Déficits cognitifs et schizophrénie : causes et effets

Les déficits cognitifs chez les patients qui souffrent de schizophrénie sont les premiers indices de la présence de ce trouble. Ces indices déclenchent le premier signal d'alerte d'un dysfonctionnement.
Déficits cognitifs et schizophrénie : causes et effets
Cristina Calle Guisado

Rédigé et vérifié par le psychologue Cristina Calle Guisado.

Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

Les déficits cognitifs liés à la schizophrénie peuvent être sévères. On associe ces déficits à des problématiques fonctionnelles. Par ailleurs, il s’avère que les causes à l’origine de ces déficits ne sont pas bien claires ; il n’y a aucun profil neuropsychologique concret.

Il convient de souligner que ces déficits cognitifs ne semblent pas être liés aux symptômes positifs (hallucinations, troubles de la pensée, idées délirantes, entre autres) qui accompagnent le trouble. Jusqu’à présent, on n’a pas pu démontrer une quelconque relation directe entre la sévérité des hallucinations ou des délires et la gravité des déficits cognitifs.

D’ailleurs, les altérations au niveau cognitif (attention, orientation, mémoire…) sont généralement détectées avant l’apparition des symptômes psychotiques. Ces symptômes constituent le tableau clinique qui déclenche le signal d’alerte. Par ailleurs, il convient de souligner que certaines altérations cognitives, comme celles liées à l’attention et à la mémoire à court terme, sont présentes et restent stables après un épisode psychotique.

Les altérations cognitives sont apparemment indépendantes des symptômes positifs. Elles ne semblent pas non plus être causées par les symptômes négatifs de la schizophrénie.

Après une longue hospitalisation, certains cas ont montré que les symptômes négatifs (liés à la façon dont nous nous débrouillons socialement) peuvent s’améliorer. Quant aux troubles cognitifs, ils restent présents, voire ils s’aggravent. Cela montre que ce sont deux aspects relativement indépendants.

Les altérations cognitives et les symptômes négatifs sont étroitement liés. Le nombre d’interactions étant élevé, il n’est pas simple d’analyser cette association.

En général, le manque d’intérêt et la déconnexion vis-à-vis d’un projet auront des répercussions sur les capacités cognitives de la personne. Par conséquent, la conjonction de ces variables pourra influer plus fortement sur le pronostic.

Un homme souffrant de déficits cognitifs qui regarde par la fenêtre

Les effets des déficits cognitifs liés à la schizophrénie

Les altérations cognitives du syndrome de la schizophrénie peuvent devenir sévères. Elles limitent l’autonomie personnelle et sont associées à une perte fonctionnelle à l’heure de réaliser les activités de la vie quotidienne.

  • Ces altérations peuvent affecter le fonctionnement social en raison des déficits de la mémoire déclarative et de la capacité d’attention soutenue. Cela supposera un obstacle pour maintenir des conversations et entretenir des relations
  • Ces altérations peuvent affecter le rendement occupationnel en raison des déficits des fonctions exécutives, de la mémoire déclarative, de la mémoire à court terme et de l’attention soutenue. La capacité de concentration, l’apprentissage de nouvelles activités et rétention d’informations sont également compromises
  • Ces altérations peuvent affecter la capacité de vivre de manière indépendante en raison des déficits des fonctions exécutives, de la mémoire déclarative et de la mémoire à court terme. Cela aura des répercussions sur la capacité à réaliser les tâches de la vie quotidienne comme cuisiner, faire les courses et maintenir des habitudes d’hygiène, entre autres

Le patient qui souffre de schizophrénie peut rencontrer des difficultés à l’heure de prêter attention et de traiter des informations pour prendre une décision. Ou bien pour résoudre un problème de manière immédiate.

Les causes à l’origine des déficits cognitifs liés à la schizophrénie

On ignore encore quelles sont les causes à l’origine des déficits cognitifs liés à la schizophrénie. La possibilité selon laquelle ces troubles cognitifs soient la conséquence du traitement à base d’antipsychotiques a été envisagée. Pour le moment, aucune information solide ne permet de confirmer cette hypothèse.

Les antipsychotiques conventionnels ont un effet positif, quoique modéré, sur certains processus biologiques basiques tels que l’attention. Le problème est qu’ils peuvent affecter la détresse motrice. On ignore alors pour le moment si le traitement à base d’antipsychotiques est la cause ou la solution au problème. Il est nécessaire d’approfondir le sujet en réalisant de nouvelles études.

Dans le cadre d’une étude publiée en 2018, les chercheurs de l’université du Pays basque espagnol (UPV/EHU) ont évalué l’efficacité de certains médicaments pour retarder la détérioration cognitive des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Ils ont évalué les améliorations significatives des altérations cognitives dont souffrent les patients atteint de schizophrénie.

Au moyen de l’analyse de neuf essais cliniques menés à l’échelle mondiale, les chercheurs ont pu déterminer un ensemble d’améliorations méthodologiques pour l’étude des médicaments qui garantissent la récupération fonctionnelle chez ces patients.

On détecte généralement les troubles cognitifs des patients atteints de schizophrénie avant le traitement antipsychotique.

Des pilules blanches

Les thérapies non médicamenteuses

Les médicaments sont utiles pour traiter les symptômes positifs. En revanche, c’est loin d’être le cas avec les symptômes négatifs. Des thérapies non médicamenteuses permettent de traiter les symptômes négatifs.

Par exemple, la thérapie occupationnelle peut aider le patient à améliorer son attention dirigée et sa concentration. Pour cela, on a recours à des exercices de stimulation et de concentration et aux travaux manuels.

Il est important, et même indispensable, que tout traitement, qu’il soit médicamenteux ou non, s’adapte aux besoins de chaque patient. Il ne faut pas oublier que jusqu’à présent il n’est pas possible d’établir un profil neuropsychologique général pour les patients atteints de schizophrénie. Et ce, malgré l’observation de certaines altérations aussi bien anatomiques que neurochimiques et fonctionnelles. La raison est la suivante : le trouble est hétérogène.

 


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