Chaînes de rites d'interaction et énergie émotionnelle

Pourquoi faire quelque chose ? Pour quelle raison réalisons-nous certaines actions et pas d'autres ? Ces questions trouvent une réponse dans l'énergie émotionnelle. Du moins, quand il s'agit d'interactions sociales. 
Chaînes de rites d'interaction et énergie émotionnelle
Roberto Muelas Lobato

Rédigé et vérifié par Psychologue Roberto Muelas Lobato.

Dernière mise à jour : 01 mars, 2023

L’une des raisons pour lesquelles nous nous lions aux autres consiste à obtenir de l’énergie émotionnelle. Plus nous en avons, mieux c’est.

Cette théorie énoncée par le sociologue Randall Collins établit que toute relation entre des personnes est un rite d’interaction. Ces rites vont générer une énergie émotionnelle, surtout lorsque certaines conditions sont réunies. Cette énergie émotionnelle va ensuite nous donner envie de répéter ce rite afin d’en obtenir plus.

Rites d’interaction

Selon Collins, les rites sont des mécanismes qui fixent l’attention sur une émotion afin de créer une réalité partagée. Cette nouvelle réalité serait temporaire mais servirait à générer des sens et des symboles.

Par exemple, pour nous éloigner des rites les plus sophistiqués, saluer quelqu’un dans la rue avec un “bonjour, ça va ?” va être un rite. À travers ce dernier, une nouvelle réalité se crée entre les deux personnes. Même si elle ne dure que quelques secondes, ce temps va être suffisant pour créer des symboles et, en dernière instance, une énergie émotionnelle.

L’énergie émotionnelle qui se dégage de ce rite nous poussera à saluer cette personne chaque fois que nous la verrons. Cependant, si cette énergie n’apparaît pas, nous cesserons d’avoir ce comportement. Par conséquent, ces rites d’interaction s’enchaînent. La réalisation d’un rite va conduire à sa répétition mais uniquement s’il atteint les résultats escomptés.

énergie émotionnelle

 

Ingrédients du rite

Les rites d’interaction ont quatre ingrédients ou conditions initiales principales :

  • Deux personnes ou plus se retrouvent physiquement dans un même lieu. De cette façon, leur présence corporelle les affecte réciproquement. Cela veut dire que les rites d’interaction ne peuvent pas avoir lieu dans le monde virtuel.
  • Il existe des barrières exclusives qui permettent aux participants de faire la distinction entre ceux qui sont bien “présents” et ceux qui ne le sont pas. En d’autres termes, ceux qui participent au rite et ceux qui n’y participent pas.
  • Les participants concentrent leur attention sur un même objet. En communiquant entre eux, ils acquièrent une conscience collective de leur source d’attention commune. Cet objet peut être une action ou un événement.
  • Ils partagent un même état d’esprit ou vivent la même expérience émotionnelle. Les émotions et les sentiments sont communs. Tout le monde ressent la même chose.

Les deux derniers ingrédients sont les plus importants. Ils se renforcent mutuellement. Les personnes qui participent à un service religieux adoptent une attitude plus respectueuse et solennelle, et celles qui assistent à des funérailles peuvent avoir l’impression que leur peine augmente.

Lors d’une conversation, par exemple, au fur et à mesure que l’interaction devient plus fascinante, le rythme et le ton émotionnels du dialogue captivent les interlocuteurs. Cet état d’attention et d’émotion partagées a été nommé “conscience collective” par Durkheim.

Effets du rite

Dans la mesure où les ingrédients se combinent parfaitement et où l’on parvient à accumuler de hauts niveaux de coïncidence entre la source d’attention et l’émotion, les participants ressentiront :

  • Une solidarité groupale et un sentiment d’appartenance
  • Une énergie émotionnelle individuelle. Il s’agit d’une sensation de confiance, de joie, de force, d’enthousiasme et d’initiative pour l’action
  • Des symboles qui représentent le groupe : des emblèmes ou autres représentations (icônes, mots, gestes) que les membres considèrent comme associés à eux-mêmes en tant que collectivité. Les personnes imprégnées de sentiments de solidarité groupale se montrent révérencieuses avec ces symboles et les défendent face à n’importe quel manque de respect
  • Des sentiments de moralité. Les personnes ont la sensation que rejoindre le groupe, respecter ses symboles et les défendre des transgresseurs est la bonne chose à faire. On peut rajouter à cela une perception d’impropriété et de bassesse morale inhérente à une transgression de la solidarité groupale et de ses représentations symboliques
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Ainsi, ces rites d’interaction avec d’autres personnes vont motiver un grand nombre de nos actions. Selon ce point de vue, se lier avec d’autres personnes est bénéfique, surtout quand toutes les conditions que nous avons mentionnées sont réunies. Cela explique pourquoi nous sommes des êtres sociaux. Et pourquoi les réseaux sociaux, en dépit de leur capacité à nous mettre en contact, ne parviennent pas à nous combler. Il n’y a rien de mieux que d’être face à quelqu’un dans la réalité.

 


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