L’éducation vue au travers de l’incroyable regard de John Dewey

L’éducation vue au travers de l’incroyable regard de John Dewey
Alejandro Sanfeliciano

Rédigé et vérifié par Psychologue Alejandro Sanfeliciano.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

John Dewey (1859-1952) est considéré comme l’un des psychologues scolaires les plus importants. Ses modèles dans ce domaine font partie de la révolution pédagogique qui a eu lieu au siècle dernier. Même de nos jours, une part de notre système éducatif n’en a pas connaissance ou n’est pas à jour au vu des contributions de Dewey.

Dans cet article, je vais parler d’une de ses œuvres classiques, son livre Experience et éducation. Dans ce livre, il nous dévoile une synthèse de sa pensée sur l’éducation. John Dewey a toujours cru que nous devrions éduquer les gens dans la démocratie. Ceci afin de trouver une méthode de développement de la pensée critique chez les élèves qui soit en faveur de notre société. Pour ce faire, Dewey parle de trois principes importants à prendre en compte dans l’éducation: (a) la continuité de l’expérience, (b) le contrôle social et (c) la nature de l’expérience.

La continuité de l’expérience

Dewey part du principe que l’éducation et l’expérience gardent un lien organique entre eux. En cela, je veux dire que nos expériences sont ce qui nous éduque. Mais cela ne signifie pas que toutes les expériences soient pertinentes ou également éducatives. Certaines de ces expériences nous gêneront dans notre développement, devenant “anti-éducatives”.

enfant gaucher regardant dans un seau

C’est là qu’intervient le concept de continuité de l’expérience que prône Dewey. Une expérience deviendra “anti-éducative” lorsqu’elle inverse l’impact positif des expériences précédentes. Au contraire, elle ira en faveur de l’éducation lorsque les expériences aident à faire face aux expériences ultérieures, permettant ainsi une expérience enrichissante et continue. Pour Dewey, réaliser cette continuité d’expériences positives est essentiel à l’éducation.

L’éducation traditionnelle que nous avons de nos jours est pleine d’expériences qui entravent cette continuité. Combien d’élèves pensent que l’apprentissage est fatigant et ennuyant? L’école est aujourd’hui une source d’anxiété pour une grande part des élèves. Cela induit une attitude qui les pousse à rejeter d’éventuelles expériences éducatives, rompant ainsi avec la continuité de l’expérience.

Contrôle social

L’éducation n’est pas quelque chose que l’on effectue seul ou qui ne peut pas être facilité par les autres (surtout quand on parle d’enfants), c’est un processus social. Et parce qu’il implique une communauté, des règles sont nécessaires pour maintenir le contrôle social de l’activité éducative. Car, s’il n’y avait pas de telles normes, il n’y aurait pas d’activité; c’est comme essayer de jouer à un jeu sans règles, ça n’a pas de sens.

Cela dit, que devraient être ces normes et comment devraient-elles être appliquées ? L’école traditionnelle est basée sur la nécessité d’une réglementation ferme qui empêche les élèves de sortir d’un unique chemin, que ce soit plus ou moins approprié. Dewey a observé que ce type de contrôle social générait une relation hiérarchique entre les enseignants et les élèves, convertissant ces derniers en sujets passifs de l’éducation.

Dewey a estimé que le contrôle social devrait provenir de la situation. Une règle souple qui s’adapterait aux progrès des étudiants et à la situation du personnel enseignant serait idéale. Il est important de garder à l’esprit que dans l’éducation toute la communauté éducative doit participer. La gestion de la réglementation doit être le travail conjoint des élèves et des enseignants afin de créer un environnement scolaire qui stimule l’apprentissage.

La nature de la liberté

Chaque fois que nous parlons de contrôle social et de règles, le mot liberté est présent. Nous avons l’impression que plus il y a de contrôle social moins il y a de liberté, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Cela dépendra du type de contrôle social exercé et de la nature de la liberté dont nous parlons. John Dewey divise le concept de liberté en: (a) liberté de mouvement et (b) liberté de pensée.

La liberté de mouvement est le potentiel qui nous permet d’arborer n’importe quel type de comportement. Plus grande est liberté de mouvement, plus grande est la gamme de comportements possibles. La liberté de pensée est quelque chose de plus complexe, c’est la capacité qui nous permet d’évaluer de manière critique une situation et les options auxquelles nous devons faire face; plus la liberté de pensée est grande, plus nous pouvons choisir d’options pour orienter notre comportement.

Les deux libertés ne vont pas forcément de pair. La liberté de mouvement peut même contraindre la liberté de pensée. C’est précisément ce que Dewey a critiqué à l’école progressiste. Pour lui, le but de cette école était la liberté de mouvement de ses étudiants. Donner la liberté de mouvement sans tenir compte de la liberté de pensée peut amener les élèves à se laisser guider par leurs impulsions et à ne pas réfléchir à leurs choix.

Un aspect important lié à ceci est que la liberté ne devrait jamais être un objectif. La liberté est un outil qui aide les élèves à se développer. Si les étudiants ont la liberté de pensée, ils pourront diriger leurs expériences de manière autonome vers une continuité éducative.

jeunes eleves entourant un professeur

L’éducation de John Dewey

John Dewey a vivement critiqué les modèles éducatifs traditionnels ainsi que certains des plus progressistes. Il voyait dans les modèles traditionnels un système rigide, dont les objectifs éducatifs très éloignés de ses principes démocratiques. En outre, Dewey estimait que les modèles progressistes étaient limités dans leurs initiatives et  n’avaient pas concrétisé ce qu’ils prétendaient.

Dewey n’a jamais réussi à réaliser un modèle éducatif idéal. Il a cependant clairement fait comprendre que pour améliorer les modèles éducatifs déjà postulés, une recherche scientifique et rigoureuse dans ce domaine était nécessaire, en dépit de l’idéologie tant à la mode et qui continue de l’être.

Grâce à la collecte de données de nos écoles, nous pourrions savoir quels changements sont nécessaires. Ainsi, dans une logique application-recherche-application, notre système évoluerait vers un véritable et digne système éducatif. La question qui sous-tend cette approche est la suivante : l’éducation actuelle est-elle basée sur la recherche scientifique ou est-elle la proie des pouvoirs économiques et politiques ?

 


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