L'être humain est-il un animal rationnel ?

L'être humain est-il un animal rationnel ?
Alejandro Sanfeliciano

Rédigé et vérifié par Psychologue Alejandro Sanfeliciano.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Nous avons souvent entendu dire que l’être humain est un animal rationnel, mais est-ce vraiment le cas ? Les études relatives à la pensée et au comportement quotidien d’une personne nous montrent que cette affirmation peut être erronée, surtout si nous la considérons comme absolue. L’intellect humain est souvent utilisé comme facteur de différenciation par rapport aux animaux. Même le terme animal rationnel est utilisé avec une connotation de supériorité.

Nous allons diviser le sujet qui nous intéresse en deux parties afin de mieux le comprendre. Dans la première, nous essaierons de faire la lumière sur ce que signifie être un animal. Dans la seconde, nous parlerons de la rationalité des individus et de son utilisation.

L’être humain en tant qu’animal supplémentaire

Suite à des études biologiques, l’être humain a été catégorisé, en tant qu’être vivant, dans le règne animal. Il en est ainsi parce qu’il répond aux caractéristiques et aux fonctions d’un animal (pour plus d’informations, vous pouvez consulter ce lien). Par ailleurs, nous pouvons dire que les personnes sont douées d’intelligence et de raison. Et nous pouvons recourir à cette particularité pour nous distinguer des autres animaux.

homme dans une grotte face au soleil

Or, l’intelligence ne cesse d’être une adaptation à l’environnementnécessaire à la survie de l’espèce. Tout comme un chat ou un chien survit parce qu’il possède des griffes et des dents, l’être humain dispose de l’intelligence comme ressource afin de survivre. En effet, si les humains n’avaient pas eu cette flexibilité et cette capacité cognitive, ils auraient peut-être disparu (nous ne sommes pas les plus agiles ou les plus rapides ou les plus grands ou les plus petits).

Par ailleurs, certains experts défendent le fait que nous sommes l’espèce la plus adaptée. En effet, lorsque nous parlons d’adaptation et de sélection naturelle, les termes n’ont pas beaucoup de sens : une espèce adaptée est une espèce qui existe sans que n’existe un danger sérieux d’extinction. Par conséquent, toutes ou la plupart des espèces qui n’ont pas disparue, pour le moment, sont adaptées.

Il est certain que notre plasticité nous permet d’habiter des régions très différentes sur a planète, avec des conditions très diverses. Mais nous ne sommes pas non plus les seuls dans ce cas, beaucoup de bactéries sont meilleures que nous dans l’expansion. Nous pouvons dès lors considérer que nous sommes un animal de plus, avec nos caractères particuliers, mais ni meilleurs ni pires que le reste des êtres vivants.

L’animal rationnel

Un deuxième aspect à traiter, en ce qui concerne la question que nous nous posons dans le cadre de cet article, est le suivant : que signifie rationnel dans le concept d'”animal rationnel” ? De manière fortuite, nous comprenons le terme rationnel comme la capacité à évaluer objectivement des problèmes ou des événements et à y répondre de manière logique. Nous pouvons également le comprendre comme l’antonyme de l’émotionnel ou de l’instinctif.

La dissociation émotionnelle et rationnelle n’a pas de sens. En effet, notre comportement reçoit toujours l’influence des deux, et il est souvent impossible de séparer une influence d’une autre. Il est vrai que parfois prédomine la participation des aspects émotionnels et à d’autres moments nous sommes plus rationnels. Cependant, même ainsi nous ne pouvons pas les considérer comme deux manières d’agir indépendantes : les deux s’influencent mutuellement et continuellement.

Mais laissons de côté les émotions, et voyons jusqu’à quel point notre néocortex est “rationnel”. Du point de vue de la psychologie de la pensée, une comparaison de la logique humaine avec la logique aristotélicienne a été réalisée. Cette dernière représente le raisonnement le plus pur et le plus mathématique possible. Les scientifiques ont rapidement réalisé que ses deux façons de penser ne correspondaient pas.

Maintenant, si l’être humain n’utilise pas la logique au moment de penser, qu’elle est sa façon de raisonner ? Si nous voulons trouver une réponse, pensons que les êtres humains ont des ressources cognitives limitées et ont souvent besoin d’agir rapidement. Si nous pouvions être “purement logiques”, nous dépenserions énormément de ressources pour prendre toutes les décisions et nous serions en mesure d’émettre des réponses complexes. Cependant, il n’en est rien, n’est-ce pas ?

Par conséquent, les individus raisonnent à travers des raccourcis mentaux, connus en psychologie comme heuristiquesIl s’agit de raisonnements basés sur la probabilité et l’expérience, directe ou indirecte. Au niveau de l’adaptation, il est plus profitable de faire un raisonnement probable, en assumant un risque maîtrisé comme quoi cela n’est pas correct, plutôt que de mettre fin à ce risque et de nécessiter une éternité pour prendre des décisions.

femme qui réfléchit

L’être humain est-il un animal rationnel ?

Après avoir observé les données sur la pensée et le comportement humains, nous pouvons faire plusieurs réflexions. L’affirmation selon laquelle  “l’être humain est un animal rationnel” doit être prise avec le plus grand soin et avec une certaine distance. Rationnel ou non, nous ne pouvons pas dire que cela nous place dans une situation meilleure ou pire par rapport aux autres êtres vivants lorsque nous parlons d’adaptation. D’autre part, les études nous démontrent que nous ne sommes jamais strictement rationnels, qu’en réalité beaucoup des décisions importantes que nous prenons ne le sont pas et que nous agissons selon ce qui est dicté par l’intuition ou le cœur (notre partie la plus instinctive et la plus primaire).

Une manière de nous dénommer, définie par  la psychologie sociale , est celle “d’indigents cognitif”  Ce qualificatif a une explication : nos cerveaux sont programmés pour économiser autant que possible les ressources que nous avons. En fonction de l’importance de l’événement ou du problème, nous ferons un raisonnement plus ou moins élaboré, mais en essayant toujours de minimiser nos efforts.



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  • Cosmides, L. and Tooby, J. (1992). Cognitive adaptations for social exchange. In Barkow, Cosmides and Tooby (1992), 163‐228.
  • Macintyre, Alasdair (2001) Animales racionales y dependientes: por qué los seres humanos necesitamos virtudes. Paidós
  • Bernal, Anastasio (2015) Psicología social: Algunas claves para entender la conducta humana. Biblioteca Nueva

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