Le bonheur différé : je serai heureux quand...

Il y a ceux qui reportent leur bonheur au jour où ils auront enfin un meilleur emploi, au jour où ils atteindront un corps parfait en perdant du poids. Cependant, ceux qui mettent leur vie en suspens, rêvant d'un lendemain idéal, sont comme ceux qui courent après une carotte qui est toujours devant eux.
Le bonheur différé : je serai heureux quand...
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Le bonheur différé définit un type d’approche mentale auquel beaucoup d’entre nous souscrivent. Ce sont des situations où l’on se dit que “ma vie sera bien meilleure quand je changerai enfin de travail“. “Je me permettrai ces choses que j’aime tant quand les vacances arriveront“. “Quand je réussirai cet examen, je serai avec cette personne qui me manque tant“.

Pourquoi faisons-nous cela ? Pourquoi notre cerveau a-t-il envie de l’idée que tout sera mieux quand nous ferons ou obtiendrons certaines choses ? Par ailleurs, quel est le mécanisme par lequel nous nous imposons de retarder le bien-être et le plaisir en mettant d’autres dimensions au premier plan ? Beaucoup diront qu’il s’agit d’une pure demande de soi, d’autres que tous ces comportements définissent une manière très efficace d’auto-sabotage.

Mettre en pause notre bonheur, penser que l’avenir nous apportera des choses magiques et parfaites est une forme de fable. C’est faire de l’ombre à notre présent tout en étant aveuglé par le mirage d’un avenir idéal.

“Si j’avais plus d’argent, je serais heureux” ou, “tant que je n’aurai pas perdu de poids, je n’irai pas à la plage” érigent des barrières invisibles où l’on déforme complètement le vrai sens du mot “bonheur”.

Nous allons approfondir ce sujet ci-dessous.

Le bonheur différé représenté par une horloge

Le bonheur différé, une erreur de calcul qui nous fait perdre notre santé

Nous vivons dans ce temps verbal où une partie de nos pensées et de nos désirs sont précédés du mot “si”. ‘Si j’avais plus d’argent, tout irait mieux”.Si j’obtenais cette promotion, j’aurais plus de statut et je montrerais ce dont je suis capable“. “Ou si j’étais plus attirant, je trouverais un partenaire“… Chacune des phrases que nous construisons avec ce type de conjugaison est une forme de souffrance inutile, où il faut arracher les racines du bien-être.

La psychologie définit cette réalité comme le syndrome du bonheur différé. Ce terme explique un comportement dans lequel l’être humain est toujours en attente de l’apparition d’une circonstance concrète. Il est clair que, parfois, cette attente est justifiée, surtout quand on investit du temps et des efforts pour obtenir quelque chose de concret -> je limite maintenant ma vie sociale en faveur des études parce que mon but est de réussir un examen.

Dans ces derniers cas, le report de certaines choses a une explication et une fin raisonnable. Cependant, le syndrome du bonheur différé se produit lorsque le but n’est ni raisonnable ni logique. Ce sont ces arguments qui vont à l’encontre de soi et où, en outre, ils tendent à alimenter le malaise et la souffrance. Un exemple de cela est de commencer le lundi en pensant au week-end. Un autre pourrait être ceux qui pensent que tout ira mieux pour eux lorsqu’ils auront perdu du poids, lorsqu’ils auront effectué un certain changement dans leur apparence physique.

Celui qui remet à plus tard et qui reporte le fait parce qu’il n’accepte pas ou n’est pas heureux du moment présent, parce qu’il n’est pas là et ne sait pas comment tirer parti du potentiel de l’ici et maintenant où sa personne, son être merveilleux, est inscrite.

Pourquoi reporter notre bonheur ?

Bien que le terme de bonheur soit très diffus, il est très facile à définir d’un point de vue psychologique. C’est s’accepter, s’aimer, être bon avec soi-même et avec ce que l’on a. C’est avoir une vie qui a un sens. Avec un bon réseau de soutien social et des ressources mentales efficaces pour faire face aux difficultés. Ni plus ni moins.

Cependant, le bonheur différé cache en réalité un certain nombre de dimensions très concrètes :

  • Il s’agit d’une insatisfaction par rapport à ce que l’on est et à ce que l’on a. La personne aspire constamment à quelque chose qui lui manque, quelque chose qu’elle considère comme mieux
  • Derrière ce besoin de mettre le bonheur en veilleuse, en pensant que quelque chose de mieux va venir, il y a la peur. C’est la peur de ne pas affronter ce qui fait mal en ce moment même, c’est l’insécurité de ne pas oser changer ce qui déplaît. Tout cela doit être résolu ici et maintenant, avec responsabilité et courage
Une femme regardant une fleur

Le bonheur différé, courir après une carotte qui ne peut être atteinte

Clive Hamilton, professeur de philosophie à l’université Charles Sturt en Australie, a écrit une étude intitulée “Le syndrome du bonheur différé” où il explique quelque chose de très intéressant. Selon ce professeur, c’est la société elle-même qui nous transforme en ce genre d’âne qui court après une carotte qui n’est jamais suffisante.

Nous courons toujours après quelque chose d’intangible qui est rarement atteint, mais auquel nous aspirons toujours. Et nous nous y languissons parce que nous ne sommes pas heureux. La cause de ce malaise est le travail, ce sont les conditions dans lesquelles nous vivons, c’est la société de consommation qui nous fait croire sans repos que nous avons besoin de certaines choses pour nous sentir bien (un meilleur téléphone, un vêtement d’une certaine marque, une nouvelle voiture, etc.)

Un autre facteur est le peu de temps qu’il nous reste pour être et exister. Afin de nous retrouver avec nous-mêmes, avec nos loisirs, avec les gens que nous aimons… Selon le Dr Hamilton, nous devrions être un peu plus audacieux, oser prendre de nouvelles décisions pour atteindre le bien-être et mener une vie plus conforme à nos goûts et à nos besoins. Nous devons arrêter de courir et penser à demain, nous arrêter et nous chercher dans le présent…


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