Le rôle des parents dans les troubles alimentaires

Le rôle des parents dans les troubles alimentaires
Gema Sánchez Cuevas

Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 01 mars, 2023

Forcer à manger, punir, se fâcher… En définitive, ne pas comprendre ce qui arrive aux plus jeunes. De nombreux parents ne savent pas quoi faire quand ils soupçonnent l’un de leurs enfants de souffrir d’un trouble alimentaire. Dans un premier temps, beaucoup optent pour la négation, considérant qu’il est impossible qu’il arrive précisément ce qu’il est en train d’arriver. Car le rôle des parents au niveau des troubles alimentaires est très compliqué.

Cela ne peut pas arriver à leurs enfants, il est impossible qu’ils souffrent de boulimie ou d’anorexieCette attitude est contre-productive quand il existe des soupçons fondés car la négation peut retarder le diagnostique et compliquer l’intervention. Nous ne devons pas non plus les accuser, la peur est une émotion commune et elle nous influence tous d’une façon ou d’une autre. Le fait d’aller consulter un médecin plus tardivement ne signifie pas que les parents ne souhaitent pas le meilleur pour leurs enfants.

Par ailleurs, l’adolescence est une étape qui peut être très difficile. Les changements que vivent les jeunes peuvent générer des conflits aussi bien internes qu’externes et les ados peuvent avoir l’impression de ne pas trouver leur place ou de ne pas trouver de sens à la vie. C’est habituel à cette étape. Des cris, des disputes, un manque de compréhension, des phrases comme “ce sont des bêtises d’adolescents” et une instabilité qui dure dans le temps, avec une pression sociale qui existe très souvent, font que beaucoup de troubles alimentaires sont diagnostiqués tardivement.

Le rôle des parents au niveau des troubles alimentaires est très compliqué. Dans un premier temps, ils doivent accepter ce qui est en train de se produire et, ensuite, ils doivent mettre en place des stratégies qui apportent une aide à leurs enfants.

Dynamique familiale et rôle des parents dans les troubles de l’alimentation

Plusieurs études ont analysé l’influence de la dynamique familiale -et pas seulement le rôle des parents- au niveau des troubles de l’alimentation. Munichin et al., par exemple, dans leur publication Psychosomatic families: Anorexia nervosa in context, ont essayé de retrouver des patrons communs dans ces familles où l’on avait recensé au moins un cas d’anorexie nerveuse.

Les résultats ont mis en évidence les dynamiques familiales qui prédominaient habituellement. Certaines correspondaient à des patrons d’attachement insécure, de surprotection, de rigidité, de manque de communication et d’implication des enfants dans les conflits parentaux.

“11% des jeunes adolescents risquent de souffrir d’un trouble du comportement alimentaire.”

-Données de la Fondation Abb-

dispute

De la même manière, une autre étude réalisée par SelviniSelf-Starvation, a révélé que les familles qui avaient une fille anorexique présentaient les caractéristiques suivantes :

  • Problèmes de communication – on n’écoute pas et on rejette la communication de l’autre.
  • Les parents n’assument ni une responsabilité, ni un leadership.
  • Il existe des carences importantes dans la relation maintenue par les parents.
  • La désillusion et l’absence de bonheur dans la relation des parents se cachent derrière une façade mal élaborée, de sorte que les enfants perçoivent et prennent part aux problèmes de couple.

Ces études se sont centrées sur l’anorexie; cependant, les informations qui ont été découvertes pourraient peut-être être appliquées à d’autres types de troubles comme la boulimie. Ainsi, la dynamique familiale et le rôle des parents dans les troubles de l’alimentation se présentent comme des facteurs très importants. Mais n’y a-t-il pas d’autres facteurs à prendre en compte?

Pourquoi apparaissent les troubles de l’alimentation ?

Ne rendre responsable que la famille des jeunes souffrant de troubles de l’alimentation serait une erreur. Même si, comme nous l’avons vu, la dynamique familiale et le rôle des parents sont très importants, il faut savoir que les jeunes peuvent aussi souffrir d’un trouble alimentaire dans une famille où les conditions mentionnées antérieurement n’existent pas.

Un autre facteur de risque très habituel chez de nombreux jeunes est l’absence d’une bonne estime de soi. Qui plus est, une faible estime de soi, surtout quand elle est liée à l’image corporelle, peut être le facteur qui joue le plus sur le développement du trouble.

“Depuis quand la recherche de la perfection s’est-elle transformée en une chose qui nous apporte autant de souffrance ?”

-Anonyme-

Des troubles comme la dépression ou le trouble bipolaire peuvent pousser le jeune à utiliser l’alimentation comme une récompense ou une punition systématique; au final, il met en place un régime nocif pour son corps, basé sur des périodes qui alternent entre un gavage et de grandes restrictions.

adolescent seul

Le rôle des parents au niveau des troubles de l’alimentation peut être très difficile car les adolescents peuvent se renfermer sur eux-mêmes, ne plus communiquer et ne pas donner de raisons. Cependant, les disputer, les punir et ne pas comprendre ce qui leur arrive peut faire empirer la situation. Il est donc important de savoir comment agir lors de ces moments difficiles.

Le grand soutien des parents dans les troubles de l’alimentation

Les parents peuvent constituer un grand soutien pour n’importe quel jeune qui souffre d’un trouble alimentaire, tout comme ils peuvent être un poids qui les fait alors s’enfoncer encore plus s’ils n’agissent pas de façon adéquate. Ce sont ceux qui ont le plus de chances d’aider car ils connaissent mieux leurs enfants: ils sont plus aptes à détecter les changements qui se produisent, surtout dans le cas de l’alimentation. D’une manière ou d’une autre, en cas de doute, il vaut mieux consulter un professionnel.

Une fois que l’évaluation a été réalisée et que le diagnostique a été établi, au cas où les parents feraient face à un trouble de l’alimentation, les sentiments de frustration et d’impuissance sont normaux. Les parents peuvent avoir l’impression qu’il n’y a aucun progrès, qu’ils sont très lents ou que les choses ne vont pas dans le bon sens. Ils peuvent même en arriver à rejeter la faute sur leur enfant, sans comprendre que c’est probablement ce dernier qui est dans la pire situation.

Par ailleurs, il n’est pas rare que les parents aient à endurer des rejets et une insolence continue car, très souvent, leur enfant n’est pas réceptif aux mesures qui sont prises pour son bien. Il est donc important de ne pas seulement avancer avec un professionnel mais aussi d’expliquer les choses, d’éviter de tomber dans la tentation de traiter un adolescent comme un enfant alors qu’il ne l’est plus.

père et fille

Il est primordial que les parents restent unis, qu’ils se soutiennent mutuellement et qu’ils expriment leurs émotions. Il est également important qu’ils suivent les normes établies par le professionnel ou qu’ils changent de professionnel s’ils ont des doutes à son sujet. Dans tous les cas, il est interdit d’essayer de sortir de cette situation de façon autonome car, dans la majorité des cas, les parents n’ont pas les connaissances ou les ressources nécessaires pour le faire, même s’ils en ont très envie et sont pleins de bonne volonté.

Une autre règle importante pour les parents qui doivent aider un de leurs enfants atteint d’un trouble alimentaire est de ne pas faire de cette maladie le centre de la vie familiale. Oui, il est important. Mais le jeune qui souffre de ce problème est beaucoup plus que le problème en soi. C’est une personne avec des rêves, des espoirs, des sentiments… Ne pas minimiser le “reste de la vie” est, en fait, très souvent, le point d’appui pour sortir de cette situation.

La position contraire n’est pas non plus dans les guides des normes pour les parents. Quand le jeune ne respecte pas l’une des règles établies, il faut ouvrir le dialogue et le fermer afin que cela ne se répète pas. Cet échange doit permettre de corriger certaines choses et également de motiver le jeune. Les objectifs sont les suivants: faire en sorte que l’adolescent s’engage dans le processus et qu’il sorte de cet échange avec une motivation suffisante pour y parvenir. Nous ne pouvons pas le laisser abandonner. Ce n’est pas une option.

Comme nous l’avons vu, le rôle des parents dans les troubles de l’alimentation est très important. Ils constituent une pierre angulaire pour le futur de leur enfant et sont obligés de faire appel à l’aide d’un professionnel car le défi auquel ils font face est extrêmement compliqué. Le professionnel est d’abord nécessaire pour l’évaluation et, si les doutes sont confirmés, pour l’intervention. C’est un processus long, même avec l’aide d’un médecin, et il requiert de la patience, de l’intelligence, de l’amour et de la volonté. Nous souhaitons donc bon courage à toutes ces personnes qui traversent des moments comme ceux que nous avons décrits.

 


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  • Rosman, B.L., Baker, L., Minuchin S., Psychosomatic Families: Anorexia Nervosa in Context, Harvard University Press, 1978.
  • Palazzoli, M.S., Self-starvation: From Individual to Family Therapy in the Treatment of Anorexia Nervosa, J. Aronson, 1996.

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