La complexité des identités sociales

L'identité sociale conditionne dans une large mesure la façon dont nous nous sentons, nous pensons et nous agissons. Elle dépend des milieux auxquels nous appartenons et influence aussi les groupes que nous rejoignons ou que nous quittons.
La complexité des identités sociales
Roberto Muelas Lobato

Rédigé et vérifié par Psychologue Roberto Muelas Lobato.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Notre identité personnelle dépend, dans une large mesure, de nos identités sociales. Qui je suis dépend de qui nous sommes. Ainsi, l’appartenance à différents groupes aura des effets à différents niveaux. Cela va de notre personnalité jusqu’aux plans collectifs.

En effet, nous ne sommes pas des êtres individuels, mais nous vivons également dans des sociétés dans lesquelles nous interagissons avec d’autres personnes. Pour comprendre l’identité sociale, il est nécessaire de la distinguer de l’identité personnelle.

D’une part, l’identité personnelle est constituée des caractéristiques qui nous rendent uniques. D’autre part, l’identité sociale est la partie du concept de soi qui provient de l’appartenance à un groupe social, mais aussi de la signification et de la valeur émotionnelles qui accompagnent cette appartenance.

Ainsi, nous avons au moins deux types d’identités. Tout d’abord, notre identité personnelle, mais aussi notre identité sociale. Cependant, en réalité, nous appartenons généralement à plus d’un groupe. Nous avons donc plusieurs identités sociales. Comment tant d’identités fonctionnent-elles ensemble ? Une par une.

En effet, l’activation d’une identité, qu’il s’agisse de l’identité personnelle ou de l’une de nos identités sociales, entraîne alors en quelque sorte la désactivation des autres. Approfondissons.

Un groupe en lego.

La formation des identités sociales

Pour comprendre l’identité sociale, il faut commencer par comprendre le phénomène d’auto-catégorisation. Nous avons tendance à catégoriser les objets du monde afin d’en simplifier la compréhension.

Cela s’applique également aux personnes. Nous divisons les gens en différentes catégories. Cela nous amène à nous auto-catégoriser ou à nous inclure dans certaines de ces catégories.

De cette auto-catégorisation naît une préférence pour sa propre catégorie. En cela, nous sommes amenés à nous distinguer des autres catégories ou des autres groupes. Ainsi, on préfère son propre groupe en privilégiant ses normes, ses valeurs et ses comportements.

Enfin, c’est alors que la conscience de groupe émerge. C’est-à-dire qu’on prend conscience de son appartenance à un groupe et on reconnaît les membres de ce groupe en tant que tels.

S’identifier à un groupe ne signifie pas seulement que nous appartenions au groupe. L’identification a également des effets psychologiques qui se font sentir à différents niveaux. Cela en fait un phénomène multidimensionnel. Au niveau individuel, on peut distinguer les effets cognitifs, émotionnels et motivationnels.

L’identification au niveau individuel

Tout d’abord, on peut dire que l’auto-catégorisation et l’importance de l’appartenance au groupe constituent les deux effets cognitifs les plus importants. D’une part, l’auto-catégorisation, dont nous avons déjà parlé plus haut, peut entraîner une dépersonnalisation.

D’autre part, l’importance de l’appartenance se mesure en termes de centralité et de proéminence. Autrement dit, en termes d’importance du groupe dans la prise de décision individuelle et en termes de probabilité d’agir conformément à son rôle dans le groupe.

Par ailleurs, l’identification à un groupe suscite certaines émotions et certains sentiments. Elles sont généralement positives. Par exemple, l’amour, la dévotion, l’attention et la préoccupation, qui sont partagés par les membres d’un tel groupe.

De plus, nous avons tous un besoin d’appartenance. Plus précisément, le besoin d’appartenir à un collectif ou à un groupe. C’est ce besoin qui éveille en nous la motivation de s’identifier à un groupe et de le rejoindre.

“Je me sens étranger, et je me sentirai toujours étranger. Je n’ai jamais été membre d’un groupe particulier.”

– Anne Rice –

L’identification au niveau collectif

Lorsque les membres d’un groupe se définissent comme tels, ils s’identifient à ce groupe. Ils croient que l’appartenance est importante et ils sont conscients que les autres membres ont des croyances, des sentiments et des comportements similaires.

Le collectif existe en tant qu’entité psychologique. Cette entité, qui n’est que psychologique, donne un sens au groupe. Plus précisément, l’identité collective présente six caractéristiques :

  • Le sentiment qu’il existe un destin commun.
  • La perception de l’unicité du groupe et de sa distinction par rapport aux autres groupes.
  • La coordination des activités des membres du groupe.
  • Les croyances, les attitudes, les normes et les valeurs partagées.
  • Le souci du bien-être du groupe, la mobilisation et même le sacrifice pour le bien du groupe.
  • La continuité du groupe dans le temps.
Mannequins en bois.

L’environnement et les identités sociales

Enfin, les identités sont également influencées par l’environnement et le contexte. Ainsi, les identités peuvent être associées à certains territoires. Les identités sociales sont également liées à certaines cultures et langues. Il existe aussi une mémoire collective : ol s’agit de l’histoire de la formation du groupe et de son évolution.

Enfin, nous avons aussi certaines croyances sociales. Outre les croyances sociales relatives au territoire et à la mémoire collective, il existe d’autres croyances qui découlent d’expériences partagées. Ces croyances permettent de distinguer notre groupe des autres groupes. Ces croyances forment l’ethos qui est un système cohérent et systématique de connaissances sur la société.

Comme nous l’avons vu, les identités sociales sont complexes. L’identification à un groupe ne se limite pas seulement à l’importance que nous lui accordons. C’est en fait bien plus que cela. Certains aspects peuvent être plus importants pour certaines personnes que pour d’autres.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • David, O., & Bar-Tal, D. (2009). A sociopsychological conception of collective identity: The case of national identity as an example. Personality and Social Psychology Review, 13(4), 354–379. doi:10.1177/1088868309344412

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.