J'ai très envie de ne pas penser à toi

J'ai très envie de ne pas penser à toi

Dernière mise à jour : 22 septembre, 2015

Je suis dans ce bar et je me demande combien je serais prête à payer pour l’oubli. Les vêtements ne me font pas mal, je les vendrais tous et je resterai nue.

Il ne ferait de toutes façons pas plus froid que ce que je ressens maintenant et le rhume ne m’obligerait pas à me reposer plus que la douleur que je sens dans l’espace qu’il y a entre ce verre et mes lèvres.

Ca brûle plus que l’alcool pur et ça garde l’espoir trompeur des piqûres, comme l’égouttement sur une pierre.

J’imagine deux mondes séparés par un énorme précipice. Dans l’un, tu te trouves et dans l’autre tu n’es pas. Et j’ai la sensation que je ne peux vivre dans aucun des deux.

Ce n’est pas la première fois que je tombe amoureuse

Je l’ai connu ainsi, il était derrière le comptoir et j’essaierai de trouver une fin à mon roman. Il a pensé que j’étouffais dans ma peine et moi je me suis mise dans la peau du personnage que j’ai ensuite imité. Mot pour mot, lettre pour lettre.

Dans ce personnage, j’ai enfermé toutes mes peurs et les mots que j’ai utilisés pour les caricaturer, mais ils se sont échappés dans un lieu que je ne connais pas.

Maintenant je me trouve dans un autre bar et avec le coeur brisé en mille morceaux, si petits qu’ils me rendent invisible.

 

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Je suis comme une cruelle vérité, quelqu’un à qui tu te présenterais en dernier, après avoir écarté toutes les idées auxquelles tu as pensées.

Même si tu ne connais pas toutes les rustines du monde, tu as la certitude qu’il n’en existe aucune qui puisse réparer le coup de la dernière chute. Sec, sourd, voire même innocent.

L’amour devient une bulle que l’on ne peut pas toucher ni arrêter de regarder, jusqu’à ce que le pire de silences finisse par l’éclater.

Pendant ce temps, tu essaies de trouver une manière de raconter à tout le monde que la personne que tu défendais jusqu’à la mort n’est plus la même, et que tu ne peux plus vivre ainsi car ce n’est pas le rôle qui te correspond.

C’est ainsi, la réalité s’impose à toi petit à petit, elle arrive comme les vagues sur la plage, et entre chaque grande marée, se trouvent les nuits pour penser.

Sans regarder l’horloge, j’ai soudain la sensation que c’est trop tard et que le serveur qui a déjà commencé à débarrasser les dernières tables ne sera pas l’inspiration de ma vie à venir.

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Cependant, une paresse horrible m’envahit. Marcher jusqu’à la maison en regardant derrière moi, ouvrir le portail, enlever mes vêtements et réchauffer les draps froids impose un quotidien dans un monde qui m’accable.

Je paie avec tous les allers et retours que je fais toute la journée. La rue est gelée et il est facile d’y glisser. Je vois un lion dessiné sur une affiche illuminée et je me demande ce que je ferai si l’un d’entre autre venait à ma rencontre maintenant.

Et alors, je me souviens que je suis invisible et qu’il ne pourrait rien me faire qui me fasse plus de mal.

Une voix en moi me traite de menteuse. Les larmes commencent une à une à dessiner des toboggans sur mes jours. Ainsi, pendant que je brise le silence de la rue avec mes pas, je reconnais comme un morceau de coeur et je commence à craindre le lion.

En même temps que je me rends compte que la vie a encore des choses à m’enlever, j’acquiers également la certitude qu’il existe des raisons de vivre.

Alors le sommeil m’envahit, et je commence à penser au protagoniste de mon prochain roman…

Image de bruneiwska

 


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