Adélaïde Labille-Guiard, l'art à la cour de France

Labille-Guiard était une artiste française de l'art XVIII, ayant réussi à se faire un nom malgré le monde patriarcal dans lequel elle vivait. Découvrez les caractéristiques plastiques de son travail, ainsi que sa relation avec la couronne française.
Adélaïde Labille-Guiard, l'art à la cour de France
Gema Sánchez Cuevas

Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Écrit par Camila Thomas

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Adélaïde Labille-Guiard des Vertus était une miniaturiste et peintre française talentueuse. Malgré les difficultés de l’époque, Labille-Guiard a acquis suffisamment de reconnaissance pour son art, chose très inhabituelle pour une femme.

Au XVIIIe siècle, le nombre de femmes admises à la prestigieuse Académie française de peinture et de sculpture est limité. Les quelques candidats acceptés ont été exclus des cours de dessin, ce qui est considéré comme essentiel pour l’éducation de leurs collègues masculins.

Malgré des limites importantes, Adélaïde Labille-Guiard a réussi à tracer et à décider de son propre chemin. Au cours de sa vie, elle est devenue non seulement une portraitiste à succès, mais aussi un mentor pour d’autres artistes féminines.

De la vie privée au métier de peintre : Labille-Guiard

Adelaide Labille-Guiard est née à Paris, en 1749. Elle était la plus jeune de huit enfants. Son père était Claude Edme Labille et sa mère, Marie Anne Labille.

En 1769, alors qu’elle n’a que 20 ans, elle épouse Louis Nicolas Guiard, employé des finances. Cependant, le couple a divorcé en 1779 et est sans descendance.

C’est l’acte de mariage qui éclaire la vie du peintre. Le contrat de mariage, signé le 25 août 1769, reconnaît que Labille-Guiard était un peintre professionnel à l’Académie Saint-Luc.

À l’époque où Adélaïde vivait, les femmes peintres professionnelles étaient issues de familles d’artistes ou d’artisans. Cependant, Labille-Guiard, elle, était la fille d’un marchand.

Les oeuvres de Labille-Guiard.

La boutique de mode de son père a sans aucun doute renforcé son intérêt pour les tissus et les textures. Pour autant, cela n’intéressait en rien les institutions artistiques.

Afin de se former et de se lancer dans une carrière artistique, elle a dû développer son propre cercle d’influence. Pour cette raison, elle a commencé à apprendre à peindre dans l’environnement traditionnellement féminin des miniatures et des pastels.

Au fil du temps, elle a changé d’emploi et est passée du pastel à l’huile ; des miniatures à la peinture à grande échelle. Ce changement est le résultat de sa formation dans différents ateliers d’artistes.

Académie de Saint-Luc, ses premières études formelles

Après de nombreuses années de recherche, on a pu découvrir qu’Adélaïde a été admise à l’Académie de Saint-Luc en 1769. De plus, selon les documents de la même Académie, on sait qu’elle a présenté certaines de ses œuvres au pastel pour l’admission. Or, ces dernières ont disparu et il n’y a aucune description ou trace de leur existence à l’heure actuelle.

Bien que Labille-Guiard soit devenue une peintre accomplie de miniatures, pastels et huiles, on ne sait que très peu de choses sur son éducation artistique. Après avoir épousé Louis-Nicolas Guiard en 1769, elle devient apprentie auprès du maître pâtissier Quentin de la Tour.

L’Académie Saint-Luc se distingue par le nombre de femmes qu’elle accepte : 130 femmes en 1777. Grâce à cette opportunité, Labille-Guiard a réussi à pratiquer l’art de manière professionnelle.

Labille-Guiard a étudié la peinture miniature avec le maître François-Elie Vincent, un ami de la famille. Cette opportunité lui a été offerte grâce au fait que ses œuvres ont été exposées à l’Académie Saint-Luc. Au cours de cet apprentissage, elle a rencontré celui qui sera son deuxième mari, le fils de François-Elie Vincent, François-André.

Contrairement à d’autres artistes masculins de l’époque, Labille-Guiard ne se contente pas de peindre. L’artiste était également une professeure expérimentée auprès des jeunes artistes en herbe.

Elle était une enseignante dévouée, qui a servi de référence pour ses élèves, mais aussi de défenseure. Gabrielle Capet, l’une des plus éminentes peintres miniatures de son temps, était la plus célèbre de ses élèves.

Labille-Guiard : surmonter les obstacles

Labille-Guiard a reçu le soutien de certains membres de la famille royale et de nobles de l’ancien régime. En 1787, elle est nommée peintre officielle des tantes du roi Louis XVI, d’Adélaïde et de Victoire.

L’Académie Saint-Luc a connu un tel succès que l’Académie Royale a été offensée et a décidé d’agir. L’Académie royale, avec le soutien de la monarchie, a publié un décret en mars 1776 abolissant les “guildes, confréries et communautés d’artisans”. Pour cette raison, l’Académie Saint-Luc a fermé ses portes en 1777. Labille-Guiard continuera de présenter son travail à l’Académie jusqu’à sa fermeture. Après cela, elle a exposé son travail dans la salle de correspondance.

Le talent de la peintre est vite devenu évident. Très vite, son professeur, François-André Vincent, l’a aidée à rencontrer des peintres de l’Académie Royale. Parmi ces artistes figuraient Joseph-Marie Vien, Bachelier, Amie Suvée et Voiriot. Avec son aide, elle a acquis une reconnaissance nationale et a été acceptée comme membre de l’Académie Royale.

Les peintures de Labille-Guiard.

Acceptation à l’Académie Royale de peinture et de sculpture

Le 31 mai 1783, Labille-Guiard est acceptée comme membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture de France. Trois autres femmes, dont Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun, ont été admises le même jour.

Les peintures de Labille-Guiard et Vigée-Le Brun ont souvent été comparées par les critiques. Vigée-Le Brun reçoit généralement des critiques plus favorables.

Le premier chef-d’œuvre de Labille-Guiard, L’autoportrait à deux élèves, a été influencé par le style de Vigée-Le Brun. Cependant, à l’heure actuelle, le travail d’Adélaïde Labille-Guiard est considéré comme ayant une valeur égale ou supérieure.

Le patronage de la tante du roi de France, la princesse Marie Adélaïde, a donné à Labille-Guiard une pension gouvernementale de 1000 livres. De plus, elle a remporté un contrat pour représenter la princesse Adélaïde, sa sœur Victoire-Louise et Elizabeth, la sœur du roi.

Le portrait d’Adélaïde, exposé en 1787, est l’œuvre la plus importante et la plus ambitieuse de Labille-Guiard à cette époque. En 1788, elle est chargée par le frère du roi, le comte de Provence (plus tard Louis XVIII de France), de lui peindre un portrait. Cette œuvre porte le nom de Réception d’un Chevalier de Saint Lazare par Monsieur, Grand Maître de l’Ordre.

Débâcle de la politique française

Les relations avec la royauté ont rendu Labille-Guiard politiquement suspecte après la Révolution française de 1789. En 1793 et ​​1794, de nombreux nobles qui la soutenaient ont été condamnés à la guillotine.

Le 11 août 1793, un ordre du Directoire du département de Paris contraint Labille-Guiard à livrer des portraits de la noblesse pour les faire brûler sur un bûcher public, dont la commission inachevée du comte de Provence.

Labille-Guiard s’est cachée du règne de la terreur dans un abri rural partagé entre autres par Vincent et Marie Gabrielle Capet. Elle revient dans un Paris radicalement modifié en 1795.

En 1795, elle est nommée artiste au Louvre et reçoit une nouvelle pension de 2 000 livres. Elle a été la première artiste féminine à créer un atelier pour elle-même et ses élèves au Louvre. Elle continue d’afficher des portraits au Salon jusqu’en 1800.

Le 8 juin 1799, elle épouse son professeur, François-André Vincent, à partir de ce moment, elle signe certaines de ses toiles en tant que Madame Vincent. Les portraits pastel de Marie Adélaïde, Victoire-Louise et Élisabeth sont restés en possession de Labille-Guiard jusqu’à sa mort. Elle est décédée le 24 avril 1803, après une longue maladie.

 


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