La déconnexion morale et le pardon de soi

Le pardon de soi-même est fondamental lorsque l'on a agi de manière destructrice envers autrui et que l'on souhaite trouver la paix de l'esprit. Il n'y a pas d'autre moyen que d'assumer la responsabilité des actes commis et de réparer les dommages dans les limites du possible.
La déconnexion morale et le pardon de soi
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 27 juillet, 2022

L’absence de pardon de soi conduit à un blocage de la vie émotionnelle et du potentiel vital. Ce processus est souvent rendu très difficile par la mise en place d’un mécanisme appelé “déconnexion morale”.

Se pardonner peut être un processus complexe. Cela a beaucoup d’importance dans la vie individuelle, mais aussi dans la sphère sociale, en particulier au sein des communautés où il y a beaucoup de conflits, voire une guerre.

La déconnexion morale fonctionne comme une sorte de voile ou de flou pour la conscience. Ce qu’une personne ne se permettait pas, elle le considère maintenant comme autorisé. C’est une forme de tromperie qui, d’une part, ouvre la porte à l’atrocité dans une plus ou moins grande mesure, et qui, d’autre part, empêche de se pardonner à soi-même.

“Le pardon en dit autant sur le caractère de la personne qui l’accorde que sur celle qui le reçoit.”

-Justin Cronin-

La deconnexion morale est un obstacle au bien-être.

La déconnexion morale

On ne naît pas avec une morale et une éthique : elles se construisent et se développent en fonction de la société. On acquiert ainsi des principes et des lignes directrices de comportement qui permettent de réagir aux situations en s’inspirant de certaines valeurs fondées sur l’expérience. Leur fonction est de préserver le bien-être individuel et collectif.

Cependant, ni cette échelle de valeurs ni ces principes ne sont une réalité permanente. Dans certaines circonstances, ils sont suspendues. Lorsqu’il y a une guerre, par exemple, ôter la vie d’un autre être humain peut être légal, alors qu’en dehors de ce contexte, cela ne l’est pas.

Cette phase de mise en suspens ou cette rupture avec les principes et les valeurs fait place à une déconnexion morale. Pour revenir à l’exemple de la guerre, tuer ou tromper l’autre cesse d’être un comportement répréhensible car, dans ces circonstances, il n’est plus associé à la morale et à l’éthique.

Les mécanismes de déconnexion morale

Selon des études sur ce sujet, la déconnexion morale se produit de quatre façons. Toutes ont trait à un changement de perspective et justifient un comportement qui ne serait pas toléré autrement. Les quatre mécanismes de déconnexion morale sont les suivants :

  • Étalement de la responsabilité. Cela se produit lorsqu’un acte moralement répréhensible est accompli avec le soutien d’un groupe. Le fait que d’autres agissent de la même manière dilue en quelque sorte la responsabilité individuelle.
  • Déplacement de la responsabilité. Cela se produit lorsque l’on attribue la responsabilité de ses propres actions à une autre personne. Nous obéissons à un ordre ou nous évitons une punition, etc.
  • Minimisation des conséquences. Cela se produit lorsque nous minimisons le mal infligé à autrui.
  • Dégradation de la victime. Cela correspond aux cas où le dommage est justifié par le prétendu manque de dignité de la personne sur laquelle s’exerce une action immorale.

Le pardon de soi

Quel est le rapport entre la déconnexion morale et le pardon de soi ? En principe, il est impossible de pardonner quelque chose qui n’a pas été reconnu comme une erreur ou une faute morale. Pour qu’il y ait pardon de soi, il faut d’abord cesser de faire fonctionner ces mécanismes de justification ou de minimisation. Autrement, c’est impossible.

Le fait est que dans de nombreux cas, l’agresseur, tôt ou tard, revient sur un terrain moral où la raison et la justice prédominent. C’est ce qui se passe, par exemple, après une guerre. Si cela se produit, une sorte de vide s’ouvre.

Un tel vide peut être résolu de différentes manières. Par exemple, en niant les faits, en dissimulant sa participation ou en adoptant une position cynique. Il arrive aussi que le remord s’empare de quelqu’un qui opte alors pour l’autoflagellation et l’auto-punition.

Pardonner permet d'aller de l'avant.

Pardonner pour aller de l’avant

Il y a des conflits derrière lesquels la déconnexion morale n’a aucun moyen d’opérer. Ce qui est sain dans de tels cas, c’est de créer les conditions d’un pardon de soi-même, suivi d’un acte raisonnable de réparation.

Si ce n’est pas le cas, soit la personne devient un imposteur, soit elle est paralysée par l’effet du sentiment de culpabilité. Ces deux cas de figure ne résolvent pas la situation : ils la déforment et entraînent un détournement émotionnel très coûteux.

Le pardon de soi commence lorsque l’on admet la responsabilité des actes, sans excuses. Il s’agit ensuite de réparer les dégâts, matériellement ou symboliquement, autant que possible. Demander le pardon de l’autre est fondamental pour la guérison. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut faire la paix avec le passé et aller de l’avant.


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  • Prieto-Ursúa, M., & Echegoyen, I. (2015). ¿Perdón a uno mismo, autoaceptación o restauración intrapersonal? Cuestiones abiertas en Psicología del perdón. Papeles del psicólogo, 36(3), 230-237.


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