscure du cerveau, d’une structure avec des fonctions méconnues sur lesquelles ont été bâties des centaines d’hypothèses, tout au long de l’histoire.

Heureusement, des avancées ont été faites dans les années 90. Grâce aux progrès dans les techniques d’analyse et de diagnostic, cette zone d’ombre théorique a commencé à reculer et des découvertes étonnantes ont été faites. Sur la base de multiples études menées avec des patient-e-s qui souffraient de dommages cérébraux dans cette région, on a pu voir que l’insula, en réalité, jouait un très grand rôle dans beaucoup de nos activités quotidiennes.

Ainsi, en tant que fait curieux, si nous demandions maintenant à plusieurs scientifiques quels sont les processus menés par cette aire, iels nous donneraient une réponse si détaillée qu’on en serait impressionné-e-s : l’insula joue un rôle au niveau de la douleur, de l’amour, de l’émotion, de l’envie, de l’addiction, du plaisir de la musique, de la prise de décisions, de la dégustation de vin, de la conscience… Incroyable, non ?

En réalité, tous ces processus pourraient se résumer à un seul : l’insula est le siège de notre conscience sociale.

nuage en forme de cœur

L’insula, la pierre angulaire de notre conscience

Les neuropsychologues nous disent que nous devons faire très attention au moment d’attribuer une fonction aussi grande que la génération de conscience à n’importe quelle région du cerveau. Malgré tout, étant donné l’implication de l’insula dans une grande partie de notre comportement social et émotionnel, il n’est pas difficile de dériver vers cette hypothèse en raison de l’attractivité du terme et de la complexité qui apparaît au moment de définir avec une totale exactitude ses tâches, ses fonctions et ses processus.

Curieusement, il a été démontré que les personnes qui souffrent d’un dommage sévère à l’insula sont l’exemple parfait d’un être humain complètement déconnecté de son environnement et de lui-même. Nous aurions face à nous une personne caractérisée par une apathie profonde, un manque d’empathie, une incapacité à profiter de n’importe quel aspect de la vie et à ressentir du dégoût ; en d’autres termes, elle ne pourrait pas faire la différence entre de la nourriture fraîche et des aliments pourris…

L’insula nous offre une perception de ce que nous sommes

Les scientifiques nous indiquent que l’insula est comme cette confluence de notre être où l’on prend conscience du corps et de l’esprit. Cependant, pour mieux comprendre ce point, nous devons bien garder un détail à l’esprit : aucune structure cérébrale ne travaille de manière isolée. Quand nous tombons dans le lieu commun classique qui consiste à dire que telle personne utilise son hémisphère droit parce qu’elle est très créative, nous nous trompons : le cerveau est un “tout”, toutes les aires cérébrales sont connectées entre elles et cet organe travaille en parfaite harmonie à travers des circuits infinis et des connexions merveilleuses.

La même chose se produit avec l’insula. Elle est connectée physiologiquement à notre corps, participe à la perception de l’odorat, crée des sentiments subjectifs pour réveiller notre faim, reçoit des informations des récepteurs de la peau et de nos organes pour que nous puissions réagir quand nous avons chaud ou froid, quand quelque chose nous brûle ou nous pique… Elle nous dit même des choses comme “sors de ta chambre parce que tu as besoin d’air pour faire le vide dans ton esprit…”

cerveau géant au milieu de la mer

Par ailleurs, il est important de signaler une autre chose : les animaux ont aussi cette merveilleuse structure dans leur cerveau. Par conséquent, ils ont aussi ce sens de conscience physique et émotionnelle. Ainsi, quand un chat, un chien, un diable de Tasmanie ou un lémurien ont chaud, ils chercheront de l’ombre. Quand ils trouveront à manger, ils choisiront toujours la nourriture fraîche. Quand un animal se trouvera face à un autre animal, son intuition lui dira si ce dernier a de bonnes ou mauvaises intentions, s’il peut représenter une proie ou si, au contraire, il peut créer un lien spécial avec lui.

Ainsi, comme nous le disent les neurobiologistes, les êtres humains, les grands primates, les baleines et les éléphants disposent de cortex insulaires beaucoup plus complexes et sophistiqués. 

L’insula et nos addictions

L’insula est à son tour composée de différentes aires. On sait par exemple que l’insula frontale est liée à nos émotions, à l’amour, à la haine, à la gratitude, au ressentiment, à la honte, à la méfiance, à l’empathie, au mépris… Et il existe un point situé entre l’aire frontale et le cortex cingulaire antérieur où se focalisent tous les processus associés aux addictions.

“L’énergie de l’esprit est l’essence de la vie.”

-Aristote-

Par exemple, quand une personne essaye d’arrêter de fumer, certains stimuli augmentent le désir et le syndrome d’abstinence. Certaines odeurs, situations sociales et certains scénarios intensifient cette anxiété que régit secrètement notre cortex insulaire. Tout cela est aussi dû à un fait important : l’insula est intimement liée au système limbique.

De nombreuses recherches démontrent comment cette petite structure contribue à maintenir le comportement addictif ou ce que l’on connaît sous le nom de “craving”, un intense désir de consommation.

insula dans le cerveau

Pour conclure, comme nous avons pu le voir, l’insula est capable de nous guider vers le meilleur de nous-mêmes en tant qu’espèce (l’empathie et la valeur des émotions positives) et également vers ce côté plus négatif qui est celui des processus d’addiction. Il est très probable qu’au cours des prochaines années, de nouvelles découvertes se produisent sur l’insula, sur cette petite source cérébrale qui nous offre de multiples et complexes sensations, celles qui font de nous des êtres humains.

Ainsi, chaque fois que nous profitons de la musique ou d’un verre de vin, souvenons-nous de ce qui nous permet de profiter de tels plaisirs : l’insula.

 

Images de Vladimir Kush

 


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