Crier et demander à l'autre de ne pas crier

Crier tout en demandant aux autres de ne pas nous crier dessus est une contradiction en soi. Les cris attaquent et dérangent ceux à qui ils s’adressent, mais ils brouillent aussi le discours de celui qui crie.
Crier et demander à l'autre de ne pas crier
Elena Sanz

Rédigé et vérifié par Psychologue Elena Sanz.

Dernière mise à jour : 06 décembre, 2020

Vous avez évidemment le droit de demander à ce qu’on ne vous crie pas dessus, mais pour cela il faut accepter de ne pas crier sur les autres. Autrement, il n’est pas légitime de faire une telle demande.

Dans la vie quotidienne, il est commun de constater qu’au cours d’une dispute, un cri réponde à un autre cri et, par conséquent, le volume de la conversation augmente. Nous devons souvent faire face à une personne irascible et qui a du mal à se contrôler de temps en temps.

C’est un vrai défi. Surtout lorsque cette personne est notre patron, un collègue ou même notre partenaire. Le plus grand défi est alors de ne pas nous laisser entraîner dans ce cercle vicieux. Ce n’est cependant pas facile.

Il est très difficile de ne pas répondre aux cris, car ils sont toujours dérangeants et parfois même offensants. Le secret est d’apprendre à réagir correctement à ce type d’agression. Dans tous les cas, une chose est sûre, si vous criez, vous ne pourrez pas exiger des autres qu’ils ne crient pas.

“Les hommes crient pour ne pas s’entendre.”

-Miguel de Unamuno-

Un couple en train de crier l'un sur l'autre.

Le cri comme moyen d’expression

Crier est un acte qui a pour but d’intimider ou d’exprimer de la colère. La colère est en effet le principal moteur du cri. En revanche, cette manière de s’exprimer dénote un manque de contrôle de soi.

On peut justifier les cris de différentes manières avec des phrases toutes faites. Par exemple : « Je crie parce que tu ne m’écoutes pas. » Ou encore, « Il semble que tu ne comprennes que lorsque je crie. » Il existe de nombreuses formules de ce genre qui tentent d’apporter une justification à cet acte irrationnel.

Les cris indiquent dans tous les cas une instabilité émotionnelle chez la personne concernée. Elle crie parce qu’elle veut être plus forte qu’elle ne l’est. C’est une manière de dominer la situation. Cependant, cela montre aussi un manque de contrôle sur soi-même.

Pourquoi est-ce que les gens crient ?

Les gens crient aussi lorsqu’ils sont effrayés ou quand ils se sentent acculés. Cette attitude d’attaque est alors une façon de se défendre. La menace peut être réelle ou imaginaire. Elle traduit toujours des insécurités.

Lorsqu’une personne est dépendante de l’approbation des autres, ou lorsqu’elle est très sensible à la critique, par exemple, chaque geste peut alors être interprété comme une agression en soi. La personne se sent alors en obligation de répondre.

Une autre raison pour laquelle les gens crient est simplement par habitude. Par exemple, celui qui a été éduqué dans les cris, les perçoit comme une forme de communication « normale ». Ainsi, lorsqu’il est confronté à une déception ou à une frustration, il finit par crier pour exprimer son désaccord ou son mal-être.

D’autre part, il y a des gens qui développent des tendances agressives. Que ce soit à cause d’un tempérament mal canalisé, ou parce qu’ils traversent des moments difficiles. Dans ce genre de cas, ils feront non seulement des cris une habitude, mais ils manifesteront aussi de l’hostilité et auront des accès de colère.

Homme en colère en train de crier.

Demander aux autres de ne pas crier

Souvent, lorsqu’on élève la voix, on reçoit exactement la même chose en retour. En cela, on voit bien la futilité de crier. C’est non seulement inutile, mais c’est aussi très néfaste en matière de communication dans les relations humaines.

Demander aux autres de ne pas nous crier dessus est un droit que l’on doit gagner et ensuite défendre. Pour cela, nous devons commencer par l’appliquer nous-même.

Dans les relations de pouvoir, on observe très fréquemment le schéma de conduite suivant. La personne en position de supériorité aurait le droit de crier, contrairement à celui qui est soumis à sa domination.

On le voit bien dans les relations entre parents et enfants, enseignants et élèves, patrons et employés, et même dans les couples qui construisent des modèles de pouvoir dissymétriques. C’est dans les cas où il existe un pouvoir fort et vertical que l’on rencontre le plus souvent des personnes qui crient tout en exigeant des autres qu’ils ne le fassent pas.

La mère crie après son fils, mais elle considère comme irrespectueux de se faire crier dessus par ce dernier. On prétend qu’il existe une hiérarchie et qu’elle doit être respectée. Ce qui est vrai d’une certaine manière. Cependant, il faut se souvenir que l’autorité n’est possible que lorsque l’on dirige par l’exemple et avec un minimum de cohérence.

La mère, l’enseignant, le patron ou le conjoint peuvent peut-être s’en tirer en criant. Ils finissent par intimider ou faire taire l’autre. Cependant, ils incitent ainsi au manque de respect. En effet, qui dit une chose et en fait une autre ne génère évidemment pas de respect.

Celui qui perd le contrôle de lui-même et qui vous demande de le garder n’est pas en cohérence avec lui-même. Les cris n’apportent rien et, bien que la tentation de hausser le volume de la voix est réelle à un moment donné, c’est toujours une mauvaise idée.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Shelton, N., & Burton, S. (2004). Asertividad. Haga oír su voz sin gritar. FC Editorial.


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.