Je m'octroie le luxe d'éloigner ce qui me fait perdre patience

Je m'octroie le luxe d'éloigner ce qui me fait perdre patience

Dernière mise à jour : 29 novembre, 2016

Au milieu des années 1970, une série d’expériences de laboratoire menées à bien par Robert Zajonc ont prouvé que la simple exposition d’individus à des stimulations familières était suffisante pour que ceux-ci soient qualifiés d’une façon plus positive, en comparaison à des stimulations similaires qui cependant n’ont pas été présentées.

On connaît cet effet sous le nom de “simple exposition” ou “effet de familiarité”, et il s’agit de quelque chose qui se base essentiellement sur l’investissement dans la publicité.

Autrement dit, cette expérience montre que même si quelque chose n’est pas très attractif, on s’habituera à sa présence pour le simple fait de s’y familiariser.

Cependant, la psychologie humaine est quelque chose de plus complexe. Arrivé à un certain point, même si quelque chose nous est présenté plusieurs fois, il peut ne plus nous sembler familier, et finalement ne plus être pour nous que lourd et démotivant.

On entend souvent dire que l’on peut s’habituer au pire, mais en réalité, il semble que ce ne soit pas tout à fait vrai.

Certains faits nous font perdre patience, et on désire donc qu’ils cessent d’être familiers pour nous, car on veut se débarrasser de ce mal-être.

Il s’agit du luxe que représente le fait de s’éloigner de ce qui nous fait perdre patience. C’est un luxe, car parfois, ce comportement n’est pas à notre portée, et que les bénéfices pouvant en émaner sont comparables à un complet élixir de sérénité et de calme.

Fixer des limites à notre patience : un jeu pas du tout amusant

Nombreuses de nos capacités résultent étonnantes lorsqu’elles sont mises à l’épreuve dans des situations limites.

Or, il n’en va pas de même avec la patience, cette capacité qui semble s’épuiser et se consumer auprès de certaines personnes et dans certaines situations qui jouent avec elle trop souvent, tellement souvent qu’elle en arrive à sa limite.

Ce qui fait perdre patience, ce sont ces personnes qui demandent tout le temps “pardon”, qui justifient des oublis perpétuels, des accès de colère et autres manques de considération.

Ce sont ces situations monotones et éternelles qui se répètent dans le temps parfois, variant dans la forme, mais pas dans le fond ; au bout du compte, on est exténué, endolori et irrité.


Certaines situations sont récurrentes, et viennent même parfois toujours des mêmes personnes. On se sent exténué et irrité, et on se dit alors : “encore une fois, la même chose se produit ?”


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Tout ce cumul de sensations nous mène à une réflexion évidente dans la théorie, mais pas tant dans la pratique : jouer avec notre patience n’a rien d’amusant, c’est épuisant et frustrant.

Fermer les yeux parfois sur les attitudes qui nous blessent, ce n’est pas de l’assertivité, mais du masochisme émotionnel.

Valoriser la patience, cette énergie qui s’épuise avec le temps

Avant d’analyser et juger ce qui satisfait notre patience, nous devrions nous analyser nous-même.

Si parfois, vous vous exposez de nouveau à ce qui vous irrite, vous vous exposez alors à nu à un bataillon de couteaux de plus en plus affûtés, et de plus en plus précis dans les dégâts qu’ils vous causent.

Si vous savez déjà ce que vous devez faire et que vous ne le faîtes pas, la responsabilité est vôtre, et uniquement vôtre.

Vous savez déjà ce à quoi vous vous exposez, et la prochaine déception ne tardera pas à venir. Vous jouez à la roulette russe avec votre patience et votre dignité.

Même si vous pensez que ce comportement vous permet d’éviter les conflits avec des personnes qui comptent pour vous, en agissant ainsi, vous donnez carte blanche à tout ce qui ne vous prend pas en considération.


Nous ne sommes pas coupable du comportement déconsidéré des autres, mais nous sommes en revanche bel et bien responsable du fait de ne pas fixer de limites permettant d’éviter que ces manques de respect soient perpétuels, et qu’ils proviennent toujours des mêmes personnes.


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La patience est donc une capacité limitée. C’est une vertu lorsqu’on la met au service de quelque chose que l’on veut atteindre à long terme ou lorsqu’on en a vraiment besoin dans le cas de situations exceptionnelles, comme par exemple lorsqu’un enfant pique une crise de colère ou encore lorsqu’on doit attendre une personne avec qui nous avions rendez-vous et qui est en retard.

Pour autant, la patience ne doit pas nous définir, mais nous caractériser : j’ai de la patience pour ce qui le mérite ou pour ce pour quoi je ne trouve aucune autre solution.

Je n’ai pas de patience pour ce qui me crispe sans raison apparente de façon continue et qui attend de moi une absolue complaisance et mon silence.

Il ne s’agit alors pas d’être patient, mais de se blesser soi-même inutilement, sans obtenir une récompense certaine autre que la souffrance.

Fixer des limites aux autres afin que notre patience n’arrive pas à sa limite

Le secret pour garder patience lorsque cela est nécessaire consiste donc à ne pas la gaspiller en y ayant recours pour des choses qui ne méritent aucun effort de patience de notre part.

Si une amie change toujours nos plans à sa convenance, si un collègue de travail arrive tous les jours en retard ou si quelqu’un nous ment de façon habituelle, on doit montrer à toutes ces personnes que l’on n’apprécie pas leur comportement, et que l’on n’est pas disposé à continuer à le tolérer.

Le fait de nous taire et de ne pas signifier notre intolérance face aux attitudes et aux conduites qui nous font du mal, cela fait de nous les complices de la souffrance que les autres nous causent.

La bonté et la patience ont une limite, et c’est être innocent que de supposer que les choses vont changer seules, par elles-mêmes, sans que l’on ait à prendre parti dans la situation qui nous affecte de façon directe.

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Vous éloigner de ce qui vous fait perdre patience, c’est un luxe et une bonne décision à prendre, car nous n’avons pas à parcourir de nouveau des chemins sur lesquels on trouve majoritairement toujours des excuses, des mensonges, de la déconsidération ou du mépris. Vouloir garder patience, c’est s’aimer soi-même.

Certains se scandaliseront de vous voir couper court, puisqu’ils manquent de sens critique envers eux-mêmes et qu’ils ne sont pas conscients du fait que votre patience est un bien limité, et que l’énergie que suppose le fait de supporter des effronteries continues doit être utilisée pour de meilleures raisons, à meilleur escient.

La patience doit être accordée à des choses qui ne génèrent pas en nous uniquement du mal-être et de la nervosité.

Aussi familier cela puisse-t-il nous paraître, nous avons tous la capacité de dire “stop” ou encore “je refuse de supporter cela une fois de plus”.

Notre patience est une valeur, mais aussi un phare mettant en lumière ces personnes qui, de façon anecdotique, la mettent à l’épreuve.


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.