Big Fish : le poisson comme métaphore de la vie

Big Fish : le poisson comme métaphore de la vie
Leah Padalino

Rédigé et vérifié par critique de cinéma Leah Padalino.

Dernière mise à jour : 27 janvier, 2023

Big Fish  (2003), réalisé par Tim Burton, est un film chargé de symbolisme et de métaphores sur la vie. Il ne présente pas les environnements gothiques, sombres et sinistres typiques de Burton, bien au contraire: Big Fish est un mélange de couleurs, de lumière et d’harmonie.

Le film se centre sur la vie d’Edward Bloom et la relation avec son fils Will, qui vit à Paris avec son épouse enceinte. Cela fait déjà plusieurs années que la relation avec son père s’est détériorée et qu’ils communiquent à travers sa mère, Sandra. Un jour, Sandra appelle son film pour lui dire que son père est gravement malade. Will décide donc d’aller de le voir en compagnie de son épouse.

La relation père-fils

Edward et Will ont eu une bonne relation pendant l’enfance de Will mais, avec le temps, elle s’est refroidie. Edward est connu pour raconter des prouesses extraordinaires, avec des êtres encore plus fantastiques (géants, sorcières, loups-garou…); Will aimait ces histoires quand il était petit mais, une fois devenu grand, il s’est rendu compte qu’elles n’étaient pas réelles et il eut envie de connaître la vérité sur son père. Will n’accepte pas que son père ne s’en tiennent pas aux faits réels dans ses histoires.

Will essaye de convaincre son père de lui dire la vérité mais Edward est extrêmement fier de ses histoires et c’est une chose qu’il ne changera pour rien au monde, même pas pour son fils. Le point paradoxal est que Will est écrivain, c’est-à-dire qu’il raconte des histoires irréelles, qui n’ont pas existé et n’existeront jamais. Nous voyons qu’Edward et Will, dans le fond, ne sont pas si différents: l’un raconte des histoires et l’autre les écrit.

“Le plus fascinant à propos des icebergs est que tu n’en vois que 90% : les 10% restant sont sous l’eau et tu ne les vois pas. C’est la même chose avec toi, Papa. Je ne vois qu’une petite part de toi qui émerge au-dessus de l’eau.”

-William Bloom, Big Fish-

Will a des problèmes pour accepter son père, il se méfie de lui et il a met inventé quelques hypothèses pour essayer de justifier ses absences au cours de son enfance. Au moment vital où il se trouve, il devient comme la relève de son père : la vie d’Edward se termine ; une autre est en chemin et Will sera la figure paternelle dont son fils a besoin.

Au début, Will juge son père, le critique et considère qu’il n’a pas été un bon exemple; cependant, la tâche consistant à être parents n’est pas simple et, désormais, il doit faire face à cette situation. Il veut être un père totalement différent du sien, il veut raconter la vérité à son fils mais, petit à petit, Will finira par accepter son père, en comprenant la vérité; son père lui transmettra des histoires en tant qu’héritage et il prendra la relève.

Les métaphores dans Big Fish

Big Fish  est une sorte de conte qui présente et mélange une grande diversité de narrations, d’épisodes; il s’agit du conte de la vie d’Edward Bloom. Le nom de famille est quelque chose qui nous est donné à la naissance. Bloom signifie fleurir et c’est ce que fait Edward : tout comme les fleurs, il naît, il atteint sa splendeur maximale et, peu à peu, il se fane. De nombreuses métaphores apparaissent dans le film alors je vais essayer de faire allusion aux plus importantes ou intéressantes:

Le poisson

Quand Edward raconte ses aventures d’enfance, le poisson apparaît déjà comme une figure importante. Le poisson est le fil conducteur du film, il y est présent du début à la fin: c’est la métaphore d’Edward. Quand il était enfant, il a lu des histoires à propos d’un poisson qui adaptait sa taille selon l’endroit où il se trouvait et, lorsqu’il était en liberté, pouvait la tripler.

Edward comprend qu’il est comme le poisson et que l’aquarium représente ses limitations. Il se rend compte que, pour réussir tout ce qu’il veut, il devra faire preuve d’ingéniosité en partant précisément de la reconnaissance de ces limitations déjà données. En poursuivant avec la métaphore, nous atteignons la liberté en sortant de l’aquarium; nous décidons de nos actions et nous atteignons la grandeur. En même temps, sortir de ce bocal peut être terrorisant parce que nous ne savons pas ce qu’il y a à l’extérieur.

“Tu t’es déjà dit que, peut-être, ce n’est pas que tu es trop grand mais que ce village est trop petit ?”

-Edward Bloom, Big Fish-

L’oeil

De quoi allons-nous avoir peur si nous savons déjà quelle est notre fin? Dans les histoires de l’enfance d’Edward, on voit apparaître une sorcière qui possède un œil de verre: si vous le regardez, il vous montre la façon dont vous allez mourir; Edward le voit, il sait comment il mourra et il l’accepte. Quand il fait face à une situation dangereuse, il l’affronte et se dit à lui-même “ce n’est pas de cette façon que je vais partir”. Par conséquent, il surmonte les obstacles et peut poursuivre son chemin. Edward accepte son destin, le sien et celui de tous les humains: la mort. Il affronte cette idée et la surmonte, il ne laisse pas la peur s’emparer de lui.

sorcière de big fish

Ashton

C’est l’aquarium d’Edward, le village où il naît, une petite bourgade limitée pour un homme avec des rêves et des grandes aspirations. Malgré cela, il jouit d’une grande réputation parmi ses voisins et pourrait faire de grandes choses dans son bocal, sans avoir à faire face à trop d’obstacles.

L’aquarium est notre zone de confort, le conformisme, le lieu où nous nous sentons en sécurité et dont il est difficile de sortir, mais c’est aussi un endroit où l’apprentissage est limité. C’est pour cela qu’Edward décide de faire face à l’inconnu et de sortir de sa zone de confort.

Spectre

Après avoir quitté Ashton et initié son voyage, il rencontrera différents obstacles qu’il devra surmonter, jusqu’à son arrivée à Spectre, un village utopique où tous les habitants marchent pieds-nus et où il ne se passe jamais rien. Il y retrouve un ancien habitant d’Ashton, Norther Winslow, un poète connu dans le village qui, tout comme Edward, était destiné à de grandes choses et a donc entrepris le même voyage. Cependant, Norther a mordu à un autre hameçon et n’est plus capable d’écrire de nouveaux poèmes. Il a atterri dans un autre aquarium: Spectre, qui, même s’il s’agit d’un endroit merveilleux, n’est rien d’autre qu’une seconde zone de confort.

spectre

Edward pense s’y installer puis il réagit et poursuit son chemin. Il a encore une longue route à parcourir. Le nom de Spectre n’est pas choisi au hasard, il fait référence aux fantômes, aux apparitions… En plus d’être un aquarium, c’est aussi un lieu trompeur. Edward confond un poisson dans la rivière avec une femme parce que, selon la personne qui le regarde, différentes choses représentant les désirs d’un individu peuvent être vues. Ici, nous voyons qu’Edward désire rencontrer une femme.

La bague

Pour qu’un poisson puisse atteindre sa taille maximale, il ne doit pas se laisser pêcher. Edward devra donc éviter tous ces hameçons qui apparaîtront dans sa vie. Il doit éviter de retourner dans un aquarium, du moins pas avant d’avoir atteint tous ses objectifs et sa zone d’apprentissage. Cependant, si l’hameçon correct se présente, nous pouvons tous nous laisser attraper. En d’autres termes, Edward écarte des hameçons jusqu’à finir par trouver le bon. Le poisson dont parle Edward s’est laissé attraper par son alliance, tout comme Edward dont l’hameçon était Sandra. Or, pour arriver jusqu’à elle, il a du traverser une infinité d’obstacles, sortir de sa zone de confort, atteindre l’apprentissage et, à la fin de sa vie, enlever ses chaussures dans une nouvelle zone de confort.

couple dans un champ

Les chaussures

Les chaussures servent à protéger nos pieds quand nous marchons; quand nous sommes à la maison, nous n’en avons plus besoin. À Spectre, tous les habitants marchent pieds-nus, ils n’ont pas besoin de continuer à avancer et, par conséquent, ils n’auront plus jamais besoin de leurs chaussures. Malgré cela, Edward sort de Spectre sans les siennes, c’est-à-dire sans protection car, à ce moment, il fera face à la zone de panique. De la même façon, à la fin de notre vie, nous n’avons plus besoin de chaussures, nous pouvons nous mettre à l’aise et les laisser dans un coin.

Big Fish est un fantastique récit contemporain qui nous montre une autre manière de voir la vie, de l’accepter. Et à quel point chacun de nous est capable de réaliser des choses extraordinaires si nous réussissons à vaincre nos peurs, à sortir de notre zone de confort et à tracer notre propre chemin.

“Plus une chose est difficile à faire, plus la récompense qui vous attend au bout du chemin sera grande.”

-Edward Bloom, Big Fish-

 

 


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