Hyper-parentalité : un nouveau style d'éducation qui détruit des enfances

Dernière mise à jour : 29 avril, 2017

Nous voyons certains parents préoccupés, d’autres très stressés, d’autres encore qui passent outre l’éducation de leurs enfants et qui délèguent cette tâche aux moyens de communication, à l’école ou si possible à un-e baby-sitter. Il est évident que les lignes directrices qui définissent une éducation traditionnelle ont dernièrement été remises en question, et que cela a donné lieu à une gamme très large de modèles éducatifs dont le résultat s’avère être un grand bazar. Parmi les conséquences de cette confusion, on trouve l’hyper-parentalité.

L’hyper-parentalité est née comme la perversion d’un modèle éducation dans lequel on pense qu’il est nécessaire d’augmenter l’attention et le soin que les enfants apportent à leurs enfants. Elle concerne les parents qui protègent leurs enfants à l’excès, les couvrent d’attention et d’éloges bien au-delà de leurs besoins, sans savoir qu’ils limitent leur indépendance, leur liberté et le développement de leur autonomie.

Les hyper-parents veillent au succès académique de leurs enfants et souffrent de toute frustration que leurs petits peuvent vivre. Ainsi, au lieu de leur faire du bien, ils obtiennent des enfants sur-stimulés, sur-protégés et peu sûrs d’eux.

Hyper-parentalité : un nouveau modèle éducatif

Nous sommes passé-e-s des enfants-meubles, auxquels nous faisions peu de cas, à des enfants-piédestaux que nous vénérons. Eva Millet, dans son dernier livre, traite de ce sujet, de manière très didactique.

L’hyper-parentalité est la conséquence d’un modèle éducatif habituel dans les sociétés les plus inconfortables. Elle a surgi aux États-Unis, où règne le désir de compétition transposée dans la sphère de la paternité. Les parents américains se retrouvent plongés dans une carrière professionnelle, dont le but est d’atteindre le triomphe de leur enfant dans la vie. Ils leur réservent la meilleure place au jardin d’enfant (avant même qu’il ne naisse), le meilleur collège, les universités d’élite…

Cela englobe aussi une stimulation précoce avec un excès d’activités extra-scolaires, et un agenda sans aucun trou. De plus, cela amène à une tolérance faible ou nulle de la frustration et des affrontements aux maîtres qui osent questionner les problèmes de l’enfant. Les couvrir de livres, de dispositifs, de jouets fait aussi partie de ce processus.

La perversion de ce modèle d’éducation se trouve dans le fait que cette attention accrue envers l’enfant provoque une attention constante et des attentes démesurées pour que les enfants fassent, étudient, aient ou réussissent. En définitive, ce n’est pas la meilleur pour un développement psycho-émotionnel sain des tout petits.

Parents plongés dans l’hyper-parentalité

Dans l’hyper-paternité, on peut identifier différents agissements des parents :

  • Certains surveillent et survolent sans repos la vie des enfants. Ce sont les parents hélicoptères.
  • D’autres parents nivellent le chemin de leurs enfants en leur ôtant toutes les pierres qui s’y trouvent pour ne pas qu’ils trébuchent. Ce sont les parents passionnés.
  • Il y a des parents qui passent leur vie à transvaser leur enfant d’un cours extra-scolaire à une autre, en remplissant leur agenda à fond. Ce sont les parents chauffeurs.
  • Certains parents ne permettent pas à leurs enfants de s’ennuyer ou de jouer.
  • D’autres parents marquent le chemin parfait pour leurs enfants, pour qu’ils ne souffrent jamais d’un petit dérapage. Ce sont les parents chasse-neiges.
  • Il y a des parents qui poursuivent sans cesse leurs enfants dans le parc avec un sandwich pour qu’ils le terminent. Ce sont les parents sandwich.
  • Il y a aussi ceux qui font en sorte que leurs enfants ne souffrent pas de la moindre éraflure, se salissent ou prennent froid. Ce sont les parents hyper-protecteurs.

L’hyper-parentalité est épuisante

Pour les enfants, cela implique des agendas frénétiques, pour les parents une hyper-activité qui les mènent d’une activité à l’autre, de la réunion avec les professeurs à de la supervision des devoirs. Ces parents-là organisent leur agenda, et même leurs amitiés. Nous parlons de parents qui ont un niveau de stress très élevé, et d’enfants également très stressés.

Les enfants développent un fort niveau d’auto-exigence et une faible tolérance à la frustration. Il ne leur est pas permis d’échouer et ils doivent constamment se dépasser.

D’autre part, ces parents-là montrent leur insécurité. Il y a une offre énorme de méthodes et d’expériences que l’enfant doit vivre et cela implique encore plus de stress. Les parents ne savent pas ce qui le meilleur pour leur enfant et passent leur vie à chercher et les combler d’expériences, d’opportunités et de méthodologies, ainsi que de choses matérielles et de nouvelles technologies.

Alternatives à l’hyper-parentalité

La première chose à faire est de se détendre pour sortir de cette spirale négative. En tant que parent, on doit pouvoir respirer et se relaxer. Les enfants n’ont pas besoin de parents parfaits, ils ont besoin de parents tranquilles et heureux. Réduire leur agence implique de réduire le nôtre également.

Les parents doivent donner à leurs enfants des temps de jeu, pour qu’ils apprennent à s’amuser et à gérer leur temps. Le jeu est vital dans le développement et avec tant d’activité et de stress, on ne leur donne pas d’espace ni de temps pour jouer, s’ennuyer et apprendre.

Les parents doivent apprendre à avoir confiance en eux et en leurs enfants, à lâcher leur main, à moins s’immiscer, à les laisser suivre leur intuition et à les accompagner dans leur développement. Les renforcer, les féliciter et les émouvoir pour qu’ils se passionnent pour la vie et qu’ils apprennent jour après jour à vivre, à construire des relations et à gérer leurs émotions.

Lisez aussi : L’autisme n’est pas livré avec une notice, mais avec des parents qui ne baissent pas les bras

 


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.