Expérience de Asch : jusqu'où nous nous laissons aller

Dans quelle mesure pensez-vous que la connaissance de la pensée de la majorité peut conditionner certaines de vos réponses ? Asch a trouvé des preuves qui soutiennent que le poids d'une réponse majoritaire est très fort.
Expérience de Asch : jusqu'où nous nous laissons aller
Sara González Juárez

Rédigé et vérifié par Psychologue Sara González Juárez.

Dernière mise à jour : 11 novembre, 2022

L’expérience de Asch est l’une des plus connues en psychologie sociale quand on parle de conformité avec le groupe. La simplicité de sa procédure ainsi que le caractère généralisable de ses résultats ont jeté les bases d’études sur la façon dont la majorité peut influencer nos décisions, voire même notre perception du monde.

Nous vous invitons ici à découvrir l’une des expériences les plus simples, fascinantes et éclairantes de l’histoire de la psychologie. Poursuivez donc votre lecture !

Solomon Asch et son influence en psychologie sociale

Solomon Asch, né à Varsovie en 1907, est la principale référence en psychologie sociale en ce qui concerne les études sur le conformisme. Il a effectivement concentré ses études sur l’influence du groupe sur l’individu, en contribuant à la création de certains concepts tels que l’effet de halo et l’effet de primauté.

Cependant, l’expérience qui a marqué sa carrière fut celle menée en 1951. Lors de cette étude, Asch espérait démontrer que les individus peuvent aller à contre-courant lorsqu’ils comprenaient que la majorité avait tort.

Mais hélas la réalité est capricieuse ! Il a effectivement trouvé les résultats qui soutenaient l’hypothèse contraire. Découvrez comment cette expérience s’est déroulée. Sa simplicité et toutes les branches qui en découlent ont changé à jamais le paradigme de l’étude de l’influence sociale.

Divers pions dans des cases.

Expérience de Asch : jusqu’où nous nous laissons aller

L’expérience de Asch est simple. Les participants devaient utiliser leur vue pour répondre à une question comportant trois options de réponse. La procédure était la suivante :

  • Des groupes de 7 à 9 personnes ont été formés dont tous, sauf le sujet critique, étaient complices de l’expérimentateur.
  • Tous les sujets ont reçu deux cartes : une avec une ligne de référence et l’autre avec trois options, dont chacune d’entre elles étant une ligne de longueur différente. Une seule de ces trois lignes était de la même longueur que la ligne de référence.
  • Lors des premiers essais, tous les complices donnaient la réponse correcte. Mais, à un moment donné, tous se sont mis d’accord sur une réponse qui n’était pas la bonne. Par exemple, si la ligne qui était identique à celle de la carte de référence était la A, tous les individus disaient que c’était la C.

A ce stade, d’après vous, que répondrait le sujet critique ? La logique est que, même si tout le monde a tort, cette personne conteste avec la réponse qui lui semble être la bonne. Or, ce ne fut pas le cas. Lorsque tous les complices se sont mis d’accord sur le choix d’une option clairement fausse, beaucoup de sujets critiques ont répondu comme le groupe.

Le paradigme des résultats

Comment est-ce possible ? Dans une tâche aussi simple que de regarder une ligne et dire laquelle des autres est identique. En principe, il n’y a pas de place pour l’erreur, mais chacun voit ce qu’il voit.

C’est là qu’intervient la découverte la plus importante de Asch. A savoir que de nombreux sujets affirmaient avoir vu une ligne aussi longue que la première, alors que ce n’était manifestement pas le cas.

Autrement dit, non seulement l’opinion de l’individu est modifiée par ce que dit la majorité, mais la perception physique elle-même est sensible à cette influence. La critique qui a été faite à cette expérience est que, s’agissant d’une tâche sans importance, le sujet pouvait répondre la même chose que les autres par le simple intérêt de s’épargner le dilemme.

Groupe de silhouettes humaines blanches qui entourent une silhouette rouge.

Les réflexions à propos de l’expérience de Asch

Ces résultats ont apporté une question très importante à la psychologie sociale : dans quelle mesure sommes-nous prêts à changer nos opinions, nos décisions voire même nos perceptions en raison de l’influence des autres ?

En ce sens, l’approche fondamentale de l’expérience favorise la généralisation à des situations quotidiennes. Les loisirs sont marqués par les groupes d’amis, les carrières professionnelles sont fortement conditionnées par l’opinion de la famille, y compris les haines raciales telles que le racisme ou le machisme.

Il est important de se demander dans quelle mesure nous considérons certaines choses suffisamment importantes pour nous opposer à ellesBien souvent, la manipulation du système consiste à banaliser certains aspects de la vie afin d’obtenir la conformité de l’individu.

Enfin, nous venons d’aborder une expérimentation simple, mais qu’en est-il de cette influence lorsqu’il s’agit de voter ? Ou de ne pas voter ? Par exemple, la mode est-elle suffisamment importante pour condamner un homme portant une jupe ?


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Asch, S. E. (1956). Studies of independence and conformity: A minority of one against a unanimous majority. Psychological Monographs, 70 (Whole no. 416)
  • Asch, S. E. (1951). OF JUDGMENTS. Groups, leadership and men: Research in human relations, 177.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.