Les crises dépeignent les grandes personnes

Les crises dépeignent les grandes personnes
Beatriz Caballero

Rédigé et vérifié par Psychologue Beatriz Caballero.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Le mot “crise” vient du verbe grec “krino”, qui signifie “je juge et je choisis”. Ce concept suggère un choix de notre part, ou un moment où sont représentées différentes perspectives et autres opportunités (Onnis, 1900). Ainsi, on peut considérer une crise comme un processus d’homéostasie naturelle entre la personne et son environnement. L’équilibre est atteint lorsque l’on change les poids de notre balance ou que l’on réadapte les structures. Par conséquent, la crise offre la possibilité à la personne qui la traverse d’effectuer des changements qui donnent lieu à de nouvelles formes d’adaptation.

Ce qui différencie la fonctionnalité d’une personne ou d’une famille, ce n’est pas l’absence de crise, mais plutôt la manière dont les crises ont été gérées ainsi que la mesure dans laquelle elles ont contribué au développement personnel/familial. Il est des événements qui, en raison de leur nature ou du moment au cours duquel ils se produisent, surpassent les ressources dont on dispose et occasionnent des dégâts.

Les différents types de crise

Tout au long de la vie, chaque personne doit faire face à toute une série de moments critiques qui peuvent être classés de différentes manières. Du point de vue du développement évolutif humain, il existe deux types de crises :

  • Les crises normatives : elles sont propres au cycle de vie et aux attentes (mariage, recherche de travail/de logement, retraite…)
  • Les crises non normatives : il s’agit de crises circonstancielles, imprévisibles, accidentelles et inattendues, qui sont déclenchées par un ou plusieurs événements. En apparaissant de manière soudaine, les crises de ce type requièrent une réponse immédiate.

Elles peuvent être prévisibles ou non, mais toutes ont un aspect en commun : le problème qui leur donne naissance n’a pas de solution. En termes de santé mentale, les résultats de toutes les crises sont les mêmes, mais l’expérience personnelle, elle, varie selon les gens.

personne face à une vague

Par quoi une crise est-elle déterminée ?

Nous ne sommes pas des personnes isolées qui connaissent des crises personnelles enfermées dans une bulle imperméable. Les facteurs qui déterminent l’évolution de ces dernières s’établissent en trois groupes :

  • Gravité des évènements qui précipitent la crise
  • Ressources familiales : rôles flexibles, caractéristiques socio-économiques et fonctionnelles, attentions, soutien émotionnel…
  • Soutiens sociaux : la famille, les amis, la communauté, ou d’autres personnes importantes peuvent aider à minimiser les répercussions de la crise

Il existe différentes approches qui tentent d’expliquer les crises : la théorie des événements vitaux, la théorie cognitive, la théorie de l’affrontement, la théorie de la réactivation des situations passées, etc. Novack (1978, cité par Slaikeu, 1996) suggère que la probabilité qu’un événement donne lieu à une crise dépend du moment où il arrive, de son intensité, de sa durée et du degré auquel il interfère le développement de la personne.

Les êtres humains : une espèce résiliente

Depuis des temps immémoriaux, l’être humain a toujours fait preuve de résilience après avoir vécu d’incessantes guerres, des crises massives, des désastres, des violences… Les crises laissent une trace qui se transmet de génération en génération, mais aussi dans notre esprit et nos émotions.

Pourquoi toutes les personnes qui traversent une situation critique ne le vivent pas de la même façon ? Pourquoi certaines sont gravement affectées et d’autres pas ? Car un des plus grands problèmes de santé mentale est la chronicité ou la répétition en série d’événements critiques, en plus du fait que la personne compte sur peu de ressources pour les affronter.

fleurs sur la route

Toute crise suppose un message

Les personnes qui traversent une crise reçoivent un message imposé. Le message peut être ou non traité de manière consciente, et se projette comme un plan dans la vie future de la personne. Caplan a essayé de comprendre comment l’union entre ce qui arrive au sujet dans les trois premiers jours de crise et la description de l’expérience affecte son fonctionnement cognitif. Dyregrov, lui, suggère que l’union de ces éléments explique les mécanismes d’adaptation des personnes.

La manière dont nous intégrons le déroulement de ces moments critiques se projette finalement dans notre vie future. Il est impossible de fuir cette sensation, mais par la suite, on peut modifier cela au travers de nouveaux messages plus positifs.

La façon dont on répond aux besoins basiques d’une personne après qu’elle ait traversé des moments critiques empêche la construction d’un schéma négatif généralisé. Il est aussi important de chercher à savoir quelle est la conclusion que la personne a tiré de son expérience critique. D’autre part, parler de crise ne veut pas dire parler de victimisation ; les victimes d’événements critiques ont dû gérer cet événement et continuer à vivre. Il s’agit de grands survivants.

 


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